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MONTRÉAL –  Jeudi sur le coup de dix heures s’ouvrit l’assemblée annuelle d’Aéroports de Montréal au siège de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) en plein centre-ville de Montréal.
Incorporée en 1989, Aéroports de Montréal ou simplement ADM qui chapeaute les aéroports de Montréal-Trudeau et Montréal-Mirabel est l’autorité aéroportuaire du Grand Montréal créée dans la foulée du Programme de cession des aéroports. ADM est liée à Transports Canada par un bail qui a pris effet le 31 juillet 1992, il y a 25 ans, et qui viendra à échéance en 2072.
Ainsi il s’agissait de la première assemblée générale d’Aéroports de Montréal avec à sa tête, Philippe Rainville qui a succédé à James Cherry le 1er janvier 2017, suite à la décision de ce dernier de prendre sa retraite après 15 ans à la barre d’ADM.
Monsieur Normand Legault, président du conseil d’administration rappela que monsieur Rainville travaille au sein de l’entreprise depuis une dizaine d’années ayant auparavant occupé les fonctions de vice-président, Planification aéroportuaire, ingénierie et construction et vice-président, Finances et administration et chef de la direction financière.
Il conclut sa courte introduction en soulignant l’arrivée au Conseil d’administration de Josée P. Dorais à titre d’administrateur, avocat spécialisé en droit des affaires et en droit du développement durable, et invita monsieur Rainville a présenté les résultats pour l’année 2016 et le premier trimestre 2017.
Tout de go, le pdg d’Aéroports de Montréal, fit part de bonnes nouvelles. En 2016, Montréal-Trudeau a accueilli seize millions de passagers, une hausse de 6,9% par rapport à 2015, la 7e hausse consécutive depuis la fin de la récession de 2009. En 2001, environ, huit millions de passagers empruntèrent les aéroports de Montréal et treize millions en 2008.
Le nombre de passagers du transfrontalier ont cru de 4,3%, ceux à l’international de 6,0% mais ceux du domestique ont fait un bond de 9,5%.
Aux dires de monsieur Rainville, Montréal-Trudeau s’est développé comme la plaque tournante de la Francophonie en Amérique du Nord par de nombreux vols vers Paris et Lyon, Bruxelles et Genève, Casablanca, Alger et Tunis.
En 2016, trois nouveaux transporteurs, Wow air, Icelandair et Tunisair, se sont ajoutés pour porter le total à 32 transporteurs.
Montréal-Trudeau dessert maintenant à 136 destinations directes don 83 internationales, 28 au Canada; et 25 aux États-Unis dont nouvellement: Reykjavik, Tunis, Denver, San Juan (Porto Rico) et Glasgow.
La nouvelle desserte la plus marquante reste, sans contredit, Shanghai desservi quotidiennement par un Boeing 787 Dreamliner d’Air Canada depuis février.
Air Canada desservira bientôt Reyjavik, Alger, Marseille, Dallas, Tel Aviv et Lima. Montréal sera désormais reliée par vol direct à l’Amérique du Sud : Air Transat, Tel Aviv et Porto et WestJet, Québec, Halifax et Boston.
Montréal – Paris, avec jusqu’à huit départs par jour, demeurera la liaison internationale la mieux desservie au départ de Montréal.
Le nombre de passagers en correspondance a atteint un nouveau record avec trois millions de passagers soit 18,6% du trafic. En dix, le nombre de passagers en correspondance a doublé. Certains vols long-courriers comptent plus de 50 % de passagers en correspondance, les vols vers l’Asie, nommément Beijing et Shanghai, comptent beaucoup sur le trafic de correspondance.
Le pdg d’Aéroports de Montréal annonça avec plaisir que le pourcentage de passagers satisfaits, très satisfaits ou extrêmement satisfaits atteignait 97,7 % au départ et 96,1 % à l’arrivée.
Au chapitre de la sécurité, Aéroports de Montréal a investi plus de cinquante millions de dollars en 2016 et a poursuivi l’aménagement des nouveaux points de contrôle permanents des non-passagers et des véhicules aux points d’entrée du site aéroportuaire qui ‘sont ni plus ni moins que des postes-frontières’ affirma monsieur Rainville.
L’an dernier, les investissements ont atteint près de 255 millions de dollars.
Alors que Montréal – Dorval accueille depuis la suspension des vols commerciaux à Mirabel, tous les de passagers, Mirabel étant devenu un parc aéronautique et industriel accueillant de nombreuses entreprises aéronautiques dont Pratt & Whitney Canada, Turbomeca, L3 MAS et la chaine d’assemblage des CRJ et CSeries de Bombardier.
En 2016, cinquante-huit millions de dollars ont été investi dans la réfection d’une des deux pistes de 12 000 pieds. Pour sa part, le démantèlement du bâtiment de l’ancienne aérogare est maintenant chose faite.
En 2016, les revenus d’Aéroports de Montréal ont atteint 527 millions de dollars, soit 7,9 % de plus que l’année précédente tandis que les charges d’exploitation ont augmenté de 5,8 %.  À eux seuls, le loyer à Transports Canada et les taxes municipales ont totalisé 96,2 millions de dollars, soit environ 20 % des revenus bruts.
Néanmoins, l’exercice s’est ainsi soldé par un excédent comptable des produits sur les charges de 35,8 millions de dollars et le BAIIA s’est établi à 254 millions de dollars, une hausse appréciable de 9,3% par rapport à 2015.
