MONTRÉAL – Lundi dernier, aux installations de Rheinmetall Canada, anciennement Oerlikon Canada, à Saint-Jean-sur-Richelieu à 40 km au sud de Montréal, le ministre de la Défense nationale, Jason Kenney est venu annoncer l’octroi à cette entreprise de deux contrats.
Un des deux contrats vise la fourniture par cette filiale du groupe de Düsseldorf en Allemagne, de 10 systèmes de radars mobiles de moyenne portée destinés à l’Armée canadienne pour la détection des emplacements d’armes de tir indirect, tels les mortiers, les pièces d’artillerie ou les lanceurs de roquettes ainsi qu’à la surveillance d’avions, hélicoptères ou autres menaces aériennes.
Conçus et développés par la division Elta Systems de l’Israélienne Israel Aerospace Industries (IAI) ces radars Elta ELM-2084 MMR, transportables par des camions de dix tonnes, qui ont été éprouvés sur des théâtres d’opération peuvent aussi localiser la source de la menace, déterminer le point d’impact de l’obus de mortier ou de canon ou du missile hostile, donner l’alarme et permettre une riposte quasi-instantanée à la menace. Ils permettront aussi aux militaires de suivre toutes autres menaces volant dans l’espace aérien au-dessus d’eux qu’ils s’agissent d’avions, d’hélicoptères ou de drones même affichant une basse signature radar.
Aux dires du ministre Kenney lors de l’annonce, il s’agira là de la même technologie que celle de l’Iron Dome qui équipe les forces israéliennes pour défendre le territoire israélien contre les roquettes lancées par le Hamas et autres groupes terroristes.
Le besoin d’un système de défense anti-aérienne des Forces canadiennes évoqué en 2008 a abouti par la publication d’un appel d’offres en 2014 dans le cadre du programme ‘Radar à moyenne portée’ (RMP) qui a intéressé aussi bien Lockheed Martin, que Saab, Raytheon Canada, Thales Canada et le partenariat Rheinmetall Canada / IAI Elta constitué en 2013.
Avec l’annonce de la sélection du tandem Rheinmetall – IAI, la livraison du premier radar devrait se concrétiser au début de 2017 tandis que le système devrait être pleinement opérationnel en juin de la même année.
Des transferts de technologies seront effectués entre IAI Elta et Rheinmetall en totale conformité avec la politique de la stratégie d’approvisionnement en matière de défense dévoilée en juin 2014 par le gouvernement Harper afin de créer des emplois au Canada et de stimuler l’économie.
Comme l’indiqua monsieur Alain Tremblay, vice–président, expansion commerciale et relations gouvernementales de Rheinmetall Canada en entrevue téléphonique, son entreprise connue ultérieurement sous le nom d’Oerlikon qui livra 36 systèmes de défense anti-aérienne ADATS acquis en 1986 et retiré du service en 2011, emploie environ 200 personnes dont 40% d’ingénieurs.
Ce contrat devrait portait le total à environ 240 employés dont 15 ingénieurs supplémentaires.
Les deux premiers radars sont être manufacturés en Israël par IAI Elta et les huit suivants vont être complètement assemblés à Saint-Jean en accord avec les politiques du gouvernement canadien en matière de transfert de technologies dans le cadre des achats de matériel militaire afin de bâtir une expertise nationale.
Rheinmetall assurera le soutien logistique du système pour sa durée de vie avec une première option portant sur les cinq premières années qui sera suivie de deux autres. Comme le précisa monsieur Tremblay, ce contrat maintiendra une expertise rare au Canada, celle de la haute technologie dans le domaine militaire terrestre, aux installations de Saint-Jean-sur-Richelieu. L’Armée canadienne a toujours maintenue une capacité de défense anti-aérienne par la nature des menaces et des leçons apprise en Afghanistan avec les systèmes de défense anti aérienne ADATS en service depuis plus de deux décennies, retirés en 2011.
Selon Alain Tremblay, la majorité des nouveaux radars seront destinés à des missions extérieures bien qu’ils seront surement utilisés pour des questions de sécurité domestique sur une base ponctuelle pour protéger des évènements tels que des sommets du G8 ou du G20.
L’intention du gouvernement Canada, a précisé monsieur Tremblay, est de donner à l’Armé canadienne, une capacité de défense anti-aérienne dans un contexte de guerre asymétrique contre également les missiles, les roquettes et les obus de mortier et de canon. Dans ce but, le gouvernement lancera un appel d’offres (RFP) à l’horizon 2017. L’architecture ouverte du radar d’Elta choisi par le Canada, identique au système ‘Iron Dome’ des Israel Defense Forces (IDF), tout en ayant adapté aux besoins des Forces armées canadiennes, permettra l’intégration d’un grand nombre de systèmes de canons ou de missiles anti-aériens. ‘Sa beauté’ affirma monsieur Tremblay, ‘est de ne pas être lié à un système d’armes particulier’.
Le contrat initial couvrant la fourniture des dix radars et du soutien logistique associé s’élève à 130 millions de dollars qui pourra grimper jusqu’à 243 millions par l’octroi des contrats de maintenance et de soutien logistique.
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Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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