MIRABEL – Nombre de mots : 1129 – Temps de lecture : 8 minutes.
Quelques heures à peine après leur prestation devant plus de cinq cents membres de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain réunis dès 8h30 au Centre Sheraton en plein centre-ville de Montréal, Tom Enders, pdg d’Airbus et Alain Bellemare, pdg de Bombardier, s’adressèrent, sur le coup de 14h00, aux employés des installations de Bombardier situées à Mirabel, à 40 km au nord de Montréal, où sont assemblés les CRJ et les CSeries.
Mais ils ne furent pas seuls. Ainsi Fabrice Brégier, directeur général délégué d’Airbus et président d’Airbus Avions commerciaux, qui avait fait le tour des émissions de la radio de Radio-Canada pour vanter les avantages pour Bombardier d’avoir choisi Airbus, Pierre Beaudouin, président du conseil d’administration de Bombardier et pdg de Bombardier au moment du lancement du CSeries, Philippe Couillard, premier ministre du Québec, Dominique Anglade, ministre de l’Économie de la Science et de l’Innovation du Québec, Christine Saint-pierre, ministre des affaires internationales du Québec, Rob Dewar, vice-président, programme CSeries, et Fred Cromer, président de Bombardier Avions commerciaux les rejoignirent sur l’estrade avec pour fonds un CS300 stationné à l’extérieur et devant un millier d’employés. L’événement était orchestré par Olivier Marcil, vice-président, relations externes chez Bombardier
Prenant la parole le premier, Alain Bellemare réitéra qu’Airbus fera du CSeries ‘un franc succès’ et souligna ‘the future is very bright’ et que l’entente avec Airbus était ‘a great parternship’.
Pour sa part Fabrice Brégier fit ressortir que la ‘culture de son entreprise en est une d’ouverture’. Pour lui, cet accord est bon ‘pour Bombardier pour le CSeries et globalement pour le Canada’. Il décrit Airbus comme ‘une entreprise européenne, on a pas une culture française ou allemande ou anglaise ou espagnole mais une culture internationale’. Monsieur Brégier rappela que le CSeries n’est pas un concurrent des produits actuels d’Airbus. Tout au contraire, à ses dires. ‘ Il est très complémentaire’.
Le numéro deux d’Airbus ne put s’empêcher d’ajouter en s’adressant aux employés de Bombardier qu’il était ‘fier de ce que vous avez fait, de ce que vos collègues ont développé …un avion innovant performant et un avion qui montera parfaitement dans la gamme et dans la stratégie Airbus’
Pour lui ‘Airbus apporte une crédibilité à un très bon produit… les jobs viennent des ventes avec un objectif minimal de 35% de part de marché pour 2000 avions mais Tom l’a relevé à 50% soit 3000 avions’.
Il conclut ce qui ne fut pas sans provoquer les applaudissements ‘On va avoir du pain sur la planche et je suis très content d’être parmi vous’.
À sa deuxième visite en deux semaines, Philippe Couillard prit ensuite le micro.
Le premier ministre, à un an des prochaines élections générales provinciales se lancer dans des tirades dithyrambiques du genre:
‘Ressentez la fierté ici chez Bombardier et au Québec pour tout ce qui a été accompli’.
‘On a gagné ensemble…car vous faites le meilleur avion au monde dans sa catégorie.
Il a rappelé, campagne électorale prochaine oblige, que’ deux fois votre gouvernement est intervenu pour la CSeries, pour l’industrie aérospatiale québécoise et que l’accord avec Airbus va garantir les emplois jusqu’en 2041’.
Philippe Couillard conclut avec ‘On a gagné grâce à vous…longue vie au CSeries’.
Le pdg de Bombardier, Alain Bellemare, reprit le flambeau en déclarant ‘le meilleur avion dans la casse 100-150…et c’est vous autres qui avaient fait cela tous ensemble’. Il répéta que les gens de Bombardier devraient être fier de s’allier ‘au meilleur constructeur d’avions commerciaux au monde’.
Puis se tournant vers ses employés puis vers Tom Enders, monsieur Bellemare lança ‘Un grand merci en vous mais aussi en Airbus d’avoir cru en nous et de s’être engagé’ mais ne put s’empêcher de souligner ‘la vision et la détermination du premier ministre’ en se tournant vers lui.
En mêlée de presse, à l’extérieur du hangar, l’ombre du CS 3000, le premier ministre flanqué de sa ministre de l’Économie, répéta ‘que pour les québécois c’est une belle journée’ et rappela que par deux fois le gouvernement était là au moment crucial ‘une fois par le financement, une seconde fois par le consentement à l’entente’.
Le sourire aux lèvres, il réitéra que ‘Non seulement Bombardier construit le meilleur avion au monde dans sa catégorie mais les clients sont rassurés’.
Interviewé sur le fait Bombardier disparaitra certainement du nom du CSeries, Couillard ne semble pas s’en faire en répliquant qu‘’il le portera encore pour quelque temps’.
À La demande d’un autre journaliste sur le sens de son ‘On a gagné’ prononcé lors de son allocution devant les employés de Bombardier, quelques minutes auparavant, le Premier ministre sans ambages répéta deux fois ‘On a gagné sur Boeing, c’est clair’.  Selon lui, l’avionneur américain ne s’attendait pas à l’intervention d’Airbus sans parler du changement amorcé dans le secteur des constructeurs d’avions commerciaux.
Sur l’épineuse question du renouvellement des McDonnell Douglas F-18 Hornet de l’aviation royale canadienne et de leur remplacement partiel par dix-huit Boeing F-18E/F Super Hornet, Philippe Couillard ne dérougie pas. Il s’oppose à tout achat des avions de combat de Boeing par Ottawa tant que la question des tarifs imposés par Washington au CSeries n’est pas réglée en faveur du Canada. Le Premier ministre a prétendu en avoir parlé avec son homologue britannique, Theresa May, qui l’apurerait dans sa démarche.
En tribun, il ne put s’empêcher de répéter :
‘Nous avions gagné contre Boeing sur la question qu’il voulait tuer le CSeries’.
Élections en vue, le Premier ministre ne put s’empêcher d’attribuer le tournant favorable des choses pour le CSeries à l’action de son gouvernement ‘Sans le consentement de financement du gouvernement du Québec en 2015, nous ne serions pas là . Il n’y aurait pas de CSeries, il n’y aurait pas de Bombardier…Tout la grappe aéronautique serait en lambeau et on serait encore en train de la réparer’.
Il ajouta ‘On a posé de bons gestes au bon moment ……plusieurs sources lui ont dit qu’on a littéralement sauvé le programme et à travers le programme, les emplois aéronautiques et le secteur’.
Néanmoins, le Premier Ministre dévoila qu’il était important pour airbus d’être l’actionnaire majoritaire.
Sur la question de la prise de contrôle total du CSeries par Airbus, Philippe Couillard réprit les mots prononcés par Tom Enders le matin voulant qu’il ne s’agissait pas de la priorité d’Airbus. Fabrice Bréguier contredira son patron dans la même journée.
Le Premier minister conclut son point de presse en anglais ‘We are witnessing a very important event in the global aerospace industry and will resonate for years and years….Boeing tried to destroy the CSeries of Bombardier it will not happen. Now we will go around the world and sell the best airplane in the world in its category’
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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