Le lieutenant général Blondin devant le CORIM par Philippe Cauchi.
En ce mercredi 12 janvier 2014 sur le coup de midi, le commandant de l’Aviation royale canadienne (ARC) et chef d’état-major de la force aérienne depuis 2012, le lieutenant-général Yvan Blondin était invité à la tribune du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) devant plus de 150 personnes dont Suzanne Benoit, présidente-directrice générale d’Aéro Montréal et Marc Parent, président et chef de la direction de CAE. Engagé dans les Forces armées canadiennes en 1980, Yvan Blondin, à la fin de sa formation de pilotage en 1982, se retrouvera aux commandes du monoreacté d’entrainement Lockheed T-33 avant de passer sur les chasseurs biréactés McDonnell Douglas CF-18 Hornet dès 1986. Il cumule plus de 3000 heures de vol en Amérique du nord et en Europe sur plusieurs types d’aéronefs des Forces canadiennes.
En tout premier lieu, le lieutenant-général Yvan Blondin rappela à son auditoire que l’Aviation royale canadienne qui compte environ 14000 hommes et femmes, ‘la crème de ce que le Canada peut offrir’ comme il se plu à le souligner, a été, lors des dix dernières années, déployée en Afghanistan, au-dessus de la Libye, en Haïti et aux Philippines. Pour lui, l’Aviation royale canadienne est un ‘outil de diplomatie’, un ‘outil de relations internationales’. Le lieutenant-général entretient son auditoire de l’initiative ‘Horizons nouveaux’ présentée récemment par l’Aviation royale canadienne. L’objectif de celle-ci est de développer des concepts futurs de puissance aérienne et de comprendre comment les innovations technologiques peuvent être davantage exploitées pour une force aérienne d’avenir. Cette initiative réunit autour de l’Aviation royale canadienne, l’industrie aérospatiale canadienne et des universitaires afin de développer des solutions innovantes et canadiennes en réponse aux besoins potentiels du pays en matière de puissance aérienne. Comme le rappelait son commandant, lors des dix dernières années, l’Aviation royale canadienne été appelée à intervenir en Afghanistan en Libye, en Haïti et aux Philippines et a relevé des défis, aux quatre coins du monde, aux limites des possibilités de ses hommes, de ses femmes et de ses machines. Mais la réalité des finances publiques mais surtout des ressources financières allouées à la Force aérienne de plus en plus limitées dans un monde guère plus sûr aujourd’hui qu’il y a dix ans, posent de nouveaux défis à l’ARC. L’avenir ne s’annonce pas plus brillant avec la Libye, la Syrie, l’Égypte, les tensions en Mer de Chine, parmi d’autres. L’Aviation royale canadienne devra toujours être prête à intervenir aussi bien au milieu d’un conflit armé que d’une catastrophe naturelle et ce, ‘toujours avec succès comme dans le passé’ le rappelle le lieutenant-général. Mais avec des moyens financiers moindres : ‘Ma tâche est de passer au dessus de la politique et de remplir les missions en dépit des restrictions budgétaires’ En une phrase, le lieutenant-général résuma sa mission : ‘Mon défi est de faire plus avec moins. Telle est ma réalité quotidienne’. Néanmoins, il fit remarquer que l’Aviation royale canadienne comme toutes les autres forces aériennes est un concentré de technologies et que là réside, selon lui, son salut car elles sont souvent la solution à bien des problèmes. De toute évidence, le lieutenant-général considère la simulation comme un moyen infaillible de réduire les coûts tout en améliorant la qualité de l’entrainement en vol. Malheureusement, à l’heure actuelle, l’Aviation royale canadienne ne peut profiter pleinement de la simulation par un recours accrue à celle-ci par manque de simulateurs. Une utilisation accrue de la simulation permet de réduire aisément de 25 à 30% le nombre d’heures de vol, de garder les avions plus longtemps en allongeant leur vie utile par la réduction de nombres d’heures de vol annuelles. De plus, l’usage étendu du simulateur se traduit par une formation des pilotes de plus grande qualité. Le simulateur permet de placer les pilotes dans des conditions d’urgence quasi-impossibles à reproduire en vol. Les exercices en vol requérant la présence de plusieurs avions ‘amis’ et ‘ennemis’ ainsi que de batteries de défense anti-aérienne pour reproduire au plus près les conditions réelles du combat sont très coûteux. Mais dans le cas des avions de combat de 5ième génération comme le F-35, le simulateur permet aux pilotes de se familiariser avec l’entièreté de ses équipements électroniques et du système d’armes. De plus, les utiliser lors de vols d’entrainement les exposerait à des ‘yeux’ ou des ‘oreilles’ indiscrètes. La plus value des avions de combat de 5ième génération ne provient pas comme dans le cas de leurs prédécesseurs, de leur manœuvrabilité ou de leur vitesse de pointe mais de leur technologie, de leur capacité de repérer un radar, un avion ou un système d’arme ennemi avant d’être eux-mémes repérés.
Ce besoin accru de simulation doit être rempli par les industriels. C’est là qu’entre en jeu selon le lieutenant-général, l’initiative ‘Horizons nouveaux’ développée par l’Aviation royale canadienne. L’idée consiste à réunir autour de l’ARC, l’industrie aérospatiale canadiennes et des universitaires du Canada avec pour objectif de développer des solutions canadiennes aux besoins des militaires canadiens. Actuellement le temps sur simulateur pour la flotte des CF-18 représente de 15 à 20% du temps de vol des pilotes. Le commandant de l’Aviation royale canadienne assure qu’avec les chasseurs de 5ième génération, la proportion grimpera à 50%. Une telle proportion de la formation totale sur simulateur permettra, à ses dires, de se dispenser d’un escadron d’entrainement. Actuellement sur les 78 CF-18 encore en service au sein de l’ARC, 25 sont attitrés à l’entrainement soit un tiers de la flotte, ne laissant que 50 chasseurs prêts aux opérations. Le lieutenant-général rappela que lors des opérations aériennes en Libye en 2011 ‘Unified Protector’ sous l’égide de l’OTAN, il ne disposa que de deux pilotes expérimentés sur les soixante opérationnels, les vingt autres étant détachés à l’escadron d’entrainement. Une situation que le recours plus important à la simulation, éliminera par la disparition de l’escadron d’entrainement. Dans un tel contexte, tous les pilotes et tous les appareils seront disponibles pour les missions opérationnelles. Le lieutenant-général Yvan Blondin conclut sa présentation en reconnaissant que ‘les défis sont grands’, tout en garantissant que ‘le partenariat avec l’industrie canadienne n’a que des avantages et que la technologie est garante de solutions’.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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