Clément Fortin à Moscou par Daniel Bordeleau.

Clément Fortin à Moscou par Daniel Bordeleau.

Le 7è forum sur la recherche du CRIAQ était à peine terminé que Clément Fortin, son principal organisateur, s’envolait pour Moscou où, pour employer le langage en usage dans les milieux d’affaires, il s’attaquera à de nouveaux défis. Et le défi en question sera de taille puisqu’il s’agit de participer à la création du Skoltech, le Skolkovo Institute of Sciences and Technology qui est la première université privé à s’établir en Russie. Le projet Skoltech a été lancé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston. Cet établissement se consacrera à la recherche dans plusieurs secteurs technologiques ainsi qu’au développement de l’entrepreneuriat et de l’innovation.

En juin dernier, le président du Skoltech, Edward Crawley, un ancien cadre du MIT avec lequel Clément Fortin collaborait lorsqu’il était directeur du département de génie mécanique de l’École polytechnique de l’université de Montréal, lui a demandé de se joindre à l’équipe multinationale qui participe à la création de cette nouvelle université en devenant son conseiller principal. Cette proposition a pris Clément Fortin par surprise. Son plan de carrière lui semblait bien tracé et il ne prévoyait pas quitter le CRIAQ avant au moins cinq ans, le temps de lancer le Consortium en aérospatial pour la recherche et l’innovation au Canada (CARIC). Toutefois « l’offre était extrêmement intéressante puisqu’il s’agissait de construire une nouvelle université à partir de zéro, ce qui constitue une occasion unique dans une vie » explique monsieur Fortin. Le rôle principal de Clément Fortin sera de conseiller le président et à ce titre il contribuera à définir la vision stratégique de la nouvelle université. De façon plus spécifiquement il s’occupera de la gestion du contrat de collaboration entre Skoltech et le MIT. Il supervisera notamment la mise sur pied d’une équipe multinationale d’enseignants en collaboration avec l’administration du MIT à Boston.

Le projet Skoltech est né il y a 5 ou 6 ans alors que le MIT cherchait un moyen de s’installer en Russie comme il l’a déjà fait à Singapore et au Moyen Orient. À la même époque une délégation ministérielle russe effectuait une tournée des États-Unis afin de voir comment il serait possible de s’inspirer du modèle américain pour développer l’entreprenariat et l’innovation dans leur pays. Le MIT y a immédiatement vu un moyen d’atteindre son objectif et a rapidement soumis une proposition au gouvernement russe. Dans un premier temps le gouvernement russe construit les infrastructures nécessaires, pour les remettre ensuite à une fondation privée qui en dirigera le fonctionnement et le développement. L’équipe de direction de l’université est multinationale puisque le président est américain et le trésorier belge; on y trouve également deux suédois, un indien, un russe et un canadien qui est Clément Fortin.

Le campus de Skoltech comprendra 15 instituts de recherches qui vont couvrir les secteurs de l’énergie, des matériaux, de l’espace et de l’aéronautique et de la biotechnologie. La nouvelle université se consacrera uniquement à la recherche et à l’innovation. Pour l’instant une forte proportion de ses enseignants se composent de diplômés russes ayant effectué des études de doctorat à l’étranger et y ayant enseigné pendant quelques années. Elle accueillera des étudiants de deuxième et de troisième cycle uniquement et parmi lesquels plusieurs ont déjà étudiés à l’étranger, au MIT notamment. Comme les installations sont encore en construction, l’université n’accueille cette année que 52 étudiants, mais il y en aura 120 l’an prochain. Le premier immeuble temporaire sera complété à l’automne et l’ensemble du campus doit être livré à la fin de 2015.

Le campus de Skoltech sera situé dans l’impressionnant Technoparc de Skolkovo, un projet de 2 milliards de dollars que le gouvernement russe est en voie de construire dans un petit village du même nom, situé à une quinzaine de kilomètres de Moscou. Il est prévu que plusieurs centres de recherches privés s’établiront dans ce Technoparc attirés par des avantages fiscaux importants. Ces entreprises comprendront plusieurs multinationales comme IBM, GE, Boeing, Airbus, Nokia, Intel, Cisco etc. Avec les familles des chercheurs et des employés de soutien, c’est 15,000 personnes qui s’installeront dans une toute nouvelle ville en voie de construction elle aussi.

Pour l’instant, les tensions entre l’Ukraine et la Russie ne semblent pas nuire au projet. Clément Fortin explique qu’il a pu obtenir son visa sans difficulté et que les collaborations entre les entreprises du secteur privé ne semblent pas être affectées.

 

Daniel Bordeleau

daniel.h.bordeleau@infoaeroquebec.net

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