L’aéroport de Saint-Hubert plus silencieux par Daniel Bordeleau.
L’aéroport de Saint-Hubert pourrait devenir moins controversé si la ville de Longueuil arrive à convaincre les écoles de pilotage d’installer de nouveaux silencieux sur leurs avions. À l’occasion du sixième colloque aérotechnique organisé conjointement par le Centre technologique en aérospatiale (CTA) et par l’École nationale d’aérotechnique (ENA), la mairesse de Longueuil, madame Caroline Saint-Hilaire et le directeur du CTA, monsieur Pascal Désilets, ont présenté cette nouvelle solution technologique qui permettra aux longueuillois qui résidents dans l’axe des pistes de l’aéroport de bénéficier d’une réduction de bruit significative.
Une étude convaincante
Le CTA a testé l’automne dernier un premier silencieux fabriqué par la compagnie allemande Gomolzig, un dispositif qui vient d’être certifié par Transport Canada, une première au pays. De plus le CTA s’apprête à en tester un second qui est fabriqué par la compagnie française Scai-Tech et qui sera lui aussi certifié prochainement par l’organisme fédéral. Ces essais ont été effectués sur un Cesna 172 appartenant à l’ENA, un des avions les plus utilisé par les écoles de pilotage. Les résultats obtenus lors des premiers essais ont permis de conclure que ces silencieux sont d’une réelle efficacité tout en restant assez peu coûteux.
L’équipe de monsieur Désilets a d’abord estimé que le bruit émis par les avions des écoles de pilotage devenait gênant lorsqu’il dépassait 70 dba, soit le niveau sonore d’une conversation normale. La première constatation est que le bruit produit par un Cesna 172 régulier dépasse ce niveau que ce soit en circuit, en vol de croisière et, à plus forte raison, au décollage. Comme le montre le graphique ci-dessous, l’utilisation du silencieux Gomolzig permet de réduire le niveau sonore du Cesna 172 de 81 dba à 78,5 dba lors du décollage, ce qui constitue une réduction de 44 %. Lorsque l’avion effectue un circuit autour de l’aéroport, comme c’est habituellement le cas des élèves qui effectuent des poser-décoller à répétition, le niveau sonore passe de 72,5 dba à 67,6 dba, une diminution de 68%. Le décollage demeure très bruyant, dépassant largement le niveau de 70 dba en raison de l’hélice à pas fixe qui équipe les Cesna 172. Une hélice à pas variable permettrait de réduire beaucoup plus le niveau sonore de l’avion, mais il s’agit d’une modification qui peut coûter environ 15 000 $ alors que le silencieux Gomolzig ne coûte que 5 000 $.
Source : Centre technologique en aérospatiale
Comme le montre le graphique ci-dessous, le nombre de secondes durant lesquelles le niveau sonore d’un avion équipé du silencieux Gomolzig dépasse le niveau de 70 dba est réduit par rapport à un avion équipé d’un silencieux d’origine. Cette durée est de 11 secondes avec le silencieux régulier et de 7 secondes avec le silencieux Gomolzig, une diminution de 36 %. Le rapport ajoute que ce silencieux ne cause pas de réduction mesurable des performances du moteur mais que l’entretien est « plus laborieux que celui de l’échappement d’origine ». Finalement, la durabilité des silencieux Gomolzig n’a pas pu être évaluée.
Source : Centre technologique en aérospatial
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Longueuil propose sa contribution
La mairesse de Longueuil, madame Caroline Saint-Hilaire, a pour sa part annoncé que son administration a prévu un budget de 100,000$ pour aider les écoles à acheter et à installer de nouveaux silencieux sur leurs avions. Les modalités de cette contribution sont présentement en négociations avec les écoles de pilotage. L’aéroport de Saint-Hubert héberge 52 Cesna 172, 150 et 152 qui servent pour la plupart comme avions-école. Les silencieux coûtent 5 000$ chacun plus les frais d’installation, un total de 260,000$. En effectuant un achat groupé important, ce prix pourrait évidemment être négocié à la baisse. De plus l’installation peut habituellement être effectuée par le personnel d’entretien des écoles. L’investissement demeure important, mais la mairesse Saint-Hilaire a bon espoir de les convaincre. Elle a conclu en affirmant « qu’il s’agit d’une mesure qui contribuera à faire de l’aéroport de Saint-Hubert l’important moteur économique qu’il est pour Longueuil et toute notre région ».
Daniel Bordeleau
daniel.h.bordeleau@infoaeroquebec.net
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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