MONTRÉAL – L’aide du gouvernement fédéral canadien pourrait-elle être victime de la bataille qui se dessine entre l’Ouest canadien et le Québec sur la question de la construction du pipeline Énergie Est.
En tout premier lieu, rappelons que l’oléoduc Énergie Est est un projet de Trade Canada Pipelines visant à acheminer du pétrole extrait des sables bitumineux de l’Alberta et de la Saskatchewan à un terminal maritime situé à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick en traversant le Manitoba, l’Ontario et le Québec tout en desservant les trois raffineries de l’est du Canada.
Le pétrole de l’Alberta est pour l’instant enclavé et faute de pipelines ne peut accéder aux marchés mondiaux et se retrouve à ne pouvoir être écoulé que sur le marché américain à un prix moindre que le cours mondial. L’Ouest canadien, producteur de ce pétrole soutenu par l’ancien gouvernement fédéral, celui des Conservateurs de Stephen Harper, est en faveur des pipelines Northern Gateway vers l’océan Pacifique, Keystone XL vers le Golfe du Mexique et Énergie Est de 4600 km vers l’océan Atlantique.
Néanmoins, l’opposition de nombre de citoyens et de communautés du Québec relayée maintenant par les élus de la Province met en danger Énergie Est.
Le nouveau gouvernement fédéral du Libéral Justin Trudeau, contrairement à son prédécesseur, ne veut prendre officiellement position et se veut hypocritement un arbitre dans le dossier.
Reste toujours dans l’air, l’aide financière fédérale au programme CSeries, attendue depuis celle du gouvernement du Québec annoncée le 29 octobre dernier et vivement souhaitée par le gouvernement québécois du Libéral Philippe Couillard.
Monsieur Trudeau en ayant traîné ses pieds sur ce dossier cher au Québec qui lui a quand même donné une majorité de députés, avec 40 des 78 sièges de la province, se trouve maintenant en fâcheuse posture. Il faut reconnaître que Justin Trudeau fut plus prompt depuis son élection, le 19 octobre dernier, à organiser à grande hâte l’accueil au Canada des migrants syriens.
Le gouvernement Trudeau aura maintenant beaucoup de difficulté à amadouer l’Ouest du Canada, historiquement hostile à toute aide à Bombardier, alors que les maires de Montréal, Denis Coderre, un ancien député fédéral Libéral, et le maire de Québec, Régis Labeaume, parmi d’autres, s’opposent véhément au pipeline Énergie Est.
Par quel tour de passe-passe ou par quelle pirouette, le gouvernement Trudeau qui promet depuis sa prise de pouvoir, par la voix des ministres Marc Garneau et Navdeep Singh Bain, travailler à trouver un moyen d’aider Bombardier, arrivera-t-il à satisfaire aussi bien le Québec que l’Alberta et la Saskatchewan?
Le gouvernement Trudeau a eu amplement le temps d’échafauder un plan de soutien de Bombardier mais il a préféré se tourner vers les migrants syriens.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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