Un groupe d’étudiants de Polytechnique Montréal vient de remporter l’Intercollegiate Rocket Engineering Competition (IREC), une importante compétition internationale de lancement de fusées, qui s’est terminée le 23 juin dernier à Green River dans le désert de l’Utah. En quelques secondes seulement, la fusée montréalaise Odysséus a franchi le mur du son et est montée à une altitude de 25 818 pieds. C’était la quatrième participation de Polytechnique à cet événement et sa troisième victoire. L’ETS, une composante de l’UQAM, a pour sa part obtenu la seconde place en propulsant sa fusée à une altitude de 21 000 pieds. L’équipe de Polytechnique comprenait une quarantaine d’étudiants, regroupés dans une société technologique baptisée Oronos. Info Aéro Québec s’est entretenu avec Christophe Leclerc, qui vient de terminer son baccalauréat en génie aérospatial, et qui a été directeur général d’Oronos au cours de la dernière année.
Monsieur Leclerc explique que la compétition comprend deux catégories : une catégorie de base qui demande d’envoyer une charge utile de 10 livres à une altitude de 10 000 pieds et dans laquelle l’équipe d’Oronos a présenté sa fusée Mistral. La compétition comporte également une catégorie avancée qui fixe la cible à 25,000 pieds d’altitude et dans laquelle Oronos présentait sa fusée Odysséus. Le gagnant n’est pas celui qui envoie sa fusée le plus haut, mais celui qui arrive le plus près de l’altitude demandée. La fusée Odysséus a atteint une altitude de 25,818 pieds, une marge d’erreur de 3 %, alors que le précédent record, établi durant la même compétition par l’ETS, était de 21,000 pieds. Le cinquième des points est attribué à la précision du vol de la fusée. Le reste des points est attribué en fonction de plusieurs autres facteurs, comme le professionnalisme de l’équipe, le niveau de préparation, la conception de la fusée, la qualité de fabrication, etc.
L’équipe d’Oronos a conçu tous les éléments des deux fusées et en a fabriqué une grande partie dans les ateliers mis à leur disposition par Polytechnique. Certaines pièces, comme les circuits imprimés ou les ailettes en composite, ont été conçues par les étudiants, mais comme leur fabrication demandait un équipement très spécialisé, Oronos les a fait fabriquer par des commanditaires qui ont accepté de leur fournir des services techniques. Les seules pièces importantes achetées à un fournisseur extérieur ont été les moteurs, fabriqués par la compagnie ontarienne Cesaroni Technology. Les étudiants d’Oronos travaillent toutefois à la mise au point de leur propre moteur, qu’ils prévoient utiliser lors des prochaines compétitions.
Monsieur Leclerc précise que les deux fusées sont aussi similaires que possible. Les fuselages ont le même diamètre, mais leur longueur est différente en raison de la quantité de carburant à transporter. L’avionique, qui comprend un GPS, et le système de communication avec le sol sont identiques dans les deux fusées. C’est également le cas du système de recouvrement de la fusée, qui comporte deux parachutes et un système de contrôle. Par contre, d’autres pièces comme les ailettes sont très différentes en raison de la vitesse supersonique d’Odysséus. Cette dernière atteint 1 700 km/heure alors que la fusée Mistral ne dépasse pas les 1 000 km/heure. La vitesse du son est d’environ 1 300 km/heure à 6 000 pieds d’altitude.
La zone de lancement de Green River est située à 300 km de Salt Lake City, dans une région désertique. Les participants établissent un campement temporaire à un kilomètre de la zone de lancement, une distance suffisante pour les mettre à l’abri des retombées d’une fusée qui exploserait au moment du décollage. Et comme la région est tout à fait inhabitée, il est facile de récupérer les fusées équipées de parachutes.
Dix concurrents s’affrontaient dans la catégorie avancée et 22 dans la catégorie régulière. Ces concurrents sont principalement d’origine américaine, mais des universités turques et brésiliennes, ainsi que six universités canadiennes prenaient également part à la compétition. Polytechnique Montréal en était à sa quatrième participation et à sa troisième victoire puisque sa fusée Mistral a remporté la première place dans la catégorie de base en 2012 et en 2013. L’équipe d’Oronos se prépare déjà en vue de la prochaine édition.
Daniel Bordeleau
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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