Par Philippe Cauchi
Salon du Bourget – Lundi matin, la cinquantième édition du Salon du Bourget et ma onzième présence, s’ouvrit sous une ciel noir d’encre suivit d’un orage violent qui fit tomber des trombes d’eau sur les avions, les chalets et les participants qui n’avaient pas entendu ou pas cru ou avaient purement choisi de passer outre l’alerte météo de l’annonceur vedette du Salon.
Les premiers chiffres révèlent une présence record des industriels avec 2215 exposants soit 10% de plus que lors de la dernière en 2011. Tous les grands sont là ,  l’exception de l’américaine spécialiste de la défense NorthropGrumman et d’une présence plus réduite de LockheedMartin. En dépit de la concurrence du salon de l’aviation d’affaires, EBACE, tous les mois de mai à Genève depuis dix ans, Gulfstream a marqué son retour au Salon, après six ans d’absence, en présentant au statique, ses deux avions récemment certifiés : le Supermidsized G280 assemblé en Israël par IAI et son Ultra Longe Range Wide Cabin, G650, le business jet le plus rapide au monde avec Mach 0.92 tout en pouvant parcourir 7000 miles nautiques a Mach 0.85. Pour marquer le coup, le G650 en exposition parcourut les 3899 NM entre Savannah et Paris, en sept heures et 22 minutes établissant un record détenu par un autre Gulfstream, un GIV qui avait mis une heure de plus.
Des 9h30, la guerre Airbus – Boeing reprit de plus belle par l’annonce par l’avionneur de Toulouse, coup sur coup, d’une commande de 100 A320 de la part du transporteur allemand Lufthansa, de 20 A380 de Doric Leasing, une autre société de leasing allemande et de 50 A320 NEO du groupe de crédit-bail américain ILFC. Pendant ce temps-là , Ray Conner, le patron de Boeing Commercial Airplane Group, présentait à un aéropage de journalistes la gamme complète des avions du constructeur de Seattle, tout en entretenant le suspens sur le lancement de la version à grande capacité du Dreamliner, le 787-10. En après-midi, Qatar acquérait neuf 777-300ER pour 2,8 milliards de dollars tandis que la japonaise Skymark adoptait le 737MAX en passant commande de quatre exemplaires.
Le constructeur brésilien Embraer mettait fin en suspens en rendant public en après-midi avec pour fonds, le bruit assourdissant des avions en démonstrations, la gamme d’avions de transport régional réactés, E2, version remotorisée par des turbines Pratt & Whitney Pure Power et remodelée de la gamme E, vendue a plus de mille exemplaires. Le carnet de commandes fermes de la gamme E2 s’élève à 100 accompagnées de 215 options.
La nouvelle version de la gamme E d’Embraer sera propulsée par des moteurs Pratt & Whitney Pure Power PW1000G, sera équipée d’une aile nouvelle, de la suite avionique Honeywell Primus Epic 2, de commandes de vol électriques, d’un intérieur remodelé et d’une connectivité accrue en cabine. L’E2 sera équipée d’un nouvel FMS qui, d’ailleurs sera intégré à la gamme actuelle en 2015.
La version E190-E2 d’une capacité de 97 à 114 passagers entrera en service la première, au premier semestre de 2018. Elle sera suivie par l’E195-E2 offrant trois rangées de sièges de plus que la version actuelle de l’E-195 portant sa capacité a 144 passagers lors de sa mise en service en 2019. Finalement, le plus petit membre de la gamme sera l’E175-E2 qui entrera en service commercial en 2020, arborera une rangée de plus de siège que la présente version portant sa capacité de 80 à 90 passagers. Le plus petit modèle de la gamme actuelle, l’E170 sera exclut du programme de modernisation.Â
En aucun cas Embraer par la voix de son président, Fleury Curado, ne souhaite monter en gamme avec l’E-Jet2. Avec une capacité de 88 à 132 passagers, Embraer ne veut entrer en compétition avec Airbus ou Boeing. Le constructeur de Sao José de Campos prefere se concenterre sur le marché des avions d’affaires avec sa gamme qui va du Phenom 100 au Legacy 650 et au secteur militaire avec le Super Tucano, le KC-390 entre autres.
Bombardier, qui a fait édifié un reluisant pavillon ou trône, en plein milieu, la maquette grandeur nature du CSeries, ne fut pas en reste. L’identité du mystérieux client de dix CS100 au Salon du Bourget 2011 fut révélée. Il s’agit d’Odyssey Airlines, une start-up qui devrait à un moment pas encore divulgué exploiter les dix avions de l’aéroport London city, sis sur des anciens docks, près de la City. Bombardier invita trois autres président de transporteurs clients du CSeries à 2  vanter l’avion sur place : Nico Bucholz de Lufthansa Swiss, Robert Deluce de Porter et Martin Gauss d’Air Baltic.
Au statique, Bombardier aligne deux avions d’affaires : une maquette de la cabine du Challenger 350 et un Global 6000 et deux avions de transport régional : un Q400 Next Gen d’Air Baltic et un CRJ1000 Next Gen aux couleurs de Garuda.
