MONTRÉAL – Le nouveau président du Conseil d’administration de l’Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), John Maris, souhaite que les PME deviennent la préoccupation principale de l’organisme. Il s’agit d’un virage important pour cette association puisque John Maris est le premier entrepreneur provenant d’une petite entreprise, Marinvent, à en prendre la tête.
Pilote et entrepreneur
John Maris est un pilote d’essais dont le carnet de vol compte plus de 6000 heures. C’est en 1983 qu’il a fondé Marinvent, une entreprise de consultation dans le secteur aérospatial dont les bureaux sont situés à proximité de l’aéroport de Saint-Hubert, en banlieue de Montréal. C’est d’ailleurs là qu’est basé son avion d’essais, un Piagio P180 Avanti.
Cet avion, piloté par John Maris, a d’ailleurs été utilisé récemment par la NASA pour tester son logiciel TASAR (Trafic Aware Strategic Aircrew Request) qui aidera les transporteurs aériens à réduire leur consommation de carburant et leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce contrat a valu au partenaire américain de Marinvent, la compagnie AdvAero, qui est également présidée par John Maris, le prix «Small Business Subcontractor Of The Year» pour 2014 décerné par la NASA.
Regrouper les PME dans des consortiums
Selon John Maris, le principal problème des entreprises aérospatiales canadiennes, c’est leur trop petite taille. La priorité pour ces entreprises est d’atteindre une masse critique suffisante pour pouvoir discuter avec les grands manufacturiers internationaux. M. Maris explique qu’une entreprise qui compte moins d’une centaine d’employés et dont le chiffre d’affaires est inférieur à 50 millions de dollars par année n’existe pas pour un géant comme Airbus.
La solution qu’il propose consiste à regrouper plusieurs PME, des centres de recherches et des maisons d’enseignement dans des consortiums de plus grande taille qui pourront aller chercher des contrats importants. Dans l’année qui vient, l’AIAC mettra au point un manuel de procédures qui expliquera à ses membres les meilleures façons de créer ces consortiums. De plus l’AIAC recherchera les programmes gouvernementaux qu’ils pourraient mettre à profits. Dans une certaine mesure, ce modèle s’inspire de celui mis au point par le CRIAC, mais adapté aux PME.
Depuis deux ans, l’AIAC a chargé son comité PME, présidé par John Maris, d’étudier cette question. Le comité a notamment analysé les programmes de financement de la Banque de développement du Canada (BDC) ainsi que les programmes d’assurance exportations d’Exportation et développement Canada (EDC) afin de s’assurer que leur utilisation par des PME ne présentait pas de difficultés particulières.
Le comité PME, aidé par la firme KPMG, a été heureux de conclure que ce n’était pas le cas. Il reste toutefois du travail à effectuer afin de s’assurer que les futurs consortiums pourront faire approuver à l’avance par ces agences, avant même de soumissionner pour un contrat, les plans de financement et les programmes d’assurance appropriés.
Les autres grands dossiers
Plusieurs autres sujets nécessiteront également une attention particulière de la part de l’AIAC au cours de l’année qui vient. John Maris qui est très optimiste à l’endroit du nouveau gouvernement énonce les priorités suivantes :
Les petites comme les grandes entreprises bénéficieraient grandement d’une importante simplification des programmes d’aide aux entreprises de ce secteur. Le comité PME a dénombré quelque quatre milles de ces programmes. Les grandes entreprises emploient des personnes à plein temps et des consultants pour en tirer un maximum d’avantages. Malheureusement une PME moyenne, dont les ressources administratives sont limitées, n’arrive pas à en utiliser plus d’un ou deux.
La redéfinition de la politique spatiale du gouvernement fédéral est également une autre des préoccupations de John Maris. Il rappelle que, dans les années 80, il occupait un poste de direction au sein de l’équipe qui a mis au point le bras Canadarm qui a équipé les navettes spatiales américaines.
L’AIAC suivra également de près le processus de remplacement des chasseurs F-18. Par contre elle ne prendra pas position sur une éventuelle décision par le gouvernement Trudeau de renoncer au F-35. John Maris explique que les membres de son association sont divisés sur la question ; certains favorisent cet avion alors que d’autres préféreraient une autre solution. La seule chose que peut faire l’AIAC dans ces circonstances est de s’assurer que le processus suivi soit rapide et équitable.
John Maris est heureux de son élection à la tête de l’AIAC, mais il précise que «le fait que j’aie été élu comme président du Conseil d’administration n’est pas la chose la plus importante. Ce qui est vraiment important, c’est que l’AIAC ait choisi un dirigeant de PME pour la première fois. C’est une grande marque de confiance.»
Après des études en science politique à l’Université du Québec à Montréal et à l’Institut d’études politiques de Paris, Daniel Bordeleau a entamé une carrière de journaliste qui s’étale sur plus de 35 ans. Il a travaillé principalement pour la Société Radio-Canada où il est d
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