LE BOURGET – En ce premier jour du plus important salon aéronautique de l’année, UTC rendait public à des milliers de kilomètres de là , de sa décision de se défaire de l’hélicoptériste Sikorsky, au sein du groupe depuis 1929.
Numéro deux au monde dans le secteur des voilures tournantes derrière Boeing avec ses AH-64, CH-47 et V-22 (en collaboration avec Bell Helicopter), Sikorsky a généré des ventes de 7 milliards de dollars américains en 2014 et emploie 15 000 personnes. À son catalogue figurent les H-60 et CH-53K militaires et les S-76D et S-92 civils.
Ce geste marque la fin de l’ère de Louis Chenevert à la tête du consortium de Hartford au Connecticut, United Technologies Corporation, qui possède aussi Pratt & Whitney, Pratt & Whitney Canada, UTC Aerospace Systems (né de la fusion d’Hamilton Standard dont Alain Bellemare était le président et de Goodrich), d’Otis Elevator, Carrier, UTC Fire and Security.
Le géant au chiffre d’affaires de plus de 65 milliards de dollars ne voit plus Sikorsky dans ses plans futurs.
Cette vision correspond à l’influence montante, et pas toujours heureuse, de la Bourse sur les entreprises du secteur aérospatial.
Pas toujours heureuse car la Bourse et l’aérospatial ne vivent pas au même rythme.
La Bourse vit de trimestre en trimestre tandis que l’aérospatiale table sur une ou deux décennies.
Les marges bénéficiaires de Sikorsky, certes menacée par les réductions des budgets militaires, de l’ordre de moins 8% ne sont pas suffisantes pour la direction et les actionnaires de UTC face à des Pratt & Whitney et UTAS qui en dégagent une de 15%. De plus, les synergies sont faibles entre l’hélicoptériste et ses entreprises sœurs.
Interrogés durant le Salon du Bourget, les dirigeants et porte-parole des concurrents ou repreneurs éventuels restèrent avares de commentaires.
Airbus Helicopters, Bell Helicopters, Boeing et Lockheed Martin sont le plus souvent cités.
Un mariage Boeing – Sikorsky permettrait la création d’une gamme complète de voilures tournantes militaires. Faisable sur le plan financier, la transaction pourrait connaître des réticences de la part du U.S. Department of Justice alors que l’entité nouvellement créée contrôlerait 80% du marché des hélicoptères du U.S. Department of Defense.
Un passage de Sikorsky dans le giron de Lockheed Martin serait envisageable.
Le géant de Bethesda est déjà présent dans le secteur des hélicoptères, de façon moins évidente, en tant qu’intégrateur des Sikorsky MH-60R et MH-60S, des AgustaWestland Merlin sans oublier des VH-72 les futurs ‘Marine One’
Quant à un rachat par Textron afin de réunir Bell Helicopter et Sikorsky, il permettrait à l’hélicoptériste texan de se ressaisir sur le marché militaire. L’entité ainsi formée serait aussi bien présente sur les marchés civil que militaire. Textron contrairement à Boeing et Lockheed Martin n’aurait peut-être les ressources financières pour envisager une telle transaction.
De plus, Sikorsky avec son S-97 Raider et Bell Helicopter avec son V-280 Raider seront vraisemblablement les deux seuls constructeurs en lice pour le contrat du successeur des H-60 Hawk entrés en service en 1979 et équipant aussi bien l’US Army que l’US Navy, l’US Air Force, l’US Marine Corps (Marine One), l’US Coast Guard, l’US Customs Service que nombre d’alliés.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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