La deuxième phase de sa collaboration stratégique avec la chinoise COMAC fut dévoilée.
Ainsi les deux constructeurs mettront en commun des activités liées aux tests en vol, a la vente, au marketing et au service a la clientèle destinés aux CSeries et C919.
John Garrison dévoila un nouveau membre de la famille d’hélicoptères Bell. Il s’agit du ‘Short, Light, Single’ un monomoteur léger d’entrée de gamme cinq places, remplaçant du Bell 206 JetRanger dont la production a été arrêtée en décembre 2010 et concurrent du Robinson R66 et de l’Eurocopter EC120 Colibri. Le SLS reprendra le train dynamique du 206 mais, première chez l’hélicoptériste américain, sera propulsé par une turbine de la française Turbomeca, l’Arrius 2R de 450 à 550 c.v. qui propulse déjà l’EC120. Le SLS dont le vol inaugural est prévu pour septembre octobre 2014 atteindra les 125 nœuds sur entre 360 et 420 miles avec une charge utile de 1500 livres a un plafond maximal de 11000 pieds. Il rencontrera les exigences Stage 4 de l’IATA en matière de bruit.
Le SLS offrira un plancher plat, cinq sièges, tous faisant face à l’avant, des grandes surfaces vitrées garantissant une visibilité exceptionnelle ainsi que deux portes ‘clamshell’ à l’arrière.
Le lieu de construction du dernier né du constructeur de Fort Worth ne fut pas spécifié.
D’autre part, Bell Helicopter continue le développement de deux programmes importants : du coté militaire, le ‘tiltrotor’ ou convertible de transport de tonnage moyen V-280 Valor visant le remplacement du Sikorsky H-60 et du coté civil, le 525 Relentless dont une partie de l’ingénierie est confiée aux installations de Bell à Mirabel.
La mission commerciale du gouvernement du Québec dirigé par le ministre des finances, Nicolas Marceau, et la ministre délégué au développement économique, Élaine Zakaib, ne chôma pas.
La société française Sogeclair a annoncé l’ouverture de sa filiale canadienne dans la région de Montréal. Spécialisée dans les grands projets d’études et de codéveloppement et dans les solutions de simulation et de réalité virtuelle, notamment pour les grandes entreprises aéronautiques. D’ici, trois ans, une cinquantaine d’emplois devraient voir le jour, principalement en ingénierie.
Afin d’établir une tête de pont en Amérique du nord, le distributeur français de pièces pour les grands fabricants de l’industrie aérospatiale, ouvrira une division en région métropolitaine. Vingt emplois dans les trois prochaines années devraient être crées
AéroMontréal passe un accord cadre de collaboration avec Aerospace Cluster in Rhône-Alpes, un regroupement d’entreprises, de laboratoires de recherche et de centres de formation de la France afin de favoriser des projets communs.
Concepteur et fabricant de pièces et de modules de grandes dimensions en carbone avec des niveaux de complexité très élevés servant aussi l’industrie aérospatiale, Loiretech s’établira au Québec, par la création d’une coentreprise, Loiretech Canada, avec la PME québécoise Composites VCI de Saint-Lin–Laurentides. Visant la production et la commercialisation de tous ses produits depuis sa base située près de Mirabel, Loiretech projette d’engager une vingtaine d’employés d’ici 2016.
Finalement, l‘École nationale d’aérotechnique (ÉNA) de Saint-Hubert et le numéro un français des aérostructures Aerolia, ont signé une entente afin d’appuyer l’entreprise dans sa recherche de main-d’oeuvre qualifiée dans le contexte de son établissement a Montréal. Les étudiants bénéficieront de stages et d’emplois de qualité, et l’École apportera son soutien au niveau de la formation continue des employés.
En toute fin de journée, le spécialiste de la simulation de Saint-Laurent, CAE, concluait une entente avec l’avionneur américain Lockheed Martin pour la fourniture services de formation au Canada
En vertu de l’accord, CAE sera le fournisseur de services de formation au Canada portant sur le programme de l’avion de combat Lockheed Martin F-35 Lightning II.
Le programme des démonstrations en vol présente au moins deux premières : l’avion de transport militaire Airbus A400M et le Boeing 787-8 Dreamliner. Les deux s’étaient, lors de leur première apparition au Salon en 2011, contenté de l’exposition au statique.
Quant a un survol du Salon par l’A350, le nouveau biréacteur long-courrier d’Airbus qui a effectué son vol inaugural vendredi dernier, le mystère plane toujours. Parions qu’il apparaitra pour les journées ‘grand public’ vendredi, samedi ou dimanche.
Le séquestre imposé au budget américain a empêché le Secrétariat a la défense des Etats-Unis de déployer et d’exposer au Salon au statique, comme il le fait depuis des années, nombres d’avions et d’hélicoptères d’unités actives de l’USAF, de l’US Navy, du US Marine Corps et de l’US Army de l’OH-58D au B-1.
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Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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