MONTRÉAL – Le grand journaliste et l’incomparable communicateur aérospatial, spécialiste des vols habités, témoin privilégié des vols habités américains entre 1969 et 2003, Jacques Tiziou est décédé le lundi 6 février à Washington à l’âge de 77 ans.
Envoyé spécial à Cap Canaveral, il a commenté avec enthousiasme la conquête spatiale notamment pour la radio et la télévision française mais aussi pour la radio au Québec.
Tout un contenu, toute une passion, toute une voix inoubliable !
J’avais eu la chance durant l’été 2000, de passer quelques jours chez lui dans sa coquette maison de la banlieue de Washington et, il y a quelques années, lui avais même proposé d’être correspondant d’Info Aéro Québec.
Grâce, principalement, aux informations contenues sur le site de la NASA qui a marqué le décès de monsieur Tiziou, nous revenons sur la vie de ce grand communicateur.
Jacques Tiziou avait débuté sa carrière de journaliste indépendant en France alors qu’il avait à peine 18 ans dans des revues d’aviation comme ‘Les Ailes’. En juillet 1962, son diplôme d’ingénieur aérospatial de l’ESTACA, située à Toulouse, en poche, il file aux États-Unis pendant un mois, visiter des usines aérospatiales mais surtout la National Aeronautics and Space Administration (NASA).  À sa première visite à l’agence fédérale, le 10 juillet de la même année, il assiste au lancement du premier satellite actif de communication Telstar.  À Langley, il sera invité à piloter le simulateur du module lunaire (LEM).  À Saint-Louis, le relationniste de McDonnell Douglas, constructeur de la capsule Gemini, lui offre d’y monter et c’est là qui rencontrera pour la première fois les astronautes John Glenn, Scott Carpenter et Donald Slayton.
Monsieur Tiziou se rendit sur le champ de tir d’Hammaguir dans le Sahara algérien, rencontra Youri Gagarine à Paris en 1963, dirigea la première ‘Encyclopédie de l’Espace’ entre 1965 et 1968 puis écrivit son célèbre livre ‘À l’assaut de la Lune’, l’année suivante.
Bien qu’il ait beaucoup visité les sites des contracteurs de la NASA et les diverses installations de l’Agence, il avait une préférence toute particulière pour le Kennedy Space Center (KSC). Il établit alors un bureau à Cocoa Beach, à 28 miles au sud des pads de tir du KSC et y installe son frère Michel, afin de suivre au plus près les missions Apollo vers la Lune, puis l’aventure du laboratoire orbital Skylab, comme correspondant pour Aviation Magazine, les deux premières chaines télévisées françaises et des agences photo.
Avec la fin du programme Skylab, Jacques Tiziou quitte la Floride pour s’installer à Washington, condition sine-quinone pour couvrir le Congrès et la Maison-Blanche pour des organes de presses français et québécois.  Cela ne l’empêchera pas d’effectuer des allers-retours pour couvrir le programme spatial américain jusqu’au tout dernier vol de la Space Shuttle.
Il sera aussi le commentateur officiel de plusieurs lancements de fusées européennes Ariane et le seul français autorisé à réaliser un appel de réveil à un équipage du Skylab.
Après trente ans aux États-Unis, il prit officiellement sa retraite en 2003.
Il sera l’ami des astronautes aussi bien américain que français alors que plus d’une centaine le visitèrent à Cocoa Beach ou participèrent aux nombreux partys dans le jardin de celle-ci. Il fut même témoin à un des deux mariages de Joe Allen.
En plus de 60 ans de carrière, il aura participé à plus de 100 publications écrites, été l’auteur de l’ouvrage ‘À l’assaut de la Lune’, publié chez Stock, effectué quelques milliers de reportages radio et télévision et enrichi de ses photographies plus de 300 publications. En 2015, de sa rencontre avec les historiens américains John Bisney et J.L. Pickering, naîtront deux extraordinaires livres de photographies ‘Moonshots and Snapshots of Project Apollo’ et ‘ Spaceshots of Project Mercury and Gemini’  publié par l’University of New Mexico Press et disponibles sur leur site à http://www.unmpress.com/.
Monsieur Tiziou constitua dans le sous-sol de sa maison en banlieue de la capitale fédérale, une collection extraordinaire de dossiers de presse, photographies d’équipage dédicacées et souvenirs divers, couvrant du vol du premier Spoutnik jusqu’aux premiers de la Space Shuttle.
Jacques Tiziou a été récompensé par les Plumes d’Argent et d’Or de la Presse française. Il avait été nommé correspondant de l’Académie de l’Air et de l’Espace en 1993.
En 2011, la NASA le reconnu comme un des ‘The Chroniclers” du programme spatial et ajouta son nom au tableau d’honneur du site de presse du Kennedy Space Center.
Ceux qui ont eu la chance de connaître Jacques Tiziou ou de le voir à la télévision ou de l’entendre à la radio ou de le lire, doivent regarder vers le ciel, il y scintille au firmament.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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