Le salon EBACE 2014 de l’aviation d’affaires vient de fermer ses portes à Genève sur un bilan positif avec de nombreuses annonces. Bombardier, en particulier, a attiré de nombreux visiteurs avec la maquette grandeur nature d’une cabine de Global 7000. Le haut de gamme semble plus que jamais dominer le marché.
L’avionneur canadien présentait donc l’intérieur d’un avion capable de voler quinze heures sans escale. Il s’agit de rendre le vol confortable en conséquence, un peu comme si on voyageait dans un appartement. Le Global 7000 offre ainsi à ses passagers une vaste cabine qui peut se diviser en quatre zones. Si l’on ajoute la partie située tout à l’avant, qu’occupent la cuisine et le compartiment de repos pour l’équipage, l’ensemble fait 16,64 m (54 pieds 6 pouces) de long – un record.
Dans la proposition de Bombardier, la zone arrière dispose d’un lit double de largeur modeste mais est véritablement conçue comme une chambre à coucher. On trouve même des étagères à la tête du lit. Autre innovation dans l’aménagement : une zone de six places où les sièges sont disposés en deux triangles, avec le couloir au milieu. Une configuration qui brise les alignements habituels, tout en gardant de la fluidité dans la circulation.
Le Global 7000, motorisé par des GE Passport (lien http://infoaeroquebec.net/articles/au-salon-ebace-pratt-whitney-canada-face-a-la-concurrence-dans-laviation-daffaires-par-thierry-dubois/), aura une distance franchissable de 7300 nm (13520 km) avec dix passagers, à Mach 0,85. Sa vitesse de croisière maximale est de Mach 0,90. Son entrée en service est prévue pour 2016.
C’est Dassault et Gulfstream qui avaient ouvert le bal. La conférence de presse du premier, pour le lancement du Falcon 8X (lien :http://infoaeroquebec.net/articles/ebace-dassault-devoile-le-falcon-8x-par-thierry-dubois), a fait salle comble. Quant à Gulfstream, il a déjoué les attentes en annonçant non un successeur du G450 mais un G650 à rayon d’action accru, le G650ER.
Le G650ER peut franchir 7500 nm (13900 km) à Mach 0.85 ou 6400 nm (11900 km) à Mach 0.90, soit une amélioration de 500 nm (900 km). Du coup, relier d’une traite New York à Hong Kong ou San Francisco à Delhi devient possible.
Les changements sont limités par rapport au G650, entré en service en 2012. Il s’agit d’une augmentation de la capacité des réservoirs de voilure, où une marge suffisante avait été prévue. Du coup, l’extension d’autonomie est aussi proposée en rattrapage sur les avions déjà livrés. Un démonstrateur vole déjà et l’homologation FAA est attendue pour cette année.
A l’autre extrémité du secteur, c’est le constructeur Piaggio – désormais contrôlé en majorité par la société émirienne Mubadala – qui a dévoilé une version plus performante de son biturbopropulseur, l’Avanti Evo. La nouvelle mouture de l’Avanti a reçu une série d’améliorations aérodynamiques qui améliorent le taux de montée et la distance franchissable. Celle-ci atteint 1720 nm (3200 km) en option.
Quant aux nouvelles hélices, elle diminuent le bruit extérieur et intérieur de 5 dB(A) et 1 dB(A) respectivement. La cabine est elle aussi revue, avec notamment une nouvelle climatisation. Les essais en vol sont bien avancés, annonce Piaggio. Avec son nouveau modèle, le constructeur italien espère regonfler ses ventes, tombées à deux livraisons seulement en 2013.
Chez Pilatus, on a commencé à prendre des commandes pour le biréacteur léger PC-24. Et c’est un succès : avec 84 ventes, trois ans de production sont assurés, soit jusqu’en 2019. La présentation officielle du prototype est attendue pour le 1er août à Stans, en Suisse. La certification est espérée en 2017. Le PC-24 veut offrir à ses clients des points communs avec le monoturbopropulseur PC-12 : décollage court sur 820 m (2690 pieds), possibilité de se poser sur des pistes non revêtues et porte cargo à l’arrière.
Plus petit mais plus rapide, le monoturbopropulseur TBM n’en finit pas de se moderniser. Le Français Daher-Socata avait présenté en mars le TBM 900. Au 20 mai, il en avait vendu 47 exemplaires. Les premières livraisons – puisque l’avion dévoilé était déjà certifié – ont eu lieu, principalement en Amérique du Nord. Entre autres améliorations, le TBM 900 peut utiliser toute sa puissance de 850 ch au décollage – ce que le TBM 850 ne pouvait pas faire.
Tous les autres grands noms de l’aviation d’affaires étaient présents au salon. Embraer présentait son Legacy 500 avec un intérieur complet. Quand il sera livré à son premier client – une étape attendue pour le milieu de l’année – le biréacteur brésilien sera le premier avion d’affaires de taille intermédiaire avec des commandes de vol électriques.
Cessna exposait pour la première fois sous la bannière Textron Aviation, avec Beechcraft. En vedette, entre autres : le biréacteur léger Citation M2, récemment homologué et qui se situe juste au-dessus du Mustang dans l’entrée de gamme.
La fréquentation à un bon niveau
Avec une fréquentation supérieure de 7 % à celle de 2013, le salon EBACE 2014 se situe au-dessus de la barre des 13000 visiteurs, sans toutefois établir un record. Quant aux exposants, il étaient près de 500 (+8 %). Des chiffres encourageants qui n’effacent pas les inquiétudes du secteur de l’aviation d’affaires, confronté à une évolution hésitante du trafic aérien en Europe.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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