MONTRÉAL – Nombre de mots : 1114 – Temps de lecture : 9 minutes. Vendredi matin dès 8h30, les pdg d’Airbus et de Bombardier, respectivement Tom Enders et, à