MONTRÉAL – Nombre de mots : 601 – Temps de lecture : 3 minutes.
La Société en commandite Avions C Series n’est plus. Voici la Société en commandite Airbus Canada. Le 14 mars dernier, c’est par un laconique communiqué de presse que fut annoncé par le constructeur franco-germano-espagnol Airbus qu’il procédait au changement de nom de la Société en commandite Avions C Series, officialisé le 1erjuillet 2018. Celle-ci s’appellera désormais Société en commandite Airbus Canada.
Nul besoin, cette fois-ci, d’avoir recours à une grande fête où la crème des mondes politiques montréalaise, québécoise et canadienne, ni le gratin de l’industrie et des milieux associatifs de l’aérospatiale, ni la presse n’auraient été invités.
Fini le grand Love-In du 16 octobre 2017 à l’hôtel Sheraton Centre-ville de Montréal, ni celui du lendemain aux ateliers de Bombardier à Mirabel. Bombardier et tout le Québec avaient trouvé en Airbus, un sauveur pour son biréacté de cent places C Series et un Chevalier blanc qui les sauverait du ‘méchant’ Boeing.
C’est tout discrètement pour ne pas dire sournoisement qu’Airbus étend son emprise sur les industries aérospatiales québécoise et canadienne. Le loup est maintenant dans la bergerie.
Le 10 juillet 2018, Airbus fait disparaître le nom C Series sur l’avion en le rebaptisant A220, selon la nomenclature Airbus puis maintenant de la raison sociale de l’entreprise conjointe. Cela présage de la disparition prochaine de la participation de Bombardier et du gouvernement du Québec par le biais d’Investissement Québec, au capital de la Société en commandite.
Les étapes de la conquête sont évidentes : hier, l’installation du logo Airbus sur les ateliers du C Series à Mirabel et la disparition du nom CSeries au profit d’A220; maintenant le changement de nom de la Société et demain, la prise totale du capital par l’avionneur franco-germano-espagnol.
Car jamais Airbus n’a été intéressé par le C Series, il suffit de se rappeler des désobligeants propos tenus par le grand manitou des ventes d’Airbus, John Leahy, ancien vendeur chez Piper Aircraft avant son ascension outre-Atlantique. À plusieurs reprises, il le qualifia de façon péjorative de ‘Little cute aircraft’ sans avenir.
Il ne fait aucun doute que le but ultime d’Airbus de se rapprocher de Bombardier et de son CSeries en est un de conquête.
Plusieurs raisons ont poussé le pdg d’Airbus, Tom Enders, de venir à la rescousse du CSeries après que son chef des ventes l’ait si souvent dénigré au grand jour :
À plus long terme, regagner les faveurs d’Air Canada lors de son prochain cycle de renouvellement de sa flotte comme du temps de Pierre Jeanniot et espérer éloigner WestJet de son fournisseur historique, l’américain Boeing. Quant à Air Transat, son inébranlable allégeance à Airbus n’est pas d’hier alors que le transporteur aérien québécois se retrouvera parmi les tout-premiers utilisateurs de l’A321neoLR sur ses vols transatlantiques.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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