En ce premier jour de mai 2014, s’est tenue au siège de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) en plein centre-ville de Montréal, l’assemblée annuelle publique d’Aéroports de Montréal.
Devant entre deux et trois cents personnes, le président du conseil d’administration d’Aéroports de Montréal, Réal Raymond, annonça la nomination a ce dernier de Mélanie Kau et le départ d’Isabelle Hudon et Robert Bibeau.
Ensuite, le président-directeur-général d’ADM, James C. Cherry, amorça la présentation du bilan financier de 2013 de son organisme.
Le trafic passagers a pour la première fois en 2013, franchit le cap des 14 millions d passagers, une hausse de 2,1% par rapport à 2012 fruit d’une augmentation de 4,7% du trafic transfrontalier avec les États-Unis qui représente 24% contre 38% pour le domestique et tout autant pour l’international.
Le trafic cargo pour sa part a reculé de 4,2% pour se situer à 177000 tonnes, 84000 à Trudeau, un recul de 10% et 92000 à Mirabel.
Les mouvements d’aéronefs ont diminué de 3,6% à 234638 suite à la volonté des transporteurs d’optimiser le taux de remplissage de leurs appareils et par l’usage d’aéronefs de plus grande capacité.
Ainsi 28 transporteurs ont desservi Montréal-Trudeau en 2013 avec 129 destinations directes dont 75 internationales, 28 au Canada et 26 aux Etats-Unis. Il se classe ainsi au second rang au Canada derrière Toronto avec 183 mais devant Vancouver et Calgary avec respectivement 89 et 74 destinations directes.
Montréal-Trudeau compte 44 destinations soleil et 28 villes européennes, le plaçant ainsi en Amérique du Nord derrière Toronto, JFK et Newark. Avec sept départs par jour, Montréal-Paris est la liaison la mieux desservie au départ du Canada. Finalement Montréal est la seule ville au Canada connectée à Alger, Tunis, Amman et Doha.
Les revenus d’Aéroports de Montréal se sont accrus de 2,6% en 2013 pour atteindre 447 millions de dollars. Les couts d’opérations se sont chiffrés à 164 millions, une hausse de 0.9%, les taxes municipales à 40 millions et le loyer à Transports Canada à 45,6 millions, les intérêts sur la dette de 1,6 milliards, 89 millions. L’excèdent des revenus sur les dépenses s’établit en 2013 à 13,6 millions de dollars contre 6,9 millions l’année précédente.
Pour le premier trimestre 2014, le trafic passagers à Montréal-Trudeau a atteint 3,5 millions de passagers, une hausse de 0,7%, les secteurs domestiques et transfrontaliers augmentant d’un pour cent et l’international de 0,3% Due à une hausse de 4,5% des couts d’exploitation découlant d’une augmentation des dépenses en salaires, coûts d’énergies et services professionnels, le trimestre se termina avec un déficit de 3,2 millions de dollars comparativement a un surplus de 1,3 millions pour la période équivalente en 2013.
Reconnaissant la piètre qualité des accès routiers à l’aéroport Montréal-Trudeau, James Cherry réitéra le choix d’un Train léger sur rail ou SLR pour relier le centre-ville à l’aérogare de préférence d’un train de banlieue sans service ferroviaire à l’aéroport et à une voie routière dédiée au transport collectif : bus et taxi.
Monsieur Cherry enchaina avec l’annonce du lancement d’un appel d’offres pour le démantèlement du bâtiment de l’aérogare désaffectée de l’aéroport Montréal-Mirabel.
Inoccupée depuis novembre 2004, l’aérogare n’occupe que 15 des 6000 acres de la zone aéroportuaire de l’aéroport de Mirabel.
Inaugurée le 4 octobre 1975 après un chantier qui dura cinq ans et qui couta plus de 500 millions de dollars de l’époque, l’aérogare coûte cher à Aéroports de Montréal, environ 5 millions de dollars par an, 30 millions en dix ans sans compter les 15 millions qu’il faudrait impérativement débourser sous peu pour des réparations urgente. Hormis quelques tournages dont des scènes du film ‘The Terminal’ de Steven Spielberg, n’a plus aucune utilité affirma monsieur Cherry.
