MONTRÉAL – Jeudi dernier à 13h00, monsieur Raymond Benjamin s’adressa aux membres et amis du Conseil des relations internationales de Montréal, le CORIM sous la présidence de Pierre Lemonde.
À la table d’honneur se trouvaient entre autres, Mark Allen, Représentant permanent du Canada au Conseil de l’OACI, pays hôte de l’OACI ; Éric Théroux, sous-ministre adjoint au ministère des relations internationales et de la francophonie du Québec et Denis Coderre, Maire de Montréal, ville hôte de l’OACI.
Né en à Alexandrie en Égypte, monsieur Benjamin choisi Secrétaire général de l’OACI en août 2009, terminera le 1er août prochain son second et dernier mandat et remplacé par la chinoise, Fang Liu qui deviendra la première femme à la tête de l’organisme établi à Montréal depuis 1947. Nommée le 11 mars dernier, madame Liu possède un doctorat en droit international.
Détenteur en autres d’une maitrise en droit public, Raymond Benjamin oeuvre depuis 1976 dans le domaine de l’aviation civile avec son entrée à la Direction générale de l’aviation civile (DGCA) de France. Il passera sept années au sein de l’European Civil Aviation Conference (ECAC) avant de se joindre à l’OACI en 1989 et y restera jusqu’en 1994 au poste de Chef, Aviation Security Branch. Il retournera ensuite à l’ECAC afin d’occuper le poste de Secrétaire exécutif jusqu’en 2008. Il sera alors conseiller special au Joint Aviation Authorities Training Organization (JAA/TO) et à l’European Aviation Security Training Institute (EASTI).
Monsieur Benjamin nous ramena à son allocution du 23 février 2010
À ce moment-là , trois évènements défrayaient la manchette:
La disparition au-dessus de l’Atlantique, le 1er juin 2009, du vol Air France AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris;
La tentative par un passage de faire sauter l’Airbus A330 du vol Northwest Airlines NW253 reliant    et    le 25 décembre 2009, d’un explosif dissimulé dans son sous-vêtement ;
L’échec de la Conférence mondiale sur les chamgements climatiques à Copenhague.
Monsieur Benjamin avoua qu’en dépit d’un ton assure, il reconnaissait l’ampleur des défis que ces événements soulevaient aux plans de la sécurité, de la sûreté ou de l’environnement.
Mais pour lui l’année 2015 amène son lot de nouveaux défis avec la perte des deux Boeing 777-300 de la Malaysia Airlines, l’un probablement en mer à l’ouest de l’Australie, l’autre abattu au-dessus d’une zone de conflit en Ukraine de l’est, l’écrasement du MD-80 d’Air Algérie au Mali et de l’ATR-72 à Taiwan sans oublier celui de l’Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises.
À son point vue, tous ces incidents mettent en relief l’envergure et la diversité des défis auxquels est confrontée l’OACI dans l’exercice de sa mission qui consiste à assurer le développement sûr et ordonné de l’aviation civile international et minent, à tort, la confiance du public envers la sécurité et la fiabilité du transport aérien.
Dans ce contexte, le secrétaire général de l’OACI, a donné son sentiment sur les perspectives d’avenir de l’aviation civile internationale par le biais de cinq objectifs stratégiques de l’OACI proposés par lui-même en 2013, approuvés par le Conseil, puis par l’Assemblée de l’Organisation.
la Sécurité;
la Capacité et l’efficacité de la navigation aérienne;
la Sûreté;
le Développement économique, et;
l’Environnement.
En premier lieu, monsieur Benjamin traita de sécurité tout en soulignant que l’aviation est demeure le mode de transport le plus sécuritaire qui soit, le nombre d’accidents mortels diminuant d’année en année en dépit de l’augmentation constante du nombre de vols et de passagers. En 2014 fut d’ailleurs l’une des plus sécuritaires en 70 ans. Avec plus de 30 millions de vols ayant transportés trois milliards de passagers, moins de mille décès furent recensés.
L’exceptionnelle collaboration entre les gouvernements, les transporteurs, les aéroports, les services de navigation aérienne ou des constructeurs sont responsibles de ce bilan favorable.
La disparition du vol MH370 le 8 mars 2014 est la prevue de cette constructive collaboration alors que fut tenue une conférence de haut niveau au siège de l’OACI en février qui recommanda un système émettant un signal toutes les quinze minutes en temps normal et aux minutes en cas de problème.
