OTTAWA – Cette année encore, Airbus occupait dans le hall d’exposition le même grand stand d’angle, juste en face de l’entrée principale.
Airbus Defence and Space est le huitième plus grand groupe de défense au monde avec des ventes de plus de 15 milliards de dollars américains, soit environ 18% des ventes totales du groupe Airbus. Constitué de quatre divisions : Military Aircraft, Space Systems, Communication, Intelligence & Security (CIS) et Electronics, Airbus Defense & Space emploie 40 000 personnes dans le monde.
Quant à Lockheed Martin, il occupe le premier rang avec des ventes de 40 milliards de dollars américains suivi par Boeing Defense Space & Security, BAE Systems, Raytheon, General Dynamics et NorthropGrumman, toutes des firmes américaines hormis BAE Systems.
Établi au Canada en 1987, Airbus y emploie 2000 personnes réparties dans sept provinces au sein de ses filiales canadiennes que sont Airbus Helicopters à Fort Érié, en Ontario, Stellia à Mirabel, au Québec, Vector Aerospace à Langley, en Colombie Britannique, Airbus DS Communications à Gatineau, au Québec et depuis peu Navtech, à Québec.
Interviewé au premier jour de CANSEC, monsieur Simon Jacques, président d’Airbus Defence and Space Canada, nous éclaira sur la stratégie de son groupe au Canada.
Diplômé en génie du Collège militaire royal du Canada, situé à Kingston, en Ontario, monsieur Jacques passa onze ans au sein des Forces armées canadiennes pour atteindre le rang de lieutenant.  Il servit en tant qu’ingénieur naval et ingénieur de systèmes de combat aussi aussi bien dans des bases navales que sur les frégates Toronto, Montréal et Ville de Québec. En 2001, il se joint à MacDonald Dettwiler & Associates (MDA) à Halifax en Nouvelle-Écosse, puis à Ottawa, en Ontario, en tant que directeur assistant puis directeur du développement des affaires. En 2009, il intègre Airbus Defense and Space Canada.
En commençant, Monsieur Simon Jacques a, rappelé l’empreinte d’Airbus au Canada soulignant que l’entreprise européenne achète pour 1,2 milliard de dollars canadiens en biens et services auprès de 570 entreprises.
Puis il a fait état des trois principaux programmes auxquels s’intéresse Airbus au Canada.
En tout premier, il a placé le remplacement des avions de recherche et de sauvetage de l’Aviation royale canadienne soit les six De Havilland CC-115 Buffalo et les douze Lockheed C-130H Hercules dans le cadre de l’appel d’offre (RFP) du ‘Projet de remplacement d’aéronefs de recherche et sauvetage à voilure fixe’(ARSVF-FWSAR) clos le 11 janvier après l’avoir reporté du 28 septembre 2015. Airbus fait partie des trois entreprises ayant déposé une offre avec son biturbopropulsé C-295W, les deux autres étant le C-27J Spartan d’Alenia et le KC390 d’Embraer.
Pour mémoire, rappelons-nous que le processus de remplacement des avions de recherche et sauvetage s’amorça en 2002 et fut considéré comme une ‘haute priorité’ par le gouvernement de l’époque, celui du Libéral Jean Chrétien. Le budget fédéral de 2004 prévoyait alors une enveloppe de 1,4 milliard de dollars pour quinze appareils dont la livraison débuterait en 2006.
Dérivé du CN-235, le C-295 a effectué son vol inaugural le 28 novembre 1997 aux ateliers de CASA à Séville, en Espagne. En service depuis 2001, 134 des 136 exemplaires produits volent encore au sein des forces aériennes de 15 pays. Deux exemplaires ont été perdus lors d’accidents.
Aux dires de monsieur Jacques, le C-295 représente le meilleur choix pour le Canada car ‘il est un avion éprouvé dont le modèle proposé pour répondre aux besoins du Canada nécessitera très peu de modifications’.
De plus, contrairement à ses concurrents, son contenu canadien est déjà important par le biais de CAE qui fournira les simulateurs et la formation, de Pratt & Whitney Canada, les deux turbines PW127G, de L3Com Wescam, les caméras et les systèmes électro-optiques de L3Com et de Vector Aerospace, la maintenance des moteurs.
Provincial Aviation (PAL) de Saint-Jean de Terre-Neuve en assurera le soutien en service (in-service support) du programme en cas de sélection.
Le président d’Airbus Defense and Space Canada s’attend à la divulgation du vainqueur de ce contrat d’une valeur d’environ 3,6 milliards de dollars canadiens qui comprend l’achat des aéronefs et leur soutien pendant vingt ans, d’ici la fin de l’année, au plus tard au début de 2017. Une fois le choix établi par le comité de sélection, il devra être entériné par le Conseil du trésor. Le premier avion devra être livré trois ans après la signature du contrat et le dernier, au maximum, trois ans plus tard.
En second lieu, le remplacement des McDonnell Douglas CF-18 Hornet de l’Aviation royale canadienne livrés entre 1982 et 1988, attire aussi l’attention d’Airbus qui, dans le cas où le gouvernement canadien déciderait de lancer un appel d’offres, proposerait l’Eurofighter.
Néanmoins quel que soit le choix du prochain avion de combat des Forces armées canadiennes, monsieur Jacques entrevoit l’incontournable besoin du remplacement des ravitailleurs en vol actuels de l’Aviation royale canadienne, les Airbus CC-150 Polaris, des A310 acquis de Canadian International au début des années 1990 et modifiés en Allemagne par EADS. À son avis, il faudra en tout d’abord que le Ministère de la défense nationale lance une analyse des options pour un appel d’offres suivent trois ou quatre années plus tard et une mise en service encore deux à trois ans après soit à l’horizon 2022-2024.
Airbus proposerait alors l’A330 Multi Role Tanker Transport (MRTT) dérivé de l’Airbus A330 dont le vol inaugural remonte au 15 juin 2007 et la mise en service le 1er juin 2011.
Sélectionné par sept pays soit l’Arabie Saoudite, l’Australie, la Corée du Sud, les Émirats Arabes Unis, la France, le Royaume-Uni et Singapour, il a été commandé à 49 exemplaires dont 27 ont été livrés.
En dernier lieu, monsieur Jacques voit des occasions d’affaires pour son entreprise dans le secteur des satellites militaires d’observation de la Terre (Earth Observation Satellite EOS) et des satellites militaires de communications (MilSatCom).
Numéro deux au monde dans le secteur du spatial, Airbus Defense and Space pourrait, selon lui, travailler avec l’Agence spatiale canadienne et la DG Espace au sein de l’Aviation royale canadienne en apportant aux partenaires canadiens des technologies de pointe.
L’assemblage et l’intégration seraient réalisés ici même au Canada au sein d’entreprises canadiennes telles que MDA.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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