«Les innovations sur le H160 sont une vraie source de valeur ajoutée pour nos clients».
Comment a été défini le H160 ?
Nous avons mis en place un processus de développement entièrement nouveau autour de trois grandes étapes : 2011-2013 qui résume les pré-études ; 2013-2015, c’est la phase de réalisation du design de l’hélicoptère et de son architecture, puis, la période 2015-2018 consacrée au développement et à la finalisation des travaux du H160. Une des préoccupations majeures de nos clients est d’avoir un hélicoptère disponible car un hélicoptère qui vole rapporte de l’argent. L’un des défis d’Airbus Helicopters est donc d’atteindre une grande maturité pour notre nouvel hélicoptère et cela, dès son entrée en service en 2018. Ce programme est donc très ambitieux en termes de performances. Aujourd’hui, le taux de disponibilité du H175 est de l’ordre de 90% avec le H160 nous avons l’objectif de faire encore mieux.
Déjà , avec le programme H175, les consultations auprès de nos clients ont été une étape importante, que ce soient des pilotes, chefs d’opérations ou des propriétaires, qui sont parfois aussi des pilotes, mais avec le H160 nous avons voulu aller plus loin afin de définir avec eux, au plus près, quels étaient leurs besoins en termes d’exploitation, de confort, etc. L’une des grandes innovations qui ont marqué le programme H160 est le recours à la maquette numérique grâce au logiciel de CAO 3D Catia (Dassault Systèmes, ndlr) pour les premiers designs de ce nouveau modèle avec des équipes multifonctions, c’est-à -dire avec des personnes de l’architecture, design style, et support. Outre les gains en termes de performances et d’efficacité au niveau des études amont, le numérique et l’impression 3D pour la réalisation d’une maquette physique nous ont apporté un gain de temps et donc d’investissements, mais nous avons aussi fortement progressé en termes de cycles et de maturité du programme.
La maquette numérique nous a permis, en amont, de mieux définir et de simplifier les procédures de maintenance par exemple en visualisant les différents systèmes et sous-systèmes de l’hélicoptère comme les voilures, ce qui était impossible avec les moyens classiques à ce stade du développement.
A cela s’ajoute deux systèmes d’essais complètement nouveaux, le Système Helicopter 0 qui a été mis sous tension en août 2013 qui nous vient d’Airbus et qui a permis de tester très en amont les interactions entre les systèmes électriques et le Dynamic Helicopter 0, en opération trois mois avant le premier vol du H160 permet les tests d’ensembles dynamiques… Nous sommes le premier hélicoptériste à réaliser une telle prouesse. Dès 2013, nous avons testé les systèmes électriques entre eux, dont les résultats nous ont permis d’agir là où il y avait des problèmes et de « déboguer » rapidement le système.
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En quoi le H160 est un « concentré d’innovations » ?
L’appareil est véritablement révolutionnaire dans sa conception mais aussi dans son design puisque le H160 fait appel à de nombreuses innovations brevetées par Airbus Helicopters (68 au total). Elles ont été décidées en fonction des besoins exprimés par nos clients Les innovations sur le H160 sont une vraie source de valeur ajoutée pour nos clients. Techniquement, elles ont été testées sur un H155. Elles permettent par exemple d’augmenter les performances, et son rendement énergétique grâce à ses moteurs Turbomeca TM800 (de 15 à 20%), de réduire la masse à vide du H160, les niveaux sonores, et augmenté sa maintenance qui sera simplifiée Quant à la réduction de l’environnement sonore, elle est de l’ordre de 50%… Autre atout, sa verrière qui est exceptionnellement large et donne au pilote la possibilité d’avoir une visibilité remarquable comparée aux concurrents et un confort passager inégalé.
Le H160 est, en outre, le premier hélicoptère civil à recourir massivement aux composites, un alliage qui était jusqu’à maintenant réservé au Tigre ou au NH-90. Les avantages sont nombreux : robustesse, réduction de la maintenance grâce au retour d’expérience sur ces appareils (absence de points de corrosion).
Sur ce point, la coopération avec nos collègues d’Airbus à Toulouse nous a permis de progresser sur l’emploi des matériaux composites car nous avons bénéficié de leur expérience avec l’A350, premier Airbus à recourir autant aux matériaux composites. Autre point sur lequel cette collaboration a été fructueuse, nous avons développé pour nos clients le FCOM (manuel d’exploitation pour les pilotes) qui remplace la Check List et qui est plus simple à utiliser.
Enfin, l’avionique du H160 est comparable à celle des H145 et H175. Notre objectif est d’offrir un cockpit commun comme le fait Airbus avec ses avions, pour passer plus facilement d’un hélicoptère à un autre pour une plus grande sécurité. Pour les clients, cela se traduit en économies sur les coûts de formation.
Quel sont les marchés visés pour le H160 ?
Le H160, qui entrera en opération en 2018, est un hélicoptère civil très polyvalent qui s’adresse aux marchés de l’off-shore, des services publics (police, gardes-frontières, sauvetage en mer, lutte anti feu) ainsi que les clients traditionnels de l’aviation d’affaires. A terme, il n’est pas exclu qu’un dérivé militaire soit développé. Pour le moment, tout ce que je peux vous dire, c’est que les retours de nos clients et de nos prospects sont excellents Les premiers contrats fermes sont attendus pour 2016.
Propos recueillis par Bruno Lancesseur
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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