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À partir de 2002, le Canada participant aux opérations de combat en Afghanistan, un besoin en hélicoptères tactique de tonnage moyen capable d’évoluer dans les conditions de haute altitude et forte température se dessina. Les troupes canadiennes devaient dépendre des faveurs des américains, des britanniques, des australiens, des polonais et même des Néerlandais et des CH47 que le Canada leur avait vendu une quinzaine d’année auparavant, pour se déplacer.
En juin 2006, le gouvernement fédéral canadien rendait public un Préavis d’adjudication de contrat (PAC) pour le programme Project d’hélicoptères de transport moyen à lourd (HTML) dans le but d’acquérir seize aéronefs au cout de deux milliards de dollars canadiens accompagné d’un soutien de vingt ans évalué à 2,7 milliards. Boeing semblait déjà le seul constructeur capable de remplir les critères bien que les Sikorsky S92, AgustaWestland EH101 et NH Industries NH101 furent étudiés selon le lieutenant colonel Rick McLaughlin, gestionnaire des besoins opérationnels et pilote de CH47 dans les années 80. Le Sikorsky CH53E n’étant en production et le CH53K ne l’étant pas avant quelques années, le H53 ne fut considéré. Le gagnant de l’appel d’offres devra assurer des retombées économiques au Canada équivalent à 100% de la valeur du contrat.
Les critères seront:
Une capacité interne permettant le transport de trente soldats complètement équipés
Une capacité externe de transport sur élingue d’au moins 12000 livres
Des performances opérationnelles en haute altitude par temps chaud au delà de 1200 mètres et de 35C
Un rayon d’action minimal de 100 km avec la charge interne ou externe minimale requise
La certification de l’appareil effective au moment de l’octroi du contrat
La tenue de la première livraison 36 mois suivant la signature du contrat et de la dernière, 60 mois après.
Le 7 avril 2008, le ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, Michael Fortier rendait public une demande de proposition (DP) a l’entreprise Boeing en vue d’acquérir 16 hélicoptères pour le ministère de la Défense nationale ainsi que le soutien logistique pour vingt ans.
Le nouveau parc d’hélicoptères servira à l’insertion tactique des troupes des forces armées et de l’équipement dans un contexte hostile. Au Canada, ces appareils permettront aux Forces canadiennes d’aider les premiers intervenants en cas de catastrophe, en facilitant le déplacement de la population et du ravitaillement, advenant que les réseaux de transport soient coupés ou que l’atterrissage des aéronefs à voilure fixe sur les terrains d’aviation soit impossible.
Le 12 mai 2008 à Halifax, le Premier ministre Stephen Harper et le ministre de la Défense nationale Peter MacKay dévoilaient la Stratégie de défense ‘Le Canada d’abord’ qui permettait au pays, d’être un partenaire fort et fiable en matière de défense de l’Amérique du Nord et de faire preuve de leadership à l’étranger en prenant une place importante dans les opérations outre-mer.
Selon le document, les forces armées canadiennes devraient etre en mesure de :
Mener des opérations quotidiennes nationales et continentales, y compris dans l’Arctique et par l’entremise du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) ;
Offrir leur soutien dans le cadre d’un évènement international important au Canada, comme les Jeux olympiques de 2010, les grands sommets comme celui du G8 et du G20 ou de visites de dignitaires étrangers;Â
Répondre à une attaque terroriste importante;
Appuyer les autorités civiles en cas de crise au Canada, par exemple en cas de catastrophe naturelle comme les inondations;
Diriger et/ou mener une opération internationale importante durant une période prolongée, et;
Déployer des forces en cas de crise à l’étranger pour une période de plus courte durée.
D’ailleurs, le CH47 y est mentionné à trois reprises selon le colonel Carl Doyon.
Le 7 aout 2008, le ministre de la défense confirmait les plans du gouvernement d’acquérir de Boeing, seize CH47 Chinook neufs. Du même coup, il annonçait l’acquisition de six CH47D tirés de l’inventaire de l’US Army (147201-147206) déjà en opération en Afghanistan au cout de 290 millions de dollars américains, livrables avant février 2009. Ils permettront aux Forces canadiennes de dépendre dans une moindre mesure pour le ravitaillement des postes avancés, des convois terrestres trop souvent la cible d’attaques meurtrières aux engins explosifs improvisés plantés le long des routes.Â
Le 30 juin 2009, le gouvernement canadien signait avec Boeing un contrat de 1.156 milliards de dollars américains portant sur l’achat de quinze CH47F Chinook. Les livraisons s’amorceront en juin 2013 pour s’étendre jusqu’en 2014, au rythme d’un appareil par mois. Toujours dans le contexte du projet d’hélicoptères de transport moyen à lourd, Boeing s’est engagé à fournir l’équivalent de 1,25 milliard de dollars américains en vertu de la Politique des retombées industrielles et régionales, qui fait en sorte que l’industrie canadienne tirera d’importants profits de ce processus d’approvisionnement.
