GENÈVE – A peine sept mois après avoir dévoilé le Falcon 5X, un biréacteur entièrement nouveau, Dassault Aviation a présenté au salon EBACE 2014 le triréacteur Falcon 8X, une version plus spacieuse du Falcon 7X, avec une distance franchissable accrue. Le Falcon 8X devrait se vendre 10 % plus cher que le Falcon 7X (qui reste au catalogue), soit aux alentours de 58 millions de dollars américains. Premier vol prévu dans moins d’un an.
A 13 m (42,6 pieds), sa cabine sera la plus longue de la gamme (celle du 7X fait 11,1 m soit 39,1 pieds) afin d’offrir de nouvelles possibilités d’aménagement. Ainsi, les clients pourront installer à la fois une zone de repos confortable pour l’équipage à l’avant, des sièges et sofas répartis en trois salons et enfin une salle d’eau avec douche. Selon Olivier Villa, directeur général de la division avions civils chez Dassault, ce mètre en plus répond aux attentes exprimées par les clients du 7X.
Dans le poste de pilotage, l’équipage trouvera la version EASy 3 de l’interface homme-machine en service sur les Falcon depuis le début des années 2000. Le radar météo sera le Honeywell RDR-4000. L’afficheur tête haute fusionnera la vision infrarouge EVS et la vision synthétique SVS, comme sur le Falcon 5X. Le développement de cet équipement – une première dans l’aviation – est en cours avec l’Israélien Elbit. Quant au commandes de vol électriques, elles seront « optimisées », indique-t-on chez le constructeur français.
Autre demande des clients, un plus grand rayon d’action. Le nouvel avion pourra voler 6450 NM (11950 km) sans escale, c’est-à -dire 500 nm (930 km) de mieux. Parmi les nouvelles relations envisageables d’une traite figurent Los Angeles-Pékin, Paris-Singapour et Hong Kong-Johannesburg. En ouvrant des liaisons avec l’Asie, l’avionneur espère y doper ses ventes.
Un vol de 6450 NM pourrait débuter au niveau de la mer (conditions ISA) avec un décollage en 1800 m (5900 pieds). Après 14 heures de vol à Mach 0,80, l’atterrissage se ferait en 650 m (2150 pieds). Le tout avec huit passagers, trois membres d’équipage et les réserves NBAA IFR de carburant. La vitesse d’approche finale serait de 106 nÅ“uds (196 km/h), à peine plus élevée que les 104 nÅ“uds (193 km/h) du Falcon 7X. La vitesse de croisière reste inchangée.
Ce sont des réservoirs capables de recevoir 3000 lbs (1360 kg) de carburant en plus qui permettent l’augmentation d’autonomie. Ce kérosène est logé dans le fuselage et, dans une moindre mesure, dans la voilure. Dans les modifications structurales, on compte aussi les deux tronçons de fuselage, de part et d’autre de l’aile. Le train d’atterrissage est renforcé.
L’aile a été améliorée et offre ainsi un meilleur ratio portance/traînée. De nouvelles ailettes d’extrémité réduisent la traînée induite, celle provoquée par les tourbillons de bouts d’aile. Le travail sur l’aile a aussi permis de l’alléger de 600 lbs (272 kg) environ. En tenant compte de l’expérience acquise sur le Falcon 7X, on a pu faire « maigrir » certaines pièces de structure. Au bilan, l’allègement de l’aile compense l’alourdissement du fuselage.
Côté moteurs, Pratt & Whitney Canada a développé le PW307D, 5 % plus puissant que le PW307A du Falcon 7X. Il fournira ainsi 6,725 livres de poussée au niveau de la mer, en conditions ISA+17. La consommation spécifique a été réduite grâce à un meilleur joint d’étanchéité au niveau de la soufflante, des jeux réduits en bout d’aube dans le compresseur et un nouveau mélangeur, sans oublier un meilleur contrôle numérique fadec.
La certification du moteur est prévue en mars 2015. Les trois PW307Ds de présérie qui équiperont le premier 8X ont déjà volé sur le Boeing 747 banc d’essai volant de Pratt & Whitney Canada. Ils seront très prochainement livrés à Dassault.
La fabrication du premier Falcon 8X est bien avancée. Le premier vol est prévu au premier trimestre 2015. La certification est attendue mi-2016 et les premières livraisons devraient suivre au second semestre de la même année
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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