MONTRÉAL – Décidément, Bombardier veut rester sur la sellette même en ce dernier jour d’une semaine où l’avionneur montréalais a occupé les grands titres de la presse aéronautique et économique, non seulement au Québec mais autour du monde.
Selon un article de l’agence Bloomberg signé par Julie Johnson et Michael Sasso, repris par le quotidien The Wichita Eagle, le CSeries serait en liste pour une méga commande du géant américain United Continental Holdings, né de la fusion de United Airlines et Continental Airlines en août 2010, en compétition avec l’E-Jet E2 de sa rivale brésilienne Embraer.
Cette grosse commande est conditionnelle à la ratification d’une extension de deux ans du contrat des pilotes du transporteur de Chicago dont le chiffre d’affaires s’est élevé en 2014 à 38 milliards de dollars américains, emploie 84 000 employés et dont sa flotte de plus de 700 avions dessert 370 destinations aux Etats-Unis et dans le monde à partir de neuf hubs.
Le nouveau président d’United Continental Holdings, Oscar Munoz, vise rapatrier à l’interne, des vols effectués en ce moment par des transporteurs régionaux partenaires utilisant des 50 places au confort limité et gourmands en carburant.
L’acquisition d’avions de 100 places par les Majors comme United Continental plairait aux pilotes par les possibilités d’embauche qui en découleraient et par l’attrait qu’exerce sur le pilotes la chance de voler sur des appareils dernier cri, un phénomène nommé dans l’industrie ‘Shiny Jet Syndrome’.
Pour Embraer, une telle commande s’ajouterait à celles des transporteurs américains Sky West Airlines pour 100 E175-E2 passée le 17 juin 2013 lors du Salon du Bourget et celle de Trans State Holdings pour 50 E175-E2, le 14 juillet 2014 lors de Farnborough International. L’avionneur brésilien a enregistré un total de 325 commandes pour ses E-Jets E2 : 175 E175-E2, 85 E190-E2 et 90 E195-E2.
Lancé au Salon du Bourget 2013, l’E-Jet E2 est une version remotorisée avec le PW1000G Pure Power de Pratt & Whitney. Il sera équipé de commandes de vol électrique et d’une avionique modernisée compatible avec celle des E-Jet lancés au Salon du Bourget 1999 et en production depuis 2002. Plus de 1401 E-Jet ont été commandés dont 1137 livrés : 188 E-170, 291 E-175, 518 E-190 et 140 E-195.
Pour Bombardier, cette éventuelle première commande du CSeries en plus d’un an pourrait marquer la sortie de la léthargie de ce programme dont le carnet de commandes ne s’est rempli qu’à coups de petits achats. Une conséquente commande d’un poids-lourd américain comme United Continental pourrait servir d’exemple aux autres constructeurs et représenterait une reconnaissance de l’utilité de l’appareil sur un créneau, celui des 100 à 130 places, qui n’a jamais décollé
Il faut souligner que le CS100 accueille de 108 à 120 passagers alors que le CS300 de 130 à 140 et même 160 dans une version à haute densité.
La gamme E-Jets E2 selon les modèles offre de 80 à 132 sièges : l’E175-E2 de 80 à 88, l’E190-E2 de 97 à 106 et l’E195-E2 de 118 à 132 et même 144 en version ‘haute densité’.
De l’avis de l’analyste Kevin Michaels d’ICF International rejoint au téléphone, qui n’était pas au courant de cet intérêt de United Continental pour le CSeries, plusieurs méga commandes seront nécessaires pour rétablir les finances de Bombardier.
Nous nous rappellerons que le succès des CRJ dans les années 1990 s’est bâti sur les méga commandes de transporteurs américains : Air Wisconsin, Atlantic Southeast Airlines, Comair, Delta Connection, Endeavor Air, ExpressJet, Independence Air et SkyWest.
Le titre de Bombardier (BBD-B.TO) au Toronto Stock Exchange a clôturé en ce vendredi 9 octobre 2015 à CAN$1,66 en hausse de CAN$0,10 ou 6,41% après avoir atteint CAN$1,67.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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