L’assemblée annuelle des actionnaires de Bombardier s’est tenue sous un ciel gris et pluvieux au Centre des Sciences de Montréal et son contenu semblait avoir été fortement influencé par la météo : Pas d’orages en vue et la certitude que le vrai printemps arrivera un jour, mais rien pour réchauffer le cœur des investisseurs à court terme.
Les résultats du premier trimestre n’avaient rien de catastrophiques en soi, mais ils étaient légèrement moins bons qu’espéré par les analystes. L’utilisation des flux de trésorerie disponibles s’est élevé à 915 millions de dollars américains au cours du premier trimestre, plutôt que 590 millions au cours de la même période l’an dernier, a déçu certains analystes qui espéraient que ces sorties de fonds avoisineraient les 600 millions. Par contre Bombardier a connu un excellent premier trimestre en ce qui concerne les ventes et la valeur totale du carnet de commandes est passée de 69,7 milliards $ au 31 décembre dernier à 76,9 milliards au 31 mars. Bombardier aéronautique a vendu 91 avions, comparativement à 28 l’an dernier et ces ventes ont inclus 16 CS300, ce qui porte le total des commandes fermes pour le CSeries à 203. Ce raffermissement des ventes n’a toutefois pas suffi à dissiper la morosité des investisseurs et l’action de catégorie B de Bombardier a plongée de plus de 5 % dès l’ouverture des marchés pour terminer la journée à 4.15 $.
Lors de l’assemblée annuelle, la direction avait peu de nouvelles à annoncer. Au sujet du CSeries, Pierre Beaudoin, le président et chef de la direction de Bombardier, s’est contenté d’affirmer que « les essais en vol se poursuivent avec des résultats conformes à nos attentes ». Un quatrième avion d’essais prendra son envol prochainement. Durant la conférence de presse qui a suivi, les journalistes ont toutefois appris que les trois premiers avions d’essais continuent d’être pilotés en mode manuel, sans intervention des ordinateurs de vols. Guy Hachey, le président et chef de l’exploitation de Bombardier Aéronautique a expliqué que la mise en service des ordinateurs de vol se fera bientôt mais qu’on ne pouvait les utiliser dans le cadre des essais actuels. Beaucoup d’analystes attendent ce moment avec impatience car la mise au point des logiciels est devenue un des principaux défis dans la mise au point d’un nouvel avion de ligne. Quant à savoir si un des CSeries visitera le salon de l’aviation de Farnborough, Guy Hachey a soutenu que cette décision n’était pas encore prise… Par contre les journalistes qui suivent les salons de Farnborough et du Bourget sont convaincus du contraire. Si Bombardier demeure fidèle à l’habitude prise depuis une dizaine d’années, le CSeries se posera à Farnborough la veille de l’inauguration du salon, le dimanche 13 juillet, devant une foule de journalistes, de façon à faire la manchette le lundi matin alors qu’on inaugurera le salon. Il faut savoir que tous les journalistes et invités de marque arrivent à Londres le samedi afin de pouvoir participer aux nombreuses réceptions qui commencent en soirée. Pour ce qui est du Global 7000, la production et l’assemblage du poste de pilotage et des sections centrales et arrière du fuselage du premier avion d’essais ont débuté.
Le reste de la conférence de presse a été largement consacré à des sujets de politique internationale, principalement la Russie et l’Iran. Pierre Beaudoin a expliqué que les négociations se poursuivaient avec la compagnie Rostec en vue de l’installation d’une usine d’assemblage de Q400 en Russie en dépit du problème ukrainien. Monsieur Beaudoin a toutefois promis que son entreprise respecterait toute les sanctions qui pourraient être décrétées à l’endroit de la Russie. Le modèle de partenariat qui est en voie de négociation avec Rostec pourrait également être offert à des entreprises d’autres pays dont la Chine. L’Iran intéresse également Bombardier. Récemment, le chef de l’aviation iranienne, M. Ali Reza Jahangirian, a laissé entendre que la levée des sanctions économiques à l’endroit de son pays pourrait se traduire par des achats d’avions de plusieurs milliards de dollars. Le remplacement de la flotte décrépie d’avions de ligne actuel pourrait exiger l’achat de 400 avions au cours des 10 prochaines années. Monsieur Beaudoin a confirmé que l’Iran était considéré comme un marché prometteur, aussi bien dans le secteur du transport aérien que du transport terrestre, mais qu’il fallait d’abord que les sanctions économiques soient levées.
Par ailleurs, monsieur Beaudoin s’est dit heureux de la baisse du dollar canadien par rapport à la devise américaine. Chaque cent de baisse du dollar canadien se traduit par 25 millions de dollars de profit additionnel. Toutefois, Bombardier se protège contre les fluctuations de taux change au moyen de contrats à terme, ce qui fait que l’impact positif de la dévaluation de la devise canadienne ne se fera pas sentir en 2014 mais à plus long terme seulement.
Mentionnons que le nouveau président de Bombardier Transport, Lutz Bertling qui était précédemment président d’Eurocoptère, participait à l’assemblée annuelle de Bombardier pour la première fois. Il a prononcé un long discours entièrement en français où il a expliqué la nouvelle structure de gestion appelé OneBT, destinée entre autres à améliorer l’exécution des projets et à accroître la satisfaction des clients, deux problèmes qui ont coûté cher à Bombardier Transport au cours des dernières années.
Daniel Bordeleau
daniel.h.bordeleau@infoaeroquebec.com
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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