Quant au premier trimestre 2017, le trafic à l’aéroport Montréal-Trudeau a atteint quatre millions de passagers, en hausse de 6 % alors que les produits consolidés se sont élevés à 134 millions de dollars, une hausse de 6,5 % principalement attribuable à l’accroissement du trafic passagers.
Pour leur part, les charges d’exploitation sont passées à 49,4 millions de dollars, une augmentation de 9,3 % conséquence de la mise en opération de la jetée internationale et de l’augmentation des coûts liés aux conditions hivernales.
Néanmoins, le trimestre terminé le 31 mars 2017 s’est soldé par un excédent comptable des produits par rapport aux charges de 2,8 millions de dollars avec un BAIIA en hausse de 4,7% pour atteindre 59,8 millions de dollars.
Au chapitre du développent durable, Aéroports de Montréal a investi huit millions de dollars en 2016 selon monsieur Rainville alors d’ADM est passé au niveau 3 du Airport Carbon Accreditation en 2016 après avoir été certifié ISO 14001 en 2000 et BOMA BESt en 2008.
Plusieurs gestes ont été posé dont la recherche de la certification LEED de la nouvelle jetté internationale, l’édification d’un mur végétal, l’installation de bornes de recharge additionnelles pour les voitures électriques tandis que la moitié de la flotte des taxis desservant l’aéroport est hybride.
Monsieur Rainville a rappelé que la gestion du climat sonore reste toujours un sujet d’intérêt pour lui bien que cette responsabilité incombe aussi à NavCan. D’ailleurs, à l’assemblée générale, très peu de questions portant sur le bruit ne furent posées.
Bien qu’il s’agisse d’une responsabilité partagée pour le climat sonore entre Transports Canada, Nav Canada, ADM et les transporteurs, de par sa mission, ADM a le devoir de maintenir un équilibre entre fournir les prestations aéroportuaires, participer activement au développement économique de la région et cohabiter de façon harmonieuse avec le milieu. Rôle qu’elle prend très au sérieux
En 2016, les investissements d’ADM atteindront le demi-milliard de dollars pour 2016 et 2017.
Au rythme de 250 millions de dollars pour chacune des deux années, ces investissements toucheront plusieurs secteurs de l’aéroport.
ADM et l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) ont travaillé conjointement avec une firme d’experts de réputation mondiale en matière de planification/conception aéroportuaire. Des simulations par ordinateur ont permis de mieux comprendre les causes de la congestion et de déterminer des solutions à apporter par ADM et l’ASFC.
Pour sa part, ADM s’est engagée à mettre en place les mesures suivantes représentant des investissements de 14,2 millions de dollars dans le hall des douanes canadiennes :
Amorcé en 2011, le réaménagement du hall des départs internationaux et domestiques se poursuit dans le bâtiment central de l’aérogare, les travaux se déroulant actuellement dans le secteur Est occupé principalement par Air Canada. Ces travaux visent à augmenter la capacité d’enregistrement et à améliorer l’offre commerciale, tout en rafraîchissant et en harmonisant l’image architecturale. Comprenant l’installation de 60 bornes d’enregistrement à usage commun et de 15 dépôts bagages automatisés, ces travaux seront terminés en 2018.
Ce projet d’optimisation de la salle à bagages aura pour effet d’augmenter la capacité globale de bagages traités en fonction de la croissance du trafic passagers afin de la capacité de traitement à 3 800 bagages à l’heure.
Répondant aux nouvelles exigences de Transports Canada conformément aux normes internationales de l’OACI, quatre nouveaux postes de contrôle des non-passagers et des véhicules ont été aménagés aux différents points d’entrée du site et livrés le 1er avril dernier.
Les travaux sur le débarcadère des départs se poursuivent. Ils visent à imperméabiliser et à réhabiliter le trottoir de la voie de circulation au niveau des départs. Ils seront exécutés par phases afin de maintenir la fluidité particulièrement pendant la saison estivale.
Fut soulevée par monsieur Rainville, la question de la privatisation des aéroports canadiens discutée depuis l’examen de la Loi sur les transports au Canada.
Cet examen, qui a d’abord été confié à l’honorable David Emerson, mentionnait une avenue possible, soit celle de la privatisation des aéroports. Depuis, le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a d’ailleurs récemment fait entendre que la privatisation des aéroports n’était pas dans les priorités du gouvernement.  Pour l’instant, faudrait-il comprendre.
À ses dire, la position d’ADM est simplement de trouver un moyen d’offrir la meilleure expérience-client au meilleur coût. Monsieur Rainville exprima son désir de trouver une solution plus équitable sur la question des loyers versés à Ottawa particulièrement dans le cas de Montréal – Mirabel.
Le pdg d’Aéroports de Montréal conclu en rappelant les priorités de son organisation et les moyens de les atteindre.
La priorité numéro un reste la satisfaction des clients d’ADM : les passagers et les compagnies aériennes tout en respectant la mission de l’organisme qui consiste :
Assurer une prestation de services aéroportuaires de qualité ;
Contribuer au développement économique de la région métropolitaine ; et
Maintenir une cohabitation harmonieuse avec le milieu en particulier quant à la protection de l’environnement.
Pour cela, ADM, aux dires de Philippe Rainville s’assurer que ses infrastructures croissent avec les besoins de ses clients.
Pour cela, Aéroports de Montréal investira plus d’un milliard de dollars lors des cinq prochaines années dont la moitié dans des projets d’accroissement de capacité.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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