MONTRÉAL – Hier mardi 27 octobre 2015, le Department of Defense avait convoqué pour 17h15, à l’immeuble du Pentagon, une conférence de presse très attendue et retransmise en direct sur l’internet, durant laquelle sera dévoilé le gagnant de la compétition ‘Long Range Strike Bomber’ LSR-B de NorthropGrumman ou de l’équipe Boeing – Lockheed Martin.
Le Secrétaire à la défense annonça que NorthropGrumman que le contrat portant sur la conception, le développement et la construction du prochain bombardier stratégique de l’U.S Air Force était octroyé à NorthropGrumman.
Il fit remarquer que ‘Building this bomber is a strategic investment in the next 50 years, and represents our aggressive commitment to a strong and balanced force’.
La Secrétaire de l’Armée de l’air, Deborah Lee James ajouta que ‘The LSR-B is critical to national defense and a top priority for the Air Force’.
Le LSR-B devra remplacer les Boeing B-52H Stratofortress, les Rockwell B-1B Lancer qui devraient être retirés au milieu des années 2040 et complémenter les NorthropGrumman B-2A Spirit. Ce nouveau bombardier qui sera plus ‘invisible’ que le B-2A, devrait entrer en service au milieu des années 2020 et être certifié pour des charges nucléaires, deux ans plus tard. Plus petit de moitié que le B-2A, le LSR-B sera propulsé deux réacteurs de la classe du Pratt & Whitney F-135 équipant le F-35.
Sa mission sera de frapper, à partir des États-Unis, une cible n’importe où au monde et de pénétrer et évoluer en territoire ennemi.
Le présent contrat comporte deux parties. La première, d’une valeur de 23,5 milliards de dollars américains, couvre la phase EMD ou Engineering and Manufacturing Development. À titre de comparaison, l’EMD du B-2 a coûté 37,2 milliards de dollars de 2016. La seconde concerne la construction des cinq premiers lots d’aéronefs d’un total de 21 appareils sur un total de 80 à 100 au prix de 564 millions de dollars de 2010 l’unité.
La valeur totale du contrat LSR-B pourrait atteindre 80 milliards de dollars américains.
Selon Richard Aboulafia, vice-président chez Teal Group de Fairfax en Virginie, l’octroide ce deuxième plus important contrat aéronautique militaire de l’histoire des États-Unis après celui du F-35 Joint Strike Fighter, assure le futur de NorthropGrumman, sixième plus important fournisseur militaire au monde.
À terme, l’octroi du LSR-B permettra à l’avionneur californien de se retrouver seul avec la texane Lockheed Martin sur le marché aéronautique militaire américain d’ici la prochaine grande compétition qui sera celle du chasseur de sixième génération et remplaçant du F-22 Raptor. Richard Aboulafia perçoit que Boeing disparaitra du secteur militaire et évoluera essentiellement dans le marché aéronautique civil comme avant sa fusion avec McDonnell Douglas qui apporta dans la corbeille de mariage, les AV-8, C-17, F-15, F-18, T-45. Avec la fin de la production des F-15E Eagle en 2019 et des F-18E/F Super Hornet et EA-18G Growler pour l’US Navy en 2018, Boeing n’offrira plus pour les besoins militaires que des aéronefs déclinés de sa gamme civile, le KC-46 Pegasus descendant du 767 et le P-8 du 737. Une rallonge des commandes du F-18 et l’octroi à Boeing, du contrat T-X pour le successeur de l’avion d’entrainement supersonique de l’USAF, le T-38 Talon, pourrait maintenir ouvert les installations du constructeur à Saint-Louis dans l’attente du lancement de la compétition pour le successeur des F-22.
L’analyste de Teal avance même que Boeing pourrait essayer de mettre la main sur la division aéronautique de NorthropGrumman.
L’octroi du contrat LSR-B à l’équipe Boeing – Lockheed Martin aurait certainement mené au démantèlement de NorthropGrumman.
Avec le contrat LSR-B en poche, NorthropGrumman assure son avenir dans le secteur aéronautique militaire tandis celui de Lockheed Martin l’est grâce au F-35 et Boeing avec le KC-46A.
L’appel d’offres ou Request for Proposal (FRP) du LSR-B fut émis le 9 juillet 2015.
Néanmoins l’idée d’un nouveau bombardier n’est pas nouvelle.
Dès septembre 2009, le Secrétaire à la défense, Robert Gates endossa le concept d’un nouveau bombardier. En mars 2011, l’U.S. Air Force décida d’acquérir de 80à 100 appareils.
Le 25 octobre 2013, Boeing et Lockheed Martin annonçaient officiellement leur coopération à la poursuite de ce gigantesque contrat.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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