Jeudi soir dernier se tenait au Centre des sciences de Montréal situé au Vieux-Port de Montréal la huitième édition du Panthéon de l’Air et de l’Espace du Québec, organisé par la Fondation Aérovision Québec.
Devant une audience de près de deux cents personnes furent intronisés au Panthéon cinq nouveaux membres ayant contribué à l’avancement de l’aérospatial au Québec.
Cet évènement amorcé avec retard par le président de la Fondation Aérovision, David Lobjoie, était orchestré par Alain Berinstain, vulgarisateur scientifique et ancien directeur, Astronomie et exploration planétaire, à l’Agence spatiale canadienne. Présidente d’honneur de la soirée, madame Kathy Fox entretint l’audience d’un court discours. Intronisée au Panthéon en novembre 2004, madame Fox a dédié sa vie entière à l’aviation, de son entrée chez Transports Canada, en 1974, en tant que contrôleur aérien à sa retraite de NavCan, en juin 2007, alors à la tête du Groupe de l’exploitation. Détentrice d’une licence de pilote de ligne, madame Fox a accumulé plus de 4500 heures de vol.
Au programme fut annoncée une table ronde composée des ‘ex’ et ayant pour thème ‘les problématiques et les enjeux de l’aérospatial au Québec’ réunissant Marc Garneau et Steve McLean, tous deux anciens astronautes et anciens directeurs de l’Agence spatiale canadienne. Avait été annoncée une discussion sur les coupures budgétaires dans le secteur aérospatial risquant de miner la crédibilité du Canada au niveau mondial et de démotiver les jeunes de se diriger vers une carrière dans l’aérospatiale.
En fait, la table ronde se transforma en attaque rangée contre le gouvernement Conservateur de Stephen Harper, Marc Garneau, reprenant son chapeau de député Libéral de Westmount – Sainte-Marie et porte-parole du parti Libéral fédéral en matière d’affaires étrangères. Quant à monsieur Berinstain qui fut le directeur de campagne du candidat Libéral Marc Garneau, il se présente maintenant à l’investiture du parti Libéral dans le comté fédéral de Dorval-Lassalle-Lachine pour les élections de l’an prochain.
L’allocution d’un bâtisseur du milieu et un des commanditaires de la soirée, le président d’Air Inuit, Pita Aatami, rappela l’histoire de ce transporteur du nord fondé en 1978 et dont un de ses pilotes, Pierre Vallières, sera intronisé au Panthéon plus tard dans la soirée.
Pour la toute première fois fut remis le Prix Marc Garneau décerné à une personne s’étant illustrée de manière exceptionnelle dans l’aérospatiale et ayant rayonné dans la communauté. Son premier récipiendaire sera Steve McLean, un collègue de Marc Garneau.   Par la magie de la téléconférence, Chris Hadfield apparut sur un écran en fonds de scène pour féliciter son ancien collègue astronaute.
Un premier astronaute honore un second astronaute alors félicité par un troisième…
De loin, le meilleur moment de la soirée allait enfin arriver avec les cinq intronisations au Panthéon.
Chaque remise de la décoration du récipiendaire était précédée d’une vidéo très informative et souvent émouvante et, il faut le souligner, très bien réalisée aussi bien au plan technique qu’à celui du contenu.
Le premier intronisé fut Jean-Marie Cossette, le fondateur du holding ‘Point du jour’ fondé en 1974, pour réunir ses diverses entreprises de photographies aériennes au Québec et aux États-Unis. ‘Point du jour’ de sa base de l’aéroport de Mascouche employa jusqu’à 35 personnes et prit plus de quatre millions de photographies aériennes, désormais propriété des Archives nationales du Québec qui ont servi à documenter de façon unique l’évolution de l’occupation du territoire québecois.
