MONTRÉAL – Nombre de mots : 613 – Temps de lecture : 3 minutes. La pénurie de main-d’œuvre est le nouveau sujet à la mode depuis quelque temps au Québec. Même si, actuellement, il est fait grand cas de la pénurie de main-d’œuvre, il faut savoir faire la part des choses.
Souvent celle-ci est malheureusement liée aux trop bas salaires offerts par des entreprises qui savent pertinemment qu’elles auront accès à une main-d’œuvre étrangère non-qualifiée qui acceptera une rémunération proche du salaire minimum. Le cas des abattoirs et des usines de conditionnement de poisson sont patents.
Dans le cas de l’industrie aérospatiale du Québec, cette pénurie est le fruit de la rencontre de deux phénomènes qui sont, d’une part, des vagues prochaines de mises à la retraite et, d’autre part, d’un désintérêt certain des jeunes pour les métiers et les techniques de l’aérospatiale, ceux-ci étant plus attirés par les technologies de l’information, en dépit de bonnes perspectives d’emplois et d’avantageuses conditions salariales. Il ne faut surtout pas perdre de vue que selon Aéro Montréal, 30 000 des 45 000 emplois du secteur aérospatial au Québec seront à combler dans les dix prochaines années.
À court terme, le recours à une main-d’œuvre étrangère semble alors la panacée, de là des campagnes de recrutement international et la présence des entreprises et du gouvernement du Québec à des foires de l’emploi à l’étranger aussi loin qu’en France, au Maghreb et en Europe de l’Est. Il s’agira là d’une solution de court terme qui, de plus ne règle en rien le problème du trop grand nombre de jeunes qui malheureusement quittent l’école sans aucun diplôme, souvent pour ne pas avoir eu la chance de trouver leur voie, pour ne pas dire une passion.
Certes, il y a également certes la campagne lancée récemment par Aéro Montréal ‘Ose créer l’avenir’ qui vise les jeunes encore en quête d’une carrière, souvent découragés ainsi que leurs parents par les annonces d’importantes mises à pieds chez Bombardier et Bell Helicopter Textron Canada, ces dernières années.
Mais il faudra plus : l’automatisation de la production et des incitatifs financiers pour recruter des étudiants dans les écoles de métiers aérospatiaux et les instituts aérotechniques.
Il n’est plus besoin de souligner la nécessité du virage vers l’automatisation de la production et la fabrication 3D afin d’éviter les délocalisations vers les pays à bas salaires comme le Mexique mais aussi pour lutter contre la pénurie de main d’œuvre dont il faut absolument malgré tout s’assurer d’une relève.
Dans les filières aérospatiales, le manque d’étudiants persiste et cela n’est pas nouveau. Des interventions directes des écoles mais aussi des industries auprès des élèves du primaire et surtout du secondaire seraient un must.
Des présentations dans les écoles, des visites d’entreprises et d’un musée de l’aviation à construire, la tenue régulière durant l’année scolaire, d’un vrai salon aéronautique destiné aux élèves et à leurs parents, par exemple sur les terrains de l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA) à l’aéroport de Saint-Hubert (YHU) sont indispensables. Ainsi, les jeunes en plus de se retrouver pour une toute première fois dans un école technique, d’y découvrir des carrières, d’échanger avec des étudiants et leurs enseignants, d’être informés des débouchés, pourraient toucher à des avions qu’exposeraient entre autres Bombardier, Bell Helicopter, Air Canada, Air Transat mais aussi les gouvernements et les Forces armées canadiennes.  De la sorte, des vocations guidées par la passion et la raison en naîtraient.
Et, en plus, afin de faciliter ces vocations, pourquoi ne pas créer des bourses d’études pour combler les très nombreuses places encore disponibles dans les institutions d’enseignement aérospatiales.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
Commentaires