Les drones-jouets seront parmi les cadeaux de Noël les plus populaires cette année. Dans plusieurs familles, ils remplaceront les traditionnels trains qui ont toujours amusé les pères autant que les enfants. Plusieurs grands détaillants proposent des drones à des prix allant de moins de 40 $ à plus de mille dollars. Ces jouets sont sans doute amusants, mais ils ne sont pas sans risques et c’est peut-être ce qui explique que Transport Canada a rendu public, le vendredi 29 novembre, une nouvelle règlementation pour les drones de tout type. Pour y voir plus clair, Info Aéro Québec a rencontré deux spécialistes de la question : Roger D. Leblanc, professeur au département de préenvol à l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA), propriétaire de plusieurs drones, et Benjamin Saint-Pierre, un des étudiants de l’école, qui a assemblé son propre drone DJI F 450.
Roger D. Leblanc, professeur au département de préenvol et Benjamin Saint-Pierre, étudiant à l’ÉNA
Des appareils hautement sophistiqués
Les drones, même les plus petits, peuvent être très sophistiqués. Ils sont habituellement équipés de gyroscopes et d’accéléromètres qui facilitent le pilotage et qui leur permettent d’effectuer des manœuvres complexes comme des pirouettes arrière. Les plus gros possèdent un GPS, peuvent être propulsé par six moteurs et transporter une charge relativement lourde comme une caméra haute définition dont l’image stabilisée est relayée en temps réel au poste de commande.
Le drone de Roger Leblanc est équipé d’une caméra stabilisée sur trois axes Hero 3.
L’ÉNA compte de nombreux amateurs de drones. Lorsqu’une activité parascolaire sur les drones a été lancée l’automne dernier, 52 étudiantes et étudiants se sont inscrits, ce qui dépassait largement les prévisions de la direction. L’école a donc acheté six drones en kits DJI F 450 et 3 consoles de commandes, que les étudiants doivent assembler eux-mêmes. L’école possède son propre terrain d’essais à proximité de ses bâtiments, situés en bordure de l’aéroport de Saint-Hubert. Toutefois les équipes qui font voler leurs drones doivent rester en contact radio avec la tour de contrôle et obtenir une autorisation de décollage.
Le drone DJI F 450 possède même un feu de vol stroboscopique qui permet de le voir de loin même en plein jour.
Roger Leblanc explique que l’assemblage de la structure d’un drone est assez simple. Les pièces ne coûtent qu’une quarantaine de dollars. Quelques vis permettent d’assembler rapidement et facilement la structure en plastique et en métal de l’appareil. Le niveau de difficulté et les coûts deviennent beaucoup plus importants avec l’achat et l’installation des moteurs, du circuit électrique et des équipements électroniques : contrôleurs de vol, GPS, accéléromètres, souvent une caméra, etc. Et pour terminer, il faut programmer et calibrer ces éléments, ce qui constitue probablement le plus grand défi. Au total un drone comme le DJI F 450 prêt à voler peut coûter 1000 $ si on inclut les batteries, les chargeurs, le système de contrôle par radio, etc.
Avec un drone d’une telle valeur, il ne faut pas faire d’erreurs de pilotage, car elles peuvent s’avérer très coûteuses. Un atterrissage raté qui se termine dans une piscine peut se traduire par des dommages de plusieurs centaines de dollars. Benjamin Saint-Pierre suggère de s’initier au pilotage avec un tout petit drone peu coûteux. Un appareil comme ceux fabriqués par la compagnie Proto X se vend une quarantaine de dollars et se pilote de la même façon qu’un drone plus gros et plus coûteux. L’apprentissage du pilotage est facilité par les contrôleurs de vols qui offrent habituellement plusieurs modes de fonctionnement. En mode normal, les trois gyroscopes et les trois accéléromètres de l’appareil tentent de maintenir le drone de niveau et d’assurer sa stabilité. D’autres modes permettent au contraire d’effectuer des manœuvres acrobatiques comme des pirouettes et des sauts arrière. Benjamin Saint-Pierre ajoute qu’il faut également se renseigner sur le prix des pièces de rechange et le niveau de difficulté des réparations. Certains drones possèdent un beau carénage, qui peut même englober les hélices de façon à les protéger, mais par contre le remplacement d’une pièce peut s’en trouver compliqué.
