MONTRÉAL – Nombre de mots : 559 – Temps de lecture : 3 minutes.
Mercredi le 8 aout 2018 en plein été, pas moins de deux premiers ministres, une maire et deux ministres se rendirent sur le chemin Cote-de-Liesse pour la tenue d’une annonce chez le constructeur de simulateurs CAE situé à Saint-Laurent, à un jet de pierre de l’aéroport international de Montréal – Trudeau (YUL).
Ainsi le premier ministre du Canada, le Libéral Justin Trudeau, flanqué de sa ministre duTourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, le premier ministre du Québec, le Libéral Philippe Couillard accompagné de sa ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Christine Saint-Pierre, ainsi que la maire de Montréal, Valérie Plante étaient là pour entendre le pdg de CAE, Marc Parent, annoncer que son entreprise investirait un milliard de dollars canadiens afinde financer le projet Intelligence numérique, un projet de transformation numérique visant à développer la prochaine génération de solutions de formation pour l’aviation, la défense et sécurité, et les soins de santé. Aux dires de monsieur Parent, le projet permettra à CAE de continuer à jouer un rôle clé pour améliorer la sécurité du transport aérien, la préparation aux missions des forces de défense et la capacité du personnel médical à sauver des vies tout en réduisant l’empreinte environnementale en aviation et en répondant à la demande mondiale en équipages.
Mais, en réalité, la vraie raison de la présence des élus était de souligner leur apport de près de 200 millions de dollars, soit 150 millions en provenance d’Ottawa et 47,5 millions de Québec.
Souvenons-nous que lors du différend qui a suivi la plainte de Boeing auprès de l’International Trade Commission (ITC) du fait de la ventes à prix dérisoire de biréactés de 100 à 130 places C Series par Bombardier au transporteur américain Delta Air Lines, entre le géant aérospatial américain Boeing et l’avionneur canado-québécois Bombardier, en septembre 2017, fut rendue public par le quotidien torontois The Globe & Mail’, une lettre destinée au premier ministre du Canada signée des dirigeants d’une dizaines d’entreprises aérospatiales basées au Canada dont HerouxDevtek, L3Com, GE Canada et CAE. Dans cette lettre qui aurait dû rester secrète, ils se portaient à la défense du programme F-18E/FSuper Hornet de Boeing, chacune de ses entreprises faisant partie de l’équipe industrielle canadienne de l’avionneur américain dans le cadre de la compétition devant mener au remplacement des McDonnell Douglas F-18A/B Hornet acquis par le Canada entre 1982 et 1988.
D’ailleurs, CAE s’est retrouvée dans une difficile posture et quelques jours plus tard, ne put autrement que de proclamer son allégeance à Bombardier après avoir défendu Boeing.
Tout comme au Québec, il est pêché mortel de ne pas aimer Céline Dion et, pire, de le dire publiquement, l’excommunication vous attend si vous osez critiquer Bombardier.
Après cette ‘malheureuse’ lettre qui d’ailleurs n’aurait jamais dû être rendue public selon les désirs de ses signataires, l’Omerta s’imposa. Aucune entreprise en territoire canadien faisant affaire et, dans de nombreux cas de façon importante, avec Boeing, cette dernière achetant annuellement pour $4 milliards au Canada, n’osa jamais se prononcer depuis en faveur de l’avionneur américain ou de ses produits.
Il est raisonnable de se poser des questions sur l’existence de cette manne des gouvernements d’Ottawa et de Québec coulant sur les entreprises qui ont su pratiquer l’Omerta.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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