En ce dimanche 20 septembre 2015, 50ième jour de la campagne, le Parti Libéral du Canada par la voix de son chef et candidat au poste de premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a sorti de son chapeau, le dossier du F-35 et du remplacement des CF-18 Hornet de l’Aviation royale canadienne.
Entouré de partisans libéraux, monsieur Trudeau lors d’une activité partisane au Musée canadien de l’immigration situé à la jetée 21 du port d’Halifax en Nouvelle-Écosse déclara sans équivoque à défaut d’arguments valables: ‘We will not buy the F-35 fighter jet’.
Il propose de remplacer les McDonnell Douglas CF-18 Hornet entrés en service en 1983 par des aéronefs plus abordables que le Lockheed Martin F-35 Lightning II qu’il n’identifie nullement.
Du même coup, le député Libéral du comté électoral montréalais de Papineau, propose de lancer un nouvel appel d’offres ‘An Open and Transparent Competition’ qui souligna-t-il pour s’attirer les votes, inclura des avantages industriels garantis pour les entreprises canadiennes et leurs travailleurs.
En bon politicien opportuniste, Justin Trudeau n’a pas hésité à promettre aux électeurs de la Nouvelle-Écosse et plus largement des Maritimes où se trouvent les grands chantiers navals canadiens d’Irving que les sommes économisées par l’élimination du F-35 seront investies dans le renouvellement des navires de la Marine royale canadienne.
Justin Trudeau justifia son rejet du F-35 en soulignant que la mission principale des remplaçants de CF-18 sera défense de l’espace aérien nord-américain.
Il semble oublier les obligations du Canada découlant de ses alliances militaires.
De toute évidence, par son appartenance à l’OTAN, le rôle des Forces armées canadiennes ne se limite pas à la défense du continent nord-américain qui relève du NORAD. Les avions de combat de l’Aviation royale canadienne pourront être amenés à des opérations conjointes avec ses alliées de l’OTAN au-dessus de territoires fortement défendus et contrôlés par des gens peu soucieux de la Convention de Genève quant au sort d’un pilote occidental capturé.
Monsieur Trudeau en réponse à une question d’une journaliste, affirma sans aucune hésitation que de choisir un avion de combat autre que le F-35 ‘will make save billions of dollars’. Comment peut-il affirmer une telle ineptie sachant qu’au plus l’achat des 65 F-35 coûtera environ 45,8 milliards de dollars canadiens étalés sur 42 ans selon une étude du Ministère de la défense nationale datée de décembre 2012.
De plus, il est de notoriété publique, que le coût unitaire de tout aéronef, civil ou militaire, diminue avec l’augmentation des cadences de production et le F-35 ne fera pas exception à la règle.
Par conséquent, le coût unitaire des F-35 des Forces armées canadiennes, au moment de leur achat grâce à la réduction des coûts engendrée par la montée en cadence de la production, sera comparable à celui de ses concurrents, des avions de quatrième génération conçus dans les années 1980 remis au goût du jour et qui dans le cas de deux d’entre eux, n’ont été équipés que très récemment d’un radar à balayage électronique actif ou Active Electronically Scanned Array (AESA), un équipement présent dans le cahier du charge du F-35.
À l’instar de son prédécesseur, le F-16, le F-35 sera à certainement construit à plus de 4000 exemplaires contre au mieux 400 dans le cas du Dassault Rafale et de 750 dans celui de l’Eurofighter Typhoon. Ceci est un garantie aussi bien au niveau de la réduction des coûts de construction que d’entretien du F-35 que du volume des retombées économiques pour les fournisseurs canadiens du F-35.
Les Libéraux fédéraux nous a habitué à ce genre de manœuvre électoraliste.
Rappelons-nous de l’élection en 1993 du maître à penser de Justin Trudeau, Jean Chrétien qui avait annulé dès sa prise du pouvoir, le contrat passé par le gouvernement conservateur de Brian Mulroney en 1990 pour l’achat d’hélicoptères GKN Westland EH-101 qualifiés de façon opportuniste par le chef Libéral de ‘Cadillac’. Son annulation coûta aux contribuables canadiens la bagatelle de 478 millions de dollars de l’époque, ce qui n’empêcha pas le gouvernement Libéral d’acquérir en 1998, 15 Cormorant, essentiellement des EH-101 rebaptisés et livrés entre 2001et 2003.
Sous le régime Conservateur de Stephen Harper, trois programmes d’acquisition de matériel aéronautique militaire ont été menés à bien, en douceur et dans le respect des budgets et des dates de livraison : ceux des quadriréactés de transport stratégique Boeing C-17 Globemaster III, des hélicoptères lourds Boeing CH-47F Chinook et des quadriturbopropulsés de transport tactiques Lockheed Martin C-130J Hercules.
Faut-il rappeler que le F-35 a été sélectionné non seulement par l’US Air Force, l’US Navy et l’US Marine Corps, mais aussi par le Royaume-Uni, l’Australie, la Turquie, l’Italie, les Pays-Bas et la Norvège.
Mais encore plus significatif reste la sélection du F-35 par deux forces aériennes des plus sélectives et rigoureuses au monde dans leur processus d’acquisition de matériel militaire, Heyl Ha’Avir, l’armée de l’air d’Israël et les Japan Self Defence Forces avec des commandes initiales de 75 et 42 appareils.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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