MONTRÉAL – Jeudi le 17 février prochain, Bombardier aura un inquiétant rendez-vous avec ses actionnaires. C’est à cette date, au lever du jour, que seront publiés ses résultats financiers du quatrième trimestre de 2015. La dégradation de la croissance économique et la chute des bourses en Chine, la dégringolade du prix du pétrole et des compagnies de ce secteur ainsi que les conséquences désastreuses de cette chute pour la Russie et les pays du Golfe Persique sont autant des facteurs qui ont contribués à dégradation appréhendée des résultats financiers de Bombardier. Et comme toujours lorsque les choses vont mal, les rumeurs se multiplient.
Mises à pied possibles
La plus inquiétante des rumeurs qui nous sont parvenues soutient que la compagnie serait sur le point d’annoncer de nouvelles mises à pied. Évidemment, il est impossible d’en obtenir une confirmation, mais, malheureusement, la chose n’aurait rien de surprenant. La timide reprise des ventes d’avions d’affaires qu’on enregistrait depuis trois ans semble sur le point de s’interrompre.
Selon la General Aviation Manufacturers Association (GAMA), l’industrie a livré 722 avions d’affaires en 2014, comparativement à 678 en 2013, une progression de 6 %. Tout à fait par hasard, les chiffres de 2015 seront publiés en même temps que les prochains résultats de Bombardier.
La mauvaise nouvelle est que plusieurs analystes prévoient une diminution, ou à tout le moins une stagnation, des ventes d’avions d’affaires l’an prochain. Tous les manufacturiers réduisent leur production et leur personnel. En décembre dernier, Gulfstream, le plus important fabricant d’avions d’affaires au monde, annonçait une diminution de ses effectifs de 1100 employés soit une réduction de 7 %.
Rappelons que, le 14 mai dernier, Bombardier avions d’affaires a annoncé une diminution de la cadence de production des avions Global 5000 et 6000. Cette décision a entraîné 1750 mises à pied, dont 1000 à Montréal, 480 à Toronto et 280 à Belfast. Aucune réduction n’a encore été annoncée pour les avions Challenger qui sont fabriqués entièrement à Montréal et c’est peut-être là que le couperet tombera. Rappelons qu’en janvier 2015, Bombardier a également annoncé la suppression d’un millier d’emplois à Wichita et à Querétaro suite à l’arrêt du développement du Lear 85.
L’avenir de Pierre Beaudoin
Vendredi matin, le 18 décembre, Bombardier annonçait fièrement, à son usine de Mirabel, qu’elle venait d’obtenir l’homologation de type pour son CS100 de Transport Canada. Une impressionnante brochette de ministres et de journalistes participaient à cet évènement.
Au même moment, l’importante agence de nouvelles Reuter annonçait le probable départ de Pierre Beaudoin comme président exécutif du Conseil d’administration au début de cette année. Dans les journaux, l’avenir de Pierre Beaudoin a défrayé la manchette au moins autant que l’homologation du CS100.
Le débat sur cette question est toutefois bien mal engagé. Il importe peu de savoir si Pierre Beaudoin quittera ses fonctions. Ce qui importe, c’est de savoir quel rôle la très secrète famille Bombardier-Beaudoin entend jouer au sein de la compagnie durant les années qui viennent.
Une famille qui détient les clés de Bombardier
Bombardier n’est pas tout à fait une compagnie comme les autres. Son actionnaire principal est constitué d’un groupe de 4 personnes, tous des enfants de Joseph-Armand Bombardier, le fondateur de l’entreprise. Ce groupe ne possède que 14 % des 2 milliards d’actions de Bombardier en circulation. Toutefois, à la veille de la dernière assemblée annuelle, ces quatre actionnaires, J.R. André Bombardier qui siège au conseil d’administration, Janine Bombardier, Claire Bombardier-Beaudoin et Huguette Bombardier-Fontaine, contrôlaient 54,33% de tous les droits de vote grâce à leurs actions de catégorie «A» comportant chacune 10 droits de votes. La famille détient également cinq des 14 sièges au conseil d’administration.
Les grandes décisions stratégiques sont donc prises par ces quatre actionnaires, auxquels il faut ajouter Laurent Beaudoin, le mari de Claire Bombardier; Pierre Beaudoin, leur fils; Joanne Bissonnette, la fille de Janine Bombardier, qui siège au conseil d’administration ainsi que Jean-Louis Fontaine, le mari d’Huguette Bombardier, qui siège lui aussi au conseil d’administration.
On ne connait rien des discussions, certainement très animées, qui ont lieu entre ces personnes mais ce sont elles qui décideront du sort de Pierre Beaudoin et de son éventuel remplaçant. Si le groupe familial décide de remplacer Pierre Beaudoin par un de ses cousins ou cousines, ou par un ami de la famille, il n’y aura pas de vrai changement. La véritable nouveauté serait de voir la famille Bombardier renoncer à deux ou trois de ses sièges au conseil d’administration et/ou à une partie de ses droits de votes.
Une réduction du nombre de droits de vote rattaché aux actions de catégorie «A» et une réduction du nombre de sièges détenus par la famille au conseil d’administration ferait certainement plaisirs aux milieux financiers et propulserait probablement le prix de l’action fortement à la hausse. Toutefois de tels changements posent un sérieux problème.
Le rôle des gouvernements
Si le contrôle de la compagnie échappe à la famille Bombardier, des fonds d’investissements vautour pourraient acheter les actions de Bombardier à rabais avec l’intention d’en prendre le contrôle. Ils pourraient ensuite revendre avec un fort profit les divisions qui sont rentables et sacrifier celles qui ne le sont pas.
La seule façon d’éviter ce scénario catastrophe serait de constituer un nouveau groupe de contrôle comprenant la famille Bombardier, le gouvernement québécois et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) ainsi que le gouvernement fédéral. Ensemble ces actionnaires devraient posséder suffisamment d’actions pour détenir plus de 50 % des droits de vote. Il est probable qu’un investissement additionnel important sous forme de capital-actions sera nécessaire.
Le gouvernement du Québec a déjà prévu un tel investissement lors de la signature de l’entente du 29 octobre dernier par laquelle il investissait un milliard de dollars dans le CSeries. Investissement Québec a alors obtenu des bons de souscription lui permettant d’acheter jusqu’à 200 millions d’actions de catégorie «B» au prix unitaire de 2,21 $, pour un investissement additionnel total de 442 millions $. Depuis quelques mois, Bombardier et Québec exercent énormément de pression pour que le gouvernement fédéral en fasse autant. La réponse viendra probablement dans le prochain budget qui sera déposé en chambre par M. Morneau d’ici un mois ou deux.
L’aspect le plus important de cette décision ne sera pas le montant de l’investissement effectué ; il devra certainement être très élevé. L’élément le plus important sera la forme que cet investissement prendra et les modalités qui y seront rattachées. Le rôle futur de la famille Bombardier-Beaudoin au sein de la compagnie sera certainement une question centrale. Mais plus importante encore sera la possible réorientation du rôle que nos gouvernements doivent jouer dans la gestion de notre économie.
Après des études en science politique à l’Université du Québec à Montréal et à l’Institut d’études politiques de Paris, Daniel Bordeleau a entamé une carrière de journaliste qui s’étale sur plus de 35 ans. Il a travaillé principalement pour la Société Radio-Canada où il est d
Moi je suis très inquiet pour Bombardier.
Qu’est ce qui va se passer
Est-ce que Boeing et Airbus sont tellement puissant qu’ils bloquent toutes ventes de la cseries quitte à perdre beaucoup d’argent sur chaque vente