MONTRÉAL – Nombre de mots : 793 – Temps de lecture : 4 minutes. En ce dernier lundi de janvier 2017, sur le coup de 13h00, la Vice-première ministre depuis octobre 2017, Ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Ministre responsable de la Stratégie numérique depuis janvier 2016, Dominique Anglade prit la parole devant plus de 420 personnes réunies par le Cercle Canadien de Montréal à l’hôtel Bonaventure de Montréal sur le thème ‘Le Québec : une économie forte et prospère!’.
Rappelons qu’avant son entrée en politique en 2015 par son élection de Députée de la circonscription provinciale de Saint-Henri-Sainte-Anne, madame Anglade, titulaire d’un baccalauréat en génie industriel de l’École Polytechnique de Montréal et d’une maîtrise en administration des affaires (MBA) de HEC Montréal, a connu une brillante carrière dans le secteur privé. D’abord, chez Proctor & Gamble, en tant qu’ingénieure avant d’être promue à 24 ans chef d’un département d’opérations à la tête de plus d’une centaine d’employés, puis chez Nortel Networks, dans la gestion stratégique de la chaîne avant d’accéder au poste de directrice des affaires externes et gouvernementales de l’entreprise au Québec. Finalement chez McKinsey & Company, elle développe une expertise reconnue dans le domaine des transformations majeures d’organisations avant d’occuper la fonction de présidente-directrice générale de Montréal International où elle se vouera à  attirer les investissements étrangers, les organisations internationales et les talents stratégiques dans le grand Montréal.
Récipiendaire de 25 distinctions, dont celle de l’Ordre des ingénieurs du Québec, en 2014, madame Anglade est nommée Young Global Leader par le World Economic Forum de Davos.
La ministre Anglade s’adressa à cet auditoire dans le même immeuble où s’achevait la sixième ronde de pourparlers en vue du renouvellement de l’entente de libre-échange nord-américain, l’ALÉNA ou NAFTA, entré en vigueur le 1er janvier 1994, qui a institué une zone de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique.
Après avoir rappelé les trois piliers de la politique économique de son gouvernement qui sont : l’entreprenariat, le manufacturier innovant et les exportations, madame Anglade aborda, trois jours après son annonce, la décision de l’agence fédérale quasi-judiciaire, l’United States International Trade Commission (USITC) en faveur de Bombardier suite à la plainte logée par Boeing accusant l’avionneur québécois d’avoir vendu à un prix inférieur aux coûts, 75 C Series fermes à Delta Air Lines assortis d’autant d’options et d’avoir reçu des subventions illégales de la part du gouvernement du Québec.
Pour la Ministre, les intentions de Boeing ne furent pas moins que ‘de tuer l’innovation…’. Sans l’ombre d’un doute, ‘Ce fut très important que le Québec se tienne debout…et prenne tous les moyens pour lutter’, elle rappela que ‘le gouvernement du Québec a défendu le dossier de A à Z pour réussir à avoir le résultat que nous avons obtenu vendredi’. Elle enchaîna soulignant d’un gros trait que ‘la plainte de Boeing a été rejetée par quatre commissaires américains sur quatre’ ce qui lui valut une volée d’applaudissements de la salle. Madame Anglade ne manqua pas de remercier les membres de l’équipe de Bombardier avec qui son personnel travailla sur le dossier.
Toutefois, elle reconnut que ‘la chose n’est peut-être pas encore terminée…et qu’il faut rester vigilant’
En mêlée de presse, la Ministre interrogée sur la question du jugement de l’USITC a dû se prononcer sur la justesse de la cession à coût zéro pour Airbus, du programme C Series, financé en grande partie par le contribuable québécois.
Selon madame Anglade, la cession à coût nul à Airbus du programme du monocouloir biréacté de 100 à 150 places à l’avionneur franco-germano-espagnol était ‘inévitable…litige commercial avec Boeing ou non’.
Elle ne pouvait pas être plus claire et plus persuadée de la justesse de la manœuvre car elle affirma que Québec qui avait investi en octobre 2015, un milliard de dollars américains afin de détenir 49,5% de la société en commandite Avions C Series, savait que Bombardier devrait s’appuyer sur un partenaire extérieur.
Interrogée afin de savoir si selon la Ministre de l’Économie, la cession du programme C Series à Airbus fut une erreur, elle ne put être plus direct et convaincue ‘Absolument pas. Je ne pourrais être plus claire… Il fallait absolument un 3e joueur pour nous permettre d’aller chercher de nouvelles commandes d’avion’. Sans sourciller, elle conclut qu’’Il n’y avait pas d’autres options…l’entente avec Airbus était inévitable’.
Il est vrai que le C Series n’avait alors enregistré aucune vente depuis la commande de 45 CS300 assortie de 30 options d’Air Canada en juin 2016. Depuis la prise de contrôle du programme C Series par Airbus, un transporteur aérien européen non-identifié se serait engagé pour 31 CSeries fermes et 30 options alors qu’EgyptAir a commandé 12 CS300.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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