MONTRÉAL – En ce lendemain de congé de l’Action de Grâce, le ministre fédéral canadien de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains flanqué de son collègue, le ministre des Affaires étrangères et député de Saint-Laurent, Stéphane Dion, dans un décor tout à fait à propos, au Centre de technologies de fabrication en aérospatiale du Conseil national de recherches du Canada situé sur le campus de l’Université de Montréal, annonça un octroi de 54 millions de dollars au profit de l’industrie aérospatiale.
Cet investissement du gouvernement fédéral canadien dans le cadre du Programme de démonstration de technologies (PDT) ou Projet Horizon a pour objectif de permettre aux entreprises canadiennes de mettre au point les technologies aéronautiques de prochaine génération tout en créant des emplois de qualité.
Lancé en 2013, ce programme de démonstration de technologies fournit des contributions non remboursables à l’appui de projets de démonstration de technologies à grande échelle, à un stade embryonnaire, et de partenariats de recherche dans les secteurs de l’aérospatiale, de la défense, de l’espace et de la sécurité.
Par conséquent, le PDT utilise un processus concurrentiel d’appel de demandes visant l’industrie. Ainsi les demandeurs retenus reçoivent une contribution non remboursable pouvant aller jusqu’à 54 millions de dollars afin d’appuyer un ou plusieurs projets d’envergure. Le programme couvre jusqu’à 50 % des coûts totaux admissibles, habituellement sur une période de cinq ans. Le bénéficiaire prend l’engagement contractuel d’apporter une contribution déterminée par rapport à celle du gouvernement, d’au moins 50 %, grâce à son propre investissement ou à celui de ses partenaires, qui peuvent être d’autres entreprises ou des établissements de recherche, par exemple. La règle est que pour chaque dollar versé par Ottawa, l’industrie devra dépenser un minimum d’un dollar.
Le financement appuiera l’étape critique du cycle de recherche et développement dans un secteur axé sur l’exportation qui a déjà une fiche impressionnante au chapitre des innovations comme l’est le secteur canadien de l’aérospatiale qui est en tête de toutes les autres industries manufacturières canadiennes en termes d’investissements en recherche et développement.
Dans le cadre de l’annonce d’aujourd’hui, Bombardier et ses quinze partenaires des secteurs de l’industrie et de l’enseignement, recevront sur cinq ans jusqu’à 54 millions de dollars pour le développement et la démonstration de nouvelles technologies d’aéronefs de nouvelle génération hautement efficaces, telles que des systèmes d’architecture, des systèmes de contrôle et des systèmes aérodynamiques avancés.
Autour de Bombardier, se retrouvent les entreprises, Rolls Royce, Thales, OPAL-RT, Quaternion Aerospace, FusiA, Liebherr, Axis et Microturbo du groupe Safran et les établissements scientifiques que sont l’Université de Victoria, l’Université McGill, l’École Polytechnique de Montréal, l’Université de Toronto et l’Université Ryerson. Les activités de recherche et de formation aux compétences qui seront menées dans le cadre de ce partenariat permettront aux étudiants de se préparer à occuper les emplois de l’avenir, et même à les inventer.
Le consortium mettra au point des systèmes électriques de pointes et des systèmes aérodynamiques avancés qui rendront les avions de l’avenir plus éconergétiques, plus fiables et plus silencieux. Les innovations de conception et d’ingénierie aérospatiales qui résulteront de cette collaboration menée par l’industrie contribueront à renforcer les compétences et les connaissances des Canadiens qui travaillent dans le secteur de l’aérospatiale et généreront aussi des plateformes de fabrication de pointe qui les habiliteront à occuper les emplois de demain.
Selon le directeur principal, Technologies stratégiques et Innovation, Ingénierie en développement de produits chez Bombardier Aéronautique, Fassi Kafyeke, dans le cadre du projet Horizon, trois domaines de recherches seront couvertes aussi bien au profit des avions commerciaux que des aéronefs d’affaires :
En premier lieu, en aérodynamique afin de définir de nouvelles formes d’avions qui résulteront en des gains en efficacité de l’ordre de 8 à 10% sur la génération actuelle ;
En second lieu, au niveau des systèmes en trouvant des moyens de les imbriquer afin de les intégrer les uns aux autres et de les rendre plus efficients, par le remplacement de systèmes hydrauliques par des systèmes électriques, moins complexes, plus légers et plus fiables et par le développement de contrôles de vol avancées appelées Fly By Wire Plus, plus perfectionnées que ceux équipant les aéronefs de dernière génération comme le CSeries. L’avion sera ainsi plus léger.
En troisième lieu, au chapitre des formes des aéronefs avec des architectures ‘un peu différente’ de ce qu’il existe actuellement avec des configurations aérodynamiques qui glissent beaucoup mieux dans l’air comme celle d’une aile volante dans le but de réduire la consommation en carburant des avions et leurs émissions.
Monsieur Fayake souligna que déjà tout le travail de recherche fondamentale (TRL1 à TRL2) (Technological Readiness Level) a déjà été effectuée et que les fonds annoncés aujourd’hui, porteront ces projets de recherche qui sont au niveau TRL3 vers les niveaux TRL4 à TRL6.
Le ministre Bain, ne put échapper, comme à chacune de ses apparitions publiques au Québec, aux questions portant sur l’aide financière fédérale attendue au programme CSeries de Bombardier. Interrogé en mêlée de presse sur cette question, le ministre Bain réitéra que son Ministère ‘Is currently engaged with the people of Bombardier…that made a request for a billion dollars and we are at the table with them …it’s not a matter if we want to engage with Bombardier, it’s how’. Il surenchérit affirmant que ‘We are very confident that we will find a solution and for sure we want a part of the solution and we will always be at the table, we will not walk away’. Sur la question de le lenteur du processus, monsieur Bain rétorqua que  ‘We want to do our due diligence, we want to be toughtfull and at the same time we can’t make an unilateral decision…Jobs are very important, we want to focus on research & development too and we want an head office here in Canada and we want to set up the Company for a long term success’.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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