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Vous vous souviendrez que lors de la campagne électorale fédérale canadienne de 2015 tourna en partie sur le Lockheed Martin F-35 Lightning II.
Quatre ans plus tard, Justin Trudeau, le premier ministre du Canada depuis l’élection d’octobre 2015, chef du Parti Libéral du Canada, candidat à sa réélection à la tête du pays lors des élections du 21 octobre 2019, semble avoir oublié, son cheval de bataille de l’élection de 2015 : son rejet du Lockheed Martin F-35A Lightning II au remplacement des actuels F-18 Hornet de l’Aviation royale canadienne (ARC).
Cette belle et opportuniste promesse, parmi bien d’autres, lui ouvrit malheureusement les portes du 24 Sussex Drive, résidence officielle du Premier ministre du Canada au détriment du premier ministre en poste, le Conservateur Stephen Harper.
Personne ne peut oublier ce célèbre dimanche 20 septembre 2015, 50ième jour de la campagne alors que le Parti Libéral du Canada par la voix de son chef et candidat au poste de premier ministre du Canada, Justin Trudeau, sortait de son chapeau, le dossier du F-35 et du remplacement des F-18 Hornet de l’Aviation royale canadienne.
Entouré de partisans libéraux, monsieur Trudeau lors d’une activité partisane au Musée canadien de l’immigration situé à la jetée 21 du port d’Halifax en Nouvelle-Écosse déclara sans équivoque à défaut d’arguments valables: ‘We will not buy the F-35 fighter jet’.
D’un ton décidé, le jeune et inexpérimenté candidat au sourire niais proposa alors de remplacer les McDonnell Douglas F-18 Hornet entrés en service en 1983 par des aéronefs plus abordables que le Lockheed Martin F-35 Lightning II qu’il n’identifia nullement.
Du même coup, le député Libéral du comté électoral montréalais de Papineau, proposa de lancer un nouvel appel d’offres ‘An Open and Transparent Competition’ qui souligna-t-il pour s’attirer les votes, inclura des avantages industriels garantis pour les entreprises canadiennes et leurs travailleurs.
En bon politicien opportuniste, Justin Trudeau n’avait pas hésité à promettre aux électeurs de la Nouvelle-Écosse et plus largement des Maritimes où se trouvent les grands chantiers navals canadiens d’Irving que les sommes économisées par l’élimination du F-35 seront investies dans le renouvellement des navires de la Marine royale canadienne.
Rappelons que si Stephen Harper avait été maintenu au pouvoir en 2015, le Canada aurait déjà reçu ses premiers F-35A aux côtés d’Israël, du Japon, de la Corée du Sud, du Royaume-Uni, de la Norvège, des Pays-Bas, de l’Italie et évidemment de l’US Marine Corps, de l’US Air Force et de l’US Navy.
Son bilan parlait en sa faveur. Sous son régime, trois programmes d’acquisition de matériel aéronautique militaire ont été menés à bien, en douceur et dans le respect des budgets et des dates de livraison : ceux des quadriréactés de transport stratégique Boeing C-17 Globemaster III, des hélicoptères lourds Boeing CH-47F Chinook et des quadriturbopropulsés de transport tactiques Lockheed Martin C-130J Hercules.
Faut-il rappeler que le F-35 a été sélectionné non seulement par l’US Air Force, l’US Navy et l’US Marine Corps, mais aussi par Israël, le Royaume-Uni, l’Australie, la Turquie, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, le Danemark, la Corée du Sud, le Japon et plus récemment la Pologne.
Déjà plus de 435 F-35 ont été livrés qui ont effectué plus de 220 000 heures de vol à partir de 19 bases aux États-Unis, en Israël, au Royaume-Uni, en Italie, en Australie, en Norvège, en Corée du sud et au Japon.. le F-35 est déclaré opérationnel au sein de l’US Air Force, de l’US Marine Corps, de l’US Navy, Heyl Ha Avir, la Royal Navy, la Royal Australian Air Force, l’Aeronautica Militare et la Japan Air Self-Defense Force.
