MONTRÉAL – 700 mots – Temps de lecture : 2 minutes 30 secondes.  Ce 11 mai était aussi attendu des actionnaires de Bombardier, des membres de la presse, pour ne pas dire de tout le Québec que le sont les matchs du Canadien lors des séries de fin de saison, par les partisans de la Sainte Flanelle.
Après avoir été éclipsée par les vicissitudes du club de hockey Canadien lors de la série contre les Rangers de New York, la clameur suscitée par la hausse de la rémunération de la haute direction de Bombardier, ressurgit à l’approche de l’assemblée, cette fois-ci par la voix de grands fonds de pension québécois, canadiens et même américains.
L’assemblée annuelle des actionnaires du constructeur aéronautique et ferroviaire québécois s’est tenue en ce jeudi dès 10h00 au centre de finition de Bombardier à Dorval qui jouxte la chaîne d’assemblage des jets d’affaires SuperMidSize Challenger 350 et biréactés d’affaires à cabine large Challenger 650 ainsi que le siège social de Bombardier Aéronautique aux abords de la piste 06 droite de l’aéroport international Montréal – Trudeau.
À l’entrée du stationnement, un petit groupe de manifestants était venu montrer son mécontentement face à la haute direction de Bombardier.
Dans un tel contexte, pour la première fois, lors d’une assemblée d’actionnaires, il m’a fallu, comme tous les actionnaires et membres de la presse présents, passer à la fouille et sous le portique de détection.
Car si, certes, quelques actionnaires ont été critique à l’endroit de Bombardier lors de leur passage au micro, la grande majorité n’avait que des bons mots pour la direction, la famille Beaudoin, la firme Bombardier et ses produits. Certains poussèrent même jusqu’à remercier, dans leur ode, la famille Beaudoin d’avoir empêché le rachat de l’entreprise par les Américains. Rappelons quand même, qu’en dépit du sens poussé des affaires de Laurent Beaudoin, l’entreprise, à plus d’une fois, profiter des largesses des états et ce, non seulement par le biais de prêts remboursables.
En fait, au-delà du facteur nationaliste sur lequel la famille sait surfer, le prix de l’action et l’espoir de sa hausse expliquent ce soutien d’un bon nombre d’actionnaires.
Mais, haut la main, la direction de Bombardier remporta les deux votes critiques des actionnaires.
Ainsi Pierre Beaudoin fut réélu, avec 92,32% d’appui, à la tête du conseil d’administration de Bombardier, néanmoins, il faut le reconnaître, dans un rôle maintenant non-exécutif et la hausse de rémunération fut aussi entérinée à 93,47%.
Rien n’y a fait. Ni la prise de position de la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ) contre la réélection de Pierre Beaudoin et la hausse de la rémunération de la haute direction, ni celles du Fonds de solidarité de la FTQ, du régime de retraite des enseignants de l’Ontario (Teachers), de l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) et même de fonds américains qui allaient toutes dans le même sens.
Il est vrai, comme le fit remarquer, quelques instants après l’assemblée, Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP), que pour la première fois de son histoire, aucun membre de la famille Bombardier ne se retrouve au sein de la haute direction de Bombardier dès le 30 juin prochain.
Néanmoins, cinq membres de la famille veillent au grain en siégeant encore sur le nouveau conseil d’administration, famille qui contrôle toujours 53% des actions votantes : Pierre Beaudoin, Laurent Beaudoin, Joanne Bissonnette, J.R. André Bombardier et Jean-Louis Fontaine.
Plusieurs ont cru voir dans l’annonce de cette forte hausse de la rémunération de la haute direction de Bombardier, une grave erreur de communication. L’était-ce vraiment?
Ou simplement, la haute direction ne savait-elle pas, dans le fonds, que par le jeu des actions à votes multiples de la famille Bombardier et par l’amour inconditionnel du Québec pour son ‘fleuron’, la hausse de sa rémunération serait endossée en assemblée des actionnaires qui, tout compte fait, il faut l’avouer, s’est déroulée sans perturbation.
À défaut d’une Coupe Stanley pour le Canadien, l’annonce d’une grosse commande de CSeries lors du Salon du Bourget qui se tiendra dans un peu plus d’un mois, effacera définitivement les dernières critiques de ces faramineuse hausses de traitement.
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Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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