MONTRÉAL – L’annonce de la délocalisation de la chaîne de montage du monomoteur de cinq places Bell 505 Jet Ranger X, qui d’ailleurs, n’avait encore livré aucun appareil, de l’aéroport régionale de Lafayette en Louisiane à Mirabel au Québec, corrige, en quelque sorte, un certain manque de logique de la décision initiale.
Je ne serai pas assez cynique pour affirmer que les subventions et avantages fiscaux étalés par Québec et Ottawa depuis la première rencontre entre Mitch Snyder, président de Bell Helicopter Textron, et Dominique Anglade, ministre de l’Économie, de la science et de l’innovation, au début d’avril de cette année, ont finalement dépassé ceux de la Louisiane et du comté de Lafayette. Mais je ferai sans vergogne.
Mais, finalement était-il logique d’aller monter de toutes pièces une chaîne d’assemblage en Louisiane destinée à la construction d’un modèle d’hélicoptère visant au remplacement d’un dont l’assemblage se réalisait déjà à Mirabel, le Bell 206B JetRanger? À plus forte raison alors qu’une bonne partie de la conception du Bell 505 Jet Ranger X et que la totalité des tests en vol et de la campagne en vue de la certification se réalisaient à Mirabel.
Cette annonce accueillie par des applaudissements soutenus et des cris de joie stridents des employés des installations de Mirabel assure l’avenir de ces dernières en dépit des propos peu pensés pour ne pas dire sensationnalistes de certains analystes en avril dernier lors de la divulgation des dernières mises à pieds qui entrevoyaient déjà une fermeture prochaine.
Déjà en mars dernier, Mitch Snyder, président de Bell Helicopter Textron depuis octobre 2015, annonçait en plein HAI Heli Expo, la grande messe internationale de l’hélicoptère qui se tenait cette année pour la toute première occasion à Louisville, au Kentucky, que le successeur du Bell 412 serait produit à Mirabel.
Néanmoins, belle et bien la pérennité des installations de Mirabel est confortée mais elles se voient du même coup confiner dans leur mandat de production d’hélicoptères mono et biturbines léger et moyen du constructeur texan. La production des plus gros modèles civils sera assurée par l’usine d’Amarillo
La production du SuperMidSize Bell 525 Relentless lancé lors de l’édition 2012 du salon HAI Heli Expo, premier modèle cinq pales et plus gros hélicoptère civil jamais proposé par le constructeur de Fort Worth demeurera très certainement à Amarillo, au Texas, alors que Bell Helicopter étend sa gamme vers le haut. Cet hélicoptère de 9 tonnes accueillant jusqu’à 19 passagers, ayant effectué son vol inaugural le 1er juillet 2015, devrait entrer en service en 2017. Les commerciaux de Bell Helicopter présentent le Model 525 non pas en tant que le concurrent de l’Airbus H175 mais comme celui de l’Airbus H225 Super Puma et comparent leur machine au Sikorsky S-92, la référence sur les plates-formes pétrolières Offshore. De plus le ralentissement de la production du convertible militaire V-22 passée de 36 à 24 par année a libéré de l’espace aux installations d’Amarillo, permettant ainsi l’installation de la chaîne de montage du Bell 525.
Pour Bell Helicopter, il aurait été plus logique de ramener des activités comme le câblage qui ont été délocalisées de Mirabel vers les installations mexicaines de Textron afin de profiter de salaires et d’avantages sociaux bien moins coûteux ainsi certainement de subventions et d’aides à la formation du personnel.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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