Le travail de définition de l’appareil se fit en un temps record soit seulement deux ans et demi, la moitié du temps usuel rappela Steve Parker.
Les CH-147F des Forces canadiennes comme le souligna, en 2009, Carl F. Trincia, alors Director International Chinook Programs chez Boeing à Philadelphia, pourront répondre à tous les types de missions militaires et civiles du plus profond de l’arctique aux hautes altitudes de l’Afghanistan en été.
Le Chinook choisit par le Canada reste pour l’instant unique. Il n’est ni un Model F, ni un Model G. Il est affectueusement appelé par les gens de Boeing Philadelphie, un CH-47Foxtrot++. Extérieurement, il se distingue du F par ses réservoirs de carburant semi encastrés, lui donnant un rayon d’action de 415 NM empruntés au G mais contrairement à ce dernier n’est pas équipé de la perche de ravitaillement en vol. Les Chinook canadiens sont livrés avec un système directionnel de contre-mesures infra-rouge, DIRCM, des lunettes de vision nocture et un système de génération électrique à grand débit. Le CH47 est toujours transportable par C17 tout en ne nécessitant principalement que le démontage des rotors, une opération exigeant une quinzaine d’hommes/heures.
Monsieur Parker souligna que la version canadienne du CH-47F a attiré l’attention de l’US Army, pour la prochaine modernisation de sa flotte de CH47F ainsi que de celle de clients internationaux intéressés par le Chinook.
La flotte des quinze hélicoptères est prévue voler 7200 heures par année. Au bout de vingt ans de service, une révision de la structure de l’appareil sera nécessaire. L’entretien de première et de deuxième ligne sera assuré par des mécaniciens en uniforme.
Le 14 décembre 2009, le choix de la base de Petawawa en Ontario pour abriter les quinze hélicoptères CH47F était rendu public au sein d’un nouvel escadron qui portera le nom de 450ième Escadron tactique d’hélicoptères.
Approximativement 440 nouveaux postes seront créés tandis que de nouveaux hangars destinés à l’instruction, l’entretien, l’entreposage opérationnel et la logistique ainsi qu’une nouvelle aire de trafic et une installation de ravitaillement seront érigés.
Après deux ans et demi de service, les quatre CH-47D canadiens ayant survécu à la mission afghane attendent toujours un éventuel acheteur à Davis-Monthan AFB dans le désert de l’Arizona au 309th Aerospace Maintenance and Regeneration Group (AMARG).
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Le 30 janvier 2012, Boeing rendait public son choix de trois entreprises qui se consacreront au soutien des Chinook canadiens. Il s’agissait de L3Com de Mirabel au Québec, chargée de la rédaction des publications techniques : Raytheon Canada de Calgary en Alberta, le soutien de la chaine d’approvisionnement et de L-3 Electronic Systems d’Enfield en Nouvelle-Écosse, l’analyse du soutien logistique.
Après un hiatus de quatorze  années, le 450e Escadron tactique d’hélicoptères a repris du service le 2 mai 2012 pour devenir le domicile des hélicoptères Chinook CH-147F des Forces canadiennes. Il s’installe à la BFC Petawawa, en Ontario et relève de la 1ière Escadre de Kingston, en Ontario.
Un premier CH-147F, le ‘147303’, effectua son vol inaugural le 24 juin 2012 chez Boeing Helicopters à Ridley Park qui marqua le début de la phase d’essai au sol et en vol et d’évaluation d’une durée d’un an. Trois mois plus tard, jour pour jour,  un deuxième, le ‘147302’ CH-147F prend son envol.
Le choix de L-3Com MAS de Mirabel et General Dynamics Canada d’Ottawa en tant de fournisseurs de produits et de service au soutien en service de la flotte canadienne de CH-147F fut annoncé le 25 juillet par Boeing. La première fournira des équipements de tests et de soutien et la seconde, des dispositifs de formation à la maintenance ainsi que le soutien à la formation en maintenance.
General Dynamics Canada se vit accordé par Boeing le 21 septembre, un second contrat portant sur le CH-147F, celui-ci portant sur les services d’assistance dans le domaine de l’ingénierie.
Le 5 février 2013, s’amorça la formation des techniciens, arrimeurs et mécaniciens de bord chez Boeing sur un site d’entraînement près de Philadelphie afin d’accueillir le premier CH-147 à Petawawa.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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