Roger Leblanc a pu poser délicatement un drone miniature dans les mains de Nathalie Coutu, l’attachée de presse de l’ENA.
Roger Leblanc précise toutefois qu’il faut se méfier des affirmations de manufacturiers qui soutiennent que leur drone peut être commandé à partir d’un IPhone. Il en a fait l’essai et il est arrivé à la conclusion que oui, c’est possible, mais à la condition d’accepter un certain manque de précision dans le pilotage. Si vous devez réagir rapidement pour éviter un obstacle, le IPhone aura du mal à y arriver. M. Leblanc suggère de s’équiper d’une station de contrôle conçu spécialement pour le pilotage, même ça augmente le prix d’achat. Les plus sophistiquées de ces stations comportent un écran sur lequel on peut voir en temps réel l’image captée par la caméra du drone. Monsieur Leblanc précise également qu’il faut absolument éviter les manettes de contrôle qui fonctionnent à l’infrarouge, comme c’est encore le cas pour les commandes à distance de nombreux téléviseurs. Ces manettes sont facilement aveuglées par le soleil et elles deviennent inopérantes si un obstacle se dresse entre l’opérateur et le drone. Il est hautement préférable d’acheter une manette qui fonctionne sur une longueur d’onde de 2,4 gigahertz. Cette solution n’est pas parfaite puisque cette gamme de fréquences est également utilisée par les téléphones cellulaires et les systèmes wifi, ce qui peut entrainer des interférences pouvant nuire aux contrôles à distance des drones.
À gauche, une station de contrôle complète qui reçoit en temps réel l’image captée par la caméra d’un drone et, à droite, celle du petit Proto X, un drone vendu 40 $ seulement.
Une nouvelle règlementation de Transport Canada
Les drones sont certainement un jouet merveilleux, mais qui peut devenir assez dangereux s’il est mal utilisé. Un appareil de deux kilos qui tombe d’une hauteur de 30 mètres peut causer des blessures graves aux passants ou endommager des véhicules et des immeubles. Les hélices, même si elles sont en plastique, tournent parfois à 8,000 tours minutes et elles constituent également une menace sérieuse. Pour toutes ces raisons, Transport Canada vient d’édicter de nouvelles règles d’utilisation basées sur le poids de l’appareil.
Si votre drone pèse moins de 35 kg et qu’il n’est pas utilisé dans le cadre de votre travail ou d’un projet de recherche, vous n’avez pas besoin de permis ou d’autorisation. Si vous utilisez un drone de 2 kg ou moins dans le cadre de votre travail ou dans le cadre d’un projet de recherche, il est possible que vous puissiez être dispensé de permis ou de certificat d’opération, mais vous devez satisfaire à un certain nombre d’exigences. Il en va de même pour les drones dont le poids se situe entre 2,1 kg et 25 Kg. Dans tous les cas, vous devez respecter une série de règles précises destinées à prévenir les accidents.
Voici les principales règles d’utilisation qui s’appliquent aux drones de 2kg ou moins :
Dans tous les autres cas, et notamment si votre drone est utilisé dans le cadre de votre travail ou d’un projet de recherche, vous devez obtenir un certificat d’opérations aériennes spécialisées et vous conformer à un certain nombre d’exigences additionnelles. Transport Canada demande un délai de 20 jour pour émettre ce document. Il faut également savoir qu’une personne qui utiliserait un drone sans certificat d’opération alors qu’il devrait en posséder un s’expose à des amendes pouvant atteindre 5,000 $ dans le cas d’un particulier et 25,000 $ dans le cas d’une entreprise.
Après des études en science politique à l’Université du Québec à Montréal et à l’Institut d’études politiques de Paris, Daniel Bordeleau a entamé une carrière de journaliste qui s’étale sur plus de 35 ans. Il a travaillé principalement pour la Société Radio-Canada où il est d
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