MONTRÉAL – Nombre de mots : 1186 – Temps de lecture : 6 minutes.
Daniel Bordeleau, ancien journaliste radio et télévision à Radio-Canada, nous présente un excellent portrait de la montée et de la chute de l’enfant chéri du Québec : Bombardier.
Pour avoir couvert l’industrie aérospatiale d’une façon professionnelle pendant 25 ans et de façon personnelle depuis l’âge de 7 ans, je peux affirmer que le livre de Daniel est un précurseur pour traiter de l’industrie aérospatiale du Québec.
J’avais proposé d’être soutenu, il y a une vingtaine d’année pour écrire un ‘Que Sais-Je?’ sur l’industrie aérospatiale du Québec. Ma demande resta lettre morte.
Dans un premier chapitre, monsieur Bordeleau replace Bombardier Inc. dans son contexte historique d’Armand-Joseph Bombardier à Éric Martel en passant par Laurent Beaudoin et Pierre Beaudoin.
Puis l’auteur, nous expose les cinq erreurs de gestion et de stratégie qui ont abattu le ‘fleuron’ québécois, erreurs qu’il ne limite pas seulement au lancement du CSeries. Et c’est là que réside l’intérêt et l’originalité du livre de monsieur Bordeleau.
L’auteur souligne les erreurs commises du coté Bombardier Transports qui sont, à mon avis, compatibles avec le comportement d’une entreprise avide de parts de marché.
Puis monsieur Bordeleau traite des erreurs qui ont marqué Bombardier Aéronautique, erreurs que je juge plus graves. Enivrer par les succès du Canadair Regional Jet ou CRJ, Bombardier développa en même temps le CSeries, les Global 7000 et 8000 et le Learjet 85, C’était peut-être un peu trop alors que l’avionneur négligeait de renouveler son pain et son beurre que représentaient les CRJ et les Challenger 300 et 605. Pénétrer sur la chasse gardée d’Airbus et Boeing avec le CSeries était-ce bien raisonnable?
Mais comme le soulève l’ancien journaliste économique de Radio-Canada, la gouvernance de l’entreprise et l’influence énorme de la famille Bombardier sur le conseil d’administration auront garanti la chute de Bombardier Inc.
Dans le chapitre ‘Prospectives’, l’auteur cerne bien le futur rapproché du secteur aérospatial. Selon lui, Bombardier pourra tirer son épingle du jeu au prix des renouvellements assez urgent du Challenger 650 puis du 350 qui ne pourront se faire, évidemment, sans aide de l’État. Ils seront propulsés comme encore pour longtemps la majorité des avions d’une certaine taille avec du carburant durable d’aviation ou Sustainable Aviation Fuel (SAF). De toute façon, le passage à la propulsion électrique ou à l’hydrogène serait hors de portée pour Bombardier.
L’industrie aérospatiale du Québec ne dépendra plus comme dans le passé de Bombardier. Plusieurs de ses plus grandes entreprises que sont CAE, Pratt & Whitney Canada, Bell Helicopter Textron ou HerouxDevtek ne dépendent pas de Bombardier.
‘Bombardier : la chute d’un géant’ est un livre à lire, à relire, à méditer et à conserver pour référence. Surtout qu’il en coulera de l’eau sous le pont Jacques-Cartier avant qu’un autre livre traitant sans complaisance ou parti-pris de l’industrie aérospatiale au Québec ne soit publié.
Il faut noter la richesse des annexes et de la bibliographie réunies par l’auteur.
Bombardier – La chute d’un géant.
Daniel Bordeleau
Groupe Fidès – 2021
201 pages
ISBN 978-2-7621-4453-6
Disponible chez :
Renaud Bray :
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Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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