Il s’appuie sur deux rapports d’experts, ceux du Groupe Altus et d’ARUP qui démontrent que l’ancienne aérogare est totalement désuète et que son potentiel à des utilisations non-aéroportuaires sont nulles.
Le premier, d’un expert indépendant en immobilier en vient à la conclusion que le potentiel de récupération de l’ancienne aérogare est grandement limité par sa localisation. La mise aux normes nécessiterait des déboursés de 27 millions pour le bâtiment de l’aérogare et de 36 millions en incluant les stationnements en étages. L’architecture intérieure de l’aérogare en limite les usages alors que son enveloppe de verre n’est pas isolée et que le bâtiment contient de l’amiante.
L’immeuble d’un million de pieds carrés soit l’équivalent de dix Costco offre des mezzanines qui en limitent les utilisations ainsi qu’un grand nombre de colonnes souligna James Cherry. Le second, d’un expert mondial en planification et ingénierie aéroportuaire conclut que l’aérogare ne répond plus au marché actuel, ne serait que par l’usage de transbordeurs, une solution totalement écartée de nos jours. De plus, l’aérogare a quasi atteint la limite d’âge de ce type d’installations qui est de 40 à 50 ans au terme desquels, elles sont démolies pour faire place à des neuves. En vertu d’une clause de désuétude, Transports Canada a convenu que le bâtiment était bel et bien désuet et a confirmé que le bail permettait son démantèlement à l’instar de certaines sections de l’ancienne aérogare de Montréal-Trudeau au début des années 2000.
L’approbation finale de l’octroi du contrat de démantèlement de l’aérogare de Mirabel sera accordée par le conseil d’administration d’ADM en septembre prochain.
Néanmoins la zone aéroportuaire de Montréal-Mirabel est un succès industriels par la présence de 3700 emplois directs dont 86% dans l’industrie aéronautique et 10000 indirects. Bombardier y construits ses CRJ et bientôt, ses CSeries, Pratt & Whitney Canada y a établit son Centre aéronautique mondial, Aérolia, l’usine qui construira les fuselage des jets d’affaires de haut de gamme Bombardier Global 7000 et 8000 tandis que L3Com se charge de la maintenance des chasseurs-bombardiers CF-18.
Lors de la période des questions, la grande majorité des interventions ont été de résidents des agglomérations jouxtant l’aéroport Montréal-Trudeau venus exposer les problèmes de nuisance sonore qu’ils subissaient. Plusieurs d’entres eux appartenaient au collectif ‘Les pollués de Montréal-Trudeau’ un organisme à but non lucratif incorporé le 14 juin 2013 dont les membres proviennent de Villeray-Saint-Michel, Parc Extension, Ahuntsic-Cartierville, Saint-Laurent et ville Mont-Royal sous la gouverne de Raymond Prince et Maurice Chacron.
Les membres de ce groupe ont soutenu un abaissement des altitudes d’approches des avions se traduisant par un niveau de bruit supérieur ainsi qu’une augmentation des atterrissages la nuit.
Par voie de communiqué, ‘Les pollués de Montréal-Trudeau’ réclament que Transports Canada interviennent pour relever Aéroports de Montréal de son rôle de gestionnaire du climat sonore aérien lui reprochant son opacité dans ce dossier.
Le maire de Mirabel, Jean Bouchard, qui lors d’une conférence de presse, le 13 mars dernier s’inquiétait de l’avenir de l’aérogare de l’aéroport de Mirabel, émit un communiqué, peu avant 15h00. Il y déclara que ‘c’est un non-sens de songer à démanteler ces installations’ et que ‘jamais ADM n’a fait la démonstration que l’aérogare souffrait de problèmes structurels ou d’une telle dégradation qui justifiait sa démolition’.
De toute évidence, l’élu ne baisse pas les bras et propose ‘d’y implanter un centre de foire international qui pourrait accueillir un salon international de l’aéronautique comme on le fait notamment en France, au Salon du Bourget’.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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