Mais encore plus significatif reste la sélection du F-35 par deux forces aériennes des plus sélectives et rigoureuses au monde dans leur processus d’acquisition de matériel militaire, Heyl Ha’Avir, l’armée de l’air d’Israël et la Japan Air Self-Defence Force avec des commandes initiales de 75 et de plus de 147 appareils.
Les F-35A de l’Armée de l’air israélienne ont même effectué des missions de combat profondément en territoires hostiles ainsi que les F-35B de l’US Marine Corps au-dessus de l’Irak et de la Syrie.
Et où en le dossier du remplacement des F-18 de l’Aviation royale canadienne après quatre ans de pouvoir de Justin Trudeau? Finalement, un appel d’offres a été rendu public par le gouvernement du Canada alors que le pays a conclu, en janvier 2019, l’achat de vingt-cinq vieux F-18C/D de la Royal Australian Air Force afin d’épauler les F-18 canadiens poussifs.
Un gouvernement Harper aurait déjà entamé le processus remplacement des ravitailleurs en vol Airbus CC-150 Polaris, celui des avions de patrouille maritimes Lockheed CP-140 Aurora (P-3 Orion) très certainement et, heureusement, avec les Boeing KC-46A Pegasus et Boeing P-8A Poseidon.
Il est vrai que le gouvernement Trudeau suite au diffèrent entre Boeing et Bombardier au sujet du CSeries avait rejeté l’offre du constructeur américain pour 18 F-18E/F comme solution intérimèraire.
Quoiqu’il en soit, Justin Trudeau et son équipe Libérale ne se sont pas souvenu de brandir le spectre du F-35 pour tenter de se maintenir au pouvoir. Cela montre la profondeur de cet homme politique et des stratèges de son parti et souligne le côté opportuniste de l’individu.
Les deux sérieux candidats au remplacement des F-18 de l’Aviation royale canadienne sont maintenant les Boeing F-18E/F et LockheedMartin F-35A. Pour ma part, je crois bien que le F-35A l’emportera bien que le Super Hornet soit aussi un bon avion de combat, mais l’avion de LockheedMartin devient la norme aussi bien au sein de l’OTAN que de celui des alliés de Washington en Asie par ses capacités supérieures pour ne pas dire exceptionnelles. Dassault Aviation a retiré de la compétition son Rafale, Airbus Defense & Security, son Typhoon alors que pour l’instant Saab maintient dans la course son Gripen E.
Les Libéraux s’ils sont réélus trouveront alors une pirouette pour expliquer leur choix qu’il se porte sur l’avion de Boeing ou sur celui de LockheedMartin. Mais faudrait-il d’abord que le bon peuple se souvienne des changements de cap des Libéraux fédéraux qui nous ont habitué à ce genre de manœuvre électoraliste.
Pensons à l’élection de 1993 qui porta au pouvoir le maître à penser de Justin Trudeau, Jean Chrétien, qui avait annulé dès son entrée en fonction, le contrat passé par le gouvernement conservateur de Brian Mulroney en 1990 pour l’achat d’hélicoptères GKN Westland EH-101 qualifiés de façon opportuniste par le chef Libéral de ‘Cadillac’. Son annulation coûta aux contribuables canadiens la bagatelle de 478 millions de dollars de l’époque, ce qui n’empêcha pas le gouvernement Libéral d’acquérir, en 1998, 15 Cormorant, essentiellement des EH-101 rebaptisés et livrés entre 2001et 2003.
En passant, les avions de campagne de Justin Trudeau sont deux Boeing 737, un 737-800 Next Generation immatriculé C-GTQB provenant d’Air Transat et un 737-200, C-GNLE de Nolinor.
En attendant, ceux qui voudront voir des F-35A décoller, voler et atterrir, peuvent se rendre à l’aéroport international de Burlington au Vermont ((BTV) afin d’admirer les touts premiers F-35A du 158th Fighter Wing ‘Green Mountain Boys’ de la Vermont Air National Guard qui ont remplacé les F-16A Fighting Falcon qui avaient à leur tour remplacer les F-4D Phantom II.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
Bravo pour cet article.
la vérité fait souvent mal a entendre. Mais c’est la vérité