Le second fut Michel Pouliot, un aviateur ayant participé au développement de l’aviation en Gaspésie. Grand visionnaire, monsieur Pouliot entreprendra sa formation en pilotage à l’âge de seize ans à l’Aéroclub de Québec. Quatre ans plus tard, en 1921, il fonde sa première compagnie aérienne, Transgaspésien Aérien, et face aux besoins croissants du transport aérien en Gaspésie, il y aménagera des pistes d’atterrissage et fondera l’aéroport de Gaspé qui porte d’ailleurs son nom. Avec une flotte grandissante, sa compagnie aérienne renommée Air Gaspé en 1960, se spécialisera dans la desserte des sites des grands barrages du Québec. Monsieur Pouliot compte plus de 33000 heures de vol à son actif.
La troisième fut Pauline Vachon, un des piliers du Musée de l’aviation de Saint-Georges-de-Beauce. En 1965, Pauline Vachon et son mari, Jacques, s’établissent à Sainte-Marie de Beauce, 40km au nord de Saint-Georges-de-Beauce. Sur le champ, elle s’implique dans les activités culturelles et artistiques locales pour devenir présidente de la Société historique de la Nouvelle-Beauce. Le 9 août 2011, après 17 ans d’efforts, son rêve se concrétise avec l’ouverture du premier musée francophone sur l’aviation au Québec.
Le quatrième fut Pierre Vallières, un pilote de brousse remarquable au service d’Air Inuit qui fut l’objet d’un reportage de Radio-Canada en 2009 à l’occasion du centenaire de l’aviation au Canada. Dès l’âge de 19 ans, Pierre Vallières suit son cours de pilote privé à l’aéroclub de Montréal. Une fois sa licence privée obtenue en février 1978, il obtiendra la commerciale puis, aux États-Unis, celle de pilote de ligne. En 1988, il se joint à Air Inuit et, le 9 octobre 2001, réussira un atterrissage de nuit au Lac Mollet pour sauver les survivants de l’écrasement d’un Beaver.
Le dernier fut Nicholas Byron Cavadias un ingénieur en électronique qui a contribué au développement de CAE. Arrivé au Canada en 1956, né aux Indes et ayant vécu en Grèce et au Royaume-Uni, il se joint à titre d’ingénieur chez Canadian Aviation Electronics, devenue CAE. Il gravira tous les échelons pour devenir en 1973 président de l’entreprise, poste qu’il occupera jusqu’en 1994. Sous sa gouverne, CAE se hissera au sommet des entreprises de construction de simulateurs.
Chef de service à la ville de Trois-Rivières, Alain Fournier s’est vu remettre l’Hommage du Panthéon. Au prix d’un travail de recherche acharné, monsieur Fournier fait revivre au grand public l’histoire de l’aéroport de Cap-de-la Madeleine dans un mini musée installé au Centre de service de Trois-Rivières, au 200 rue de Grandmont.
Suivit la remise du Trophée Robert Piché honorant un acte de pilotage exceptionnel accompli dans le but de sauver des vies. Cet honneur revint à monsieur Claude Laurin qui, le 19 février 1979, commandant d’un Boeing 707-123B de Québecair victime d’un cisaillement de vent en finale, sauva très certainement la vie des 162 passagers et 9 membres d’équipage lors de son atterrissage à l’aéroport de Sainte-Lucie.
Pour clore la soirée, s’est tenue une présentation du nouveau projet de la Fondation, le futur ‘Centre de l’Air et de l’Espace’, un centre d’interprétation ayant pour objectif de sensibiliser, informer, fasciner et attirer les jeunes et le grand public à l’aérospatiale et de présenter les réalisations passées, présentes et futures.
La Fondation AéroVision Québec, incorporée en janvier 1991, a été créée sous l’impulsion de professeurs de l’École Nationale d’Aérotechnique en collaboration avec la Société d’histoire de Saint-Hubert.
Elle s’est donnée comme mission d’assurer la sauvegarde, la promotion et la mise en valeur du patrimoine aérospatial, de susciter des vocations auprès des jeunes et d’ouvrir le Carrefour de l’Air et de l’Espace au Québec.
En 2001, la Fondation Aérovision a créé, le Panthéon de l’Air et de l’Espace du Québec afin d’honorer les pionniers et les héros de l’histoire aérienne du Québec dont 80 individus et groupes ont été déjà intronisés.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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