Quant à la perte du vol MH17 le 17 juillet 2014 dans l’espace aérien de l’Ukraine, cette même Conférence a recommandé, un vaste programme de travail visant à réduire les risques en zones de conflit. Il consistera essentiellement dans le partage en temps reel des informations de vols et des risques en zone de conflit.
En second lieu, Raymond Benjamin souligna que la sécurité est intimement liée à la Capacité et l’efficacité de la navigation aérienne. Dans cet esprit, la revision du Plan global pour la sécurité de l’aviation dans le monde et du Plan global de navigation aérienne ont été effectuées et fixent des priorités claires et des objectifs progressifs et mesurables.
Le Plan mondial de navigation aérienne visera à la modernisation du système de navigation aérienne de manière harmonisée et pleinement interopérable à l’échelle mondiale afin d’obtenir un ‘ciel unique’ pour la planète.
La sécurité des pistes, la pete de contrôle en vol, la gestion des risques de fatigue et l’intégration des drones et celles des vols spatiaux commerciaux seront traits.
En troisième lieu, le Secrétaire générale s’est attaché au theme de la sureté qu’il associe à la sécurité aérienne parle également de sûreté. Ce sont les deux côtés d’une même médaille. Et si le nombre d’attentats est également en baisse, l’aviation n’en demeure pas moins une cible privilégiée des terroristes, par l’impact médiatique qu’ils en escomptent et du fait de son importance stratégique comme moteur de l’économie mondiale.
A ses yeux, l’immense défi est de contrôler efficacement les trois milliards de passagers transitant annuellement dans les aéroports du monde sans entraver le flot des personnes et des biens.
La sureté des passagers s’est grandement depuis le 11 septembre 2001 pourtant la moindre faille dans ‘notre système mondial compromettra l’intégrité de l’ensemble’ soulignera monsieur Benjamin. De là , le besoin d’audit de sureté et de programmes de modernisation des documents de voyage tout en tenant compte que le nombre de vols et de passagers doublera d’ici 15 ans.
Il s’agit de contrer la menace terroriste avant que ses auteurs ne      parviennent à l’aéroport et par consequent, une attention particulière sera donnée au fret aérien.
Monsieur Benjamin introduit son quatrième point, le développement économique, en faisant remarquer que tous les efforts consentis afin d’améliorer la sûreté des vols ont un double objectif – préserver la vie des passagers et aussi veiller à la vitalité du commerce international.
Une de nos priorités de l’OACI sera donc d’accroître l’efficacité des opérations de dédouanement et de contrôle frontalier afin de favoriser le commerce, le tourisme et le développement économique.
À son avis, l’OACI doit aussi établir des lignes d’orientation sur l’incidence de la taxation et des autres redevances imposées aux transporteurs aériens qui deviennent un obstacle majeur à la rentabilité et à la croissance de leurs opérations.
Reste la question délicate de la juste concurrence, ou ‘fair competition’ qui se retrouve au centre de la polémique qui agite les compagnies américaines et celles du Golfe, mais qui est de plus en plus présente en Europe.
Monsieur Benjamin conclut avec son cinquième, l’environnement. Il fit remarquer que l’OACI se penche sur ce sujet depuis près d’un demi siècle, en proposant d’abord des normes régissant le bruit, puis les émissions de gaz à effet de serre. Les avions de ligne ont, de nos jours, un rendement énergétique de 80 pour cent supérieur à ceux des années soixante et sont infiniment moins bruyant.
Le Secrétaire général s’explique mal l’acharnement de certains contre le transport aérien alors que celui-ci ne représente qu’environ 2 pour cent des émissions de gaz à effet de serre. Qui plus est, nous mettons tout en ouvre pour réduire davantage notre empreinte environnementale afin de contrer les effets de l’augmentation exponentielle du trafic.
L’OACI travaille à de nouvelles normes acoustiques pour les aéronefs ainsi que l’établissement d’ici 2016 pour une mise en oeuvre d’ici 2020, de nouveaux maxima sur les particules de matière et les émissions de CO2.
À moins de deux mois de son départ, le Secrétaire générale de l’OACI conclut par sa conviction est que l’aviation civile de demain sera de plus en plus sécuritaire, plus efficace et plus respectueuse de l’environnement, et qu’elle améliorera, directement ou indirectement, la qualité de vie de l’ensemble des citoyens de la planète.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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