MONTRÉAL – Nombre de mots : 1024 – Temps de lecture : 8 minutes.  Face aux demi-vérités qui ont fusé depuis le dépôt par Boeing, numéro un mondial de l’aérospatiale, de la demande d’enquête auprès de l’US Department of Commerce sur les aides gouvernementales à Bombardier pour son CSeries, l’avionneur américain a décidé de lancer sur le web et à la radio, une campagne intitulée ‘Boeing in Canada’.
Cette campagne a pour double but de rétablir la vérité et de faire réaliser au public canadien l’impact économique de Boeing au Canada.
http://www.boeing.com/specialty/canada/index.page#/video
D’ailleurs, une collection complète de magnifiques vidéos produites par le service des communications de Boeing est visible sur le site du constructeur à http://www.boeing.com et sur YouTube à https://www.youtube.com/user/Boeing
Ainsi l’avionneur américain y rappelle qu’il dépense au Canada un peu plus de quatre milliards de dollars canadiens en achats de biens et services, procurant ainsi de l’emploi à 17500 personnes au sein de 560 entreprises.
Le Canada abrite l’une des plus importantes bases de fournisseurs internationaux de Boeing répartis dans toutes les régions du pays. Des partenaires canadiens fournissent des pièces aérospatiales pour tous les modèles d’avions commerciaux de Boeing et presque tous ses programmes militaires, y compris les hélicoptères de combat AH-64E Apache et de transport CH-47F Chinook, les convertibles V-22 Osprey, les avions de combat F/A-18E/F et F-15E, les avions de patrouille maritime P-8A Poseidon, les avions de transport stratégique C-17 Globemaster III et les avions d’entraînement T-45.
Boeing emploie directement quelques 2000 personnes d’un océan à l’autre aux installations de :
La plus imposante installation de Boeing au Canada est située à Winnipeg, au Manitoba où y sont produits des pièces, des composants, des sous-ensembles et des applications logicielles pour tous les jets commerciaux de l’avionneur américain. Boeing Winnipeg, qui emploie plus de 1500 personnes et qui fait partie de Boeing Fabrication, est le plus grand centre de fabrication de composites aérospatiaux au Canada. Ainsi 541 pièces et assemblages composites destinés à tous les modèles d’avions de ligne de Boeing y sont produits. Ces installations sont un fournisseur de rang 1 du Boeing 787 Dreamliner, responsable de la conception technique et de la fabrication du carénage d’emplanture d’aile ainsi que des portes du trains d’atterrissage principal.
À titre de comparaison, en dépit des plus de 150 avions de ligne fournis par Airbus à Canadian International, Air Canada et Air Transat, des centaines d’hélicoptères d’Airbus Helicopters sillonnant le ciel canadien, l’avionneur européen se procure au Canada pour à peine plus d’un milliard de dollars par année.
Il est bon de replacer les choses en son contexte ainsi que de corriger des inexactitudes plutôt défavorables à Boeing retrouvées sur certains sites internet.
Au moment du désengagement du gouvernement fédéral canadien des entreprises aéronautiques qu’il possédait, Boeing a mis la main sur les installations de de Havilland sises à l’aéroport de Downsview (YZD), en banlieue de Toronto, en 1986 pour $151 millions. Boeing souhaitait alors offrir une gamme complète d’appareils commerciaux du bi turbopropulsés de Havilland Dash 8-100 au quadriréacté géant Boeing 747. Mais le rêve tourna en cauchemar alors que l’avionneur de Seattle dû, à grand coût, moderniser des installations désuètes et affronter un syndicat hostile pour ne pas dire anti-américain. Après y avoir englouti un milliard de dollars, Boeing revendit les installations de Downsview pour $100 millions et Bombardier en hérita pour une somme symbolique de $51 millions avec garantie de reprise par le gouvernement de l’Ontario si les choses tournaient mal.
Rappelons que Bombardier acheta, grâce au gouvernement fédéral Conservateur de Brian Mulroney, Canadair pour un prix dérisoire avec garantie de retour au vendeur. Le Fédéral avait alors dépensé plus d’un milliard de dollars de l’époque sur le programme de bizjet biréacté Challenger 600 dont héritait le nouvel acquéreur.
Quant à la fermeture des installations de McDonnell Douglas Canada situées à l’aéroport Lester B. Pearson (YYZ) de Toronto et dont Boeing a hérité lors de sa fusion avec l’avionneur de Saint-Louis en 1997, il faut là encore rétablir les faits.
Ces installations dédiées à la construction des ailes des Douglas DC-9 puis des McDonnell Douglas MD-80, MD-82, MD-87, MD-88, MD-90, DC-10, MD-11, KC-10 et finalement Boeing 717 ont déjà employé plus de 5000 personnes aux plus beaux jours des biréactés et triréactés de McDonnell Douglas.
Mais suite à la fusion des deux géants américains, la décision fut prise de mettre fin à la production des MD-11 en 1998 et des MD-80 en 1999. La production du Boeing 717 se continua jusqu’en 2006 à la livraison du 156ième exemplaire qui marqua la fermeture définitive des installations torontoises.
Malheureusement, la production de la gamme historique de Douglas étant arrêtée à jamais, ces installations durent être fermées en 2006 après avoir livré plus de 3000 paires d’ailes. Fut aussi fermé le hall d’assemblage des MD-11 et MD-80 installé à l’aéroport de Long Beach, en Californie (LGB).
La vidéo ‘Boeing in Canada’ tente de répondre aux propos défavorables à Boeing tenus par des élus, des syndicalistes, des commentateurs, des journalistes, des bloggeurs qui, heureusement, ne sont pas partagés par nombre d’industriels canadiens, fournisseurs de Boeing. Mais ces doivent s’imposer le silence, au moins pour un temps, afin d’éviter ne pas déchaîner contre eux, les foudres de certains.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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