MIRABEL, QUÉBEC – En ce mardi matin de fin novembre, Bombardier Aéronautique célébra dans un faste de sons et de lumières, la remise du tout premier CS300, le plus grand avion commercial jamais construit au Canada, à son client de lancement airBaltic, basé à Riga, en Lettonie, fondée en 1995 et dont le premier actionnaire est l’état.
D’une capacité de 130 à 150 passagers, cette version rallongée du CS100 effectuera son entrée en service commercial, le 14 décembre prochain avec une liaison entre Riga, en Lettonie et Amsterdam, aux Pays-Bas, à peine cinq mois après celle du premier CS100 au sein de Swiss.
Propulsé par une version un peu plus puissante du Pratt & Whitney PW1500G Pure Power, le CS300 qui reprends les commandes électriques, l’aile tout composite et la cabine offrant cinq sièges de front du CS100, est de 12 pieds (3,7m) plus long que son petit frère dont il partage 99% des pièces.
Le CS300, au prix catalogue en janvier 2016 de 85,7 millions de dollars américains, affiche un carnet de commandes fermes de 247 appareils contre 126 pour le CS100.
Dans un des hangars de l’usine d’assemblage de Bombardier Avions commerciaux à Mirabel, à une quarantaine de kilomètres au nord de Montréal, furent réunis deux des vingt CS300 aux couleurs d’airBaltic commandés en 2012, 1500 convives constitués d’employés, de clients et de journalistes ainsi qu’Alain Bellemare, pdg de Bombardier; Fred Cromer, président, Bombardier Avions commerciaux; Rob Dewar, vice-président du programme d’avions CSeries, Bombardier Aéronautique; Martin Gauss, pdg d’airBaltic; Paul Calitis, Senior Vice President, Flight Operations, airBaltic et Dominique Anglade, ministre de l’Économie, des Science et de l’Innovation du Québec.
Fred Cromer fit remarquer qu’avec la livraison de ce premier CS300, airBaltic sera le premier transporteur au monde a compté dans sa flotte, le biturbopropulsé Q400 de Bombardier dont le transporteur possède douze exemplaires et le CSeries dont il a commandé vingt exemplaires.
Ensuite, Rob Dewar prit la parole et remercia airBaltic pour être ‘A Great Ambassador of the CS300’ alors qu’il remit au président d’airBaltic, Martin Gauss, un chandail aux couleurs du club de hockey des Canadiens de Montréal arborant le nom de ce dernier. Il souligna que le ‘CSeries Will Really Change The Way Customers Fly’.
Martin Gauss qui commença sa carrière en tant que pilote de Boeing 737 chez Deutsche BA et qui vole toujours sur 737 dont airBaltic aligne douze exemplaires d’ancienne génération (737-300 et 737-500), prit à son tour la parole sur l’estrade placée devant le premier CS300 d’airBaltic pour révèler que ’Four-and-a-half years ago, before the aircraft was even flying, we decided to buy the CS300, and not the Boeing and not the Airbus, because we saw that’s the best aircraft’ ce qui ne fut pas sans provoquer les applaudissements et les cris de joie de l’assistance.  Il ajouta ‘We are very proud of being the first operator of the CS300’. Monsieur Gauss qui depuis son entrée en fonction en décembre 20111, Å“uvra au redressement financier d’airBaltic conclut avec humour: ‘ Latvia is one of the smallest countries in Europe…and we bought the biggest airplane Canada has ever built’.
Sur l’invitation de monsieur Gauss, Paul Calitis prit la parole, lui qui ramènera ce premier CS300 vers Riga, en Lettonie. Il déclara que ‘Being the launch operator of the CS300 makes us proud…and I am sure that we will demonstrate the operational capabilities and the economics and the benefits of this airplane it can deliver’.
Dominique Anglade amorça son allocution par un ‘Quelle fierté d’être avec vous aujourd’hui’ rappelant qu’elle avait volé dans un CS100. La ministre de l’Économie, des Sciences et de l’Innovation ne put s’empêcher de vanter son gouvernement : ‘cette livraison importante et symbolique confirme encore une fois la décision judicieuse du Québec à agir comme partenaire de Bombardier dans le développement et l’industrialisation des avions CSeries’. L’annonce en octobre 2015 de l’injection d’un milliard de dollars américains par le gouvernement Couillard donne aux québécois, la propriété de 49% du programme. Elle conclut son intervention en évoquant le constant soutien du gouvernement du Québec dès le lancement du programme.
À son tour sur la tribune, Alain Bellemare appuya qu’il s’agissait ‘d’une journée exceptionnelle pour Bombardier et pour le programme CSeries’ et ne put s’empêcher de rappeler que le soutien du gouvernement du Québec ‘fut critique pour le succès du programme’. À son avis, le CSeries sera le ‘moteur de croissance de Bombardier et positionnera Bombardier comme le leader de l’industrie aéronautique au Canada…comme un joueur mondial capable de compétionner avec les grands de ce monde comme les Airbus, les Boeing, les Embraer et de tailler notre place à l’échelle mondiale et j’ai grandement confiance que nous y arriverons’.
Après avoir remercié employés et syndicats, le pdg de Bombardier enchaîna ‘A year ago a lot of people was thinking that this program must be shut down and that Bombardier will actually go down…  a year later we have certified the CS100, the CS300, we put the CS100 into service with Swiss flawless perfect and within performance and now we are going to add the CS300 in service with airBaltic before the end of the year…What a turnaround!’.  Il conclut son intervention en affirmant que ‘The CSeries will be the anchor of commercial aviation at Bombardier for many years to come.
En mêlée de presse, les questions ont plu sur le pdg de Bombardier, toujours flanqué de la ministre Anglade.
Interrogé sur l’éventualité que l’aide promise par le gouvernement fédéral Libéral de Justin Trudeau, porterait sur le CS500, une version allongée du CS300, monsieur Bellemare ne s’est pas avancé. Il rétorqua que pour l’instant l’avionneur mettra la priorité sur la livraison des avions déjà commandés.
Néanmoins le développement des CS100 et CS300 étant, à toutes fins pratiques terminé, et celui du jet d’affaires Global 7000, chose faite en 2018, le pdg reconnut que ‘nous en sommes maintenant à l’étape ou nous commençons à penser dans quelle plateforme nous investirons à l’avenir’.
D’ailleurs, Bombardier a des besoins divers : remotorisation des jets de transport régional CRJ et des jets d’affaires de haut de gamme Global 5000 et Global 6000, développement d’un turbopropulsé de transport régional de cent places ou remplacement du Challenger 650.
De plus, les récentes annonces de réductions d’effectifs chez Bombardier vont à l’encontre d’une trois conditions posées par le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains à toute aide financière fédérale. Là encore, Alain Bellemare justifia ces abolitions de postes par ‘une structure de coût trop élevée’.
Questionnée sur les mises à pieds au sein de l’avionneur de Saint-Laurent, la ministre Anglade ne sembla pas troublée.
Sur la question de la livraison en 2016 de seulement sept CSeries contre les quinze prévus, Alain Bellemare en rappelle la cause qui en fut les retards de livraison des turbosoufflantes PW1500G de la part de Pratt & Whitney.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
Commentaires