MONTRÉAL – Ainsi à peine trois jours après l’élection du Libéral Justin Trudeau au poste de Premier ministre du Canada, Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, se vante en déjeuner de presse à Paris, devant les membres de l’Association des Journalistes professionnels de l’aéronautique et de l’espace (AJPAE) d’avoir envoyé une lettre de félicitations au nouvel élu.
Une dépêche du jeudi 22 octobre de l’agence Reuters ainsi qu’un article du correspondant à Paris de Defense News rapportent les faits. Le responsable de l’avionneur français aurait précisé dans sa missive que le Rafale était là au cas où le F-35 serait abandonné comme Justin Trudeau l’a promis et Dominic Leblanc, la réitéré le soir de la victoire Libérale.
De toute évidence, cela relève d’un opportunisme caractériel pour ne pas dire d’une ingérence étrangère flagrante. Devant de tels agissements, il est aisé d’imaginer ce qui se trame en arrière-scène, peut-être depuis des mois et certainement depuis le 20 octobre 2015 alors que Justin Trudeau déclara à Halifax ‘We Will Not Buy the F-35 Fighter Jet’ et qu’il eut le culot d’ajouter que le F-35 serait exclu de l’‘Open and Transparent Competition’ que son gouvernement organisera au plus vite, en cas de victoire.
S’agissant d’un contrat d’une soixantaine de chasseurs d’une valeur oscillant entre trente et quarante milliards de dollars sur une quarantaine d’années, il est facile de comprendre que pour un constructeur dont l’appareil a été commandé à moins de 300 exemplaires contre plus de 4000 pour le F-35, la fin justifie certainement les moyens.
Ce genre d’ingérence colle mieux à la réalité des Pays du Golfe et du Moyen-Orient, clients historiques et principaux de l’avionneur de Mérignac.
Osons imaginer, un instant, les hauts cris qui auraient retenti si le président de Lockheed Martin ou de Boeing avait envoyé ses vœux de réussite à Justin Trudeau sur une carte aux couleurs du F-35 ou du F-18.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
Cher Philippe,
La dernière phrase de votre article est purement réthorique néanmoins laissez moi y répondre
L’achat de F-35 s’étant fait en dehors de toute compétition et sans prendre en considération les désidératas de l’armée royale Canadienne, aucun constructeur d’avions militaires n’aurait strictement relever ce genre d’initiative si elle avait eu lieu
Il faut vraiment être un acharné du french-bashing pour appeler ce genre d’initiative d’ingérence
Je note au gré d’un précédent de votre article que vous n’êtes pas un pro-Trudeau
“Il ne faudrait passer sous silence que sous le régime Conservateur de Stephen Harper, le Canada s’est doté de Boeing C-17 Globemaster III, de Lockheed Martin C-130J Hercules et de Boeing CH-47F Chinook, livrés sans tracas dans les délais et budgets convenus sans oublier les retombées économiques dont les plus évidentes ont rejaillies sur CAE, HerouxDevtek et Cascade Aerospace.”
Soyez bon perdant, le F-35 n’a rien à apporter au Canada, contrairement à d’autres concurrents sur le marché
Cdt
Là c’est clairement du french-bashing à 2 sous.
J’aimerais bien connaitre le niveau d’ingérence déployé LM pour que le Canada choisisse le F-35 sans la moindre compétition.
Le F-35 n’a pas été commandé à plus de 4000 exemples. D’ailleurs les USA envisagent de diminuer leur commande tellement l’oiseau est cher.
Qualifier l’initiative de Dassault d’ “opportunisme caractériel pour ne pas dire d’une ingérence étrangère flagrante.” est tout simplement hilarant quand on compare cette initiative et toutes celles des US, et spécialement dans le cas de cette trapanelle hors de prix qu’est le F35, qui rend ses utilisateurs totalement dépendants de Washington. Il est temps que les canadiens grandissent, bon sang. Go for the Rafale!
Bonjour, Un peu déçu de votre article. Sachez que le Rafale est un excellent avion militaire, pourriez vous svp, donner les caractéristiques des trois type d’avions en compétition: – F35 – Rafale et EuroFighter et…….les prix.
Je sais que le choix du précédent gouv. était politique avec le F35, nos voisins du sud, sont nos clients et “amis”, mais l’ouverture des marchés internationaux démontre que le Canada n’est plus vraiment un partenaire important pour les USA.
Désolé monsieur Cauchi mais votre jupon “pro F-35”
dépasse et cela n’est pas très élégant.
Juste un complément d’information:
Il n’y a pas 4.000 commandes de F-35. Il mes semble que le programme d’achat US a validé pour le moment moins de 250 commandes fermes.
Même en étant super optimiste les achats de F-35 projetés ne dépassent pas les 3.200 appareils. Et en étant plus réaliste on est sûrement en dessous des 3.000.
Et sur les 150 F-35 produits combien sont aujourd’hui opérationnels ?
OUI effectivement notre ami Philippe est un zélé afficionado du F-35 et de la dépendance au grand voisin….mais il laisse ouvert la possibilité de commenter…ç’est à son honneur….vive le Rafale canadien…(je pense que ce sera le super hornet modifié) dommage
Laissons de côté le French-bashing qui est souvent à la mode y compris en France, pour se concentrer sur l’initiative de Trudeau qui est économiquement sensé pour le contribuable canadien : certes les promesses du programme F35 sont belles, mais que penser de son coût exorbitant et surtout du “partenariat” industriel proposé par les US qui aurait coûté beaucoup plus qu’il ne rapportait, tout ça pour au final, laisser l’oncle sam seul propriétaire de son jouet puisqu’il est bien évident qu’il n’en aurait pas partagé les codes sources. A l’opposé, la proposition de Dassault, d’un transfert technologique total, avec la possibilité pour l’aviation royale de procéder à des développements propres selon ses besoins sur une base technique éprouvée dont les coûts sont connus avec, en bonus, une production et donc de l’emploi sur le sol Canadien est un partenariat gagnant. Sans compter que le Rafale est une machine dont les qualités ne sont plus à démontrer, et dont la polyvalence, très au delà de tout aéronef existant, est en définitive une vraie économie d’échelle : plus besoin de multiplier les types d’appareils pour assurer les divers types de missions : un seul avion est capable de (pratiquement) tout faire. Du coup, maintenance simplifiée, pieces interchangeables et en grande partie standardisées, interopérabilité avérée avec les forces de l’OTAN, dans ces conditions le coût de l’heure de vol, vu l’efficacité de l’engin, devient réellement dérisoire, là où celle du F35 est toujours impossible à prévoir, puisque le budget explose régulièrement, surtout si l’on considère qu’il n’est absolument pas avéré qu’il sera plus performant dans son domaine que le Rafale, qui bien qu’omnirôle selon la définition de son constructeur, se permet d’exploser le typhoon, et de tenir la dragée haute au F22 en Dogfight, alors que ces deux là sont, théoriquement, des chasseurs purs. Mais bon, comme on dit chez moi : “je dis ça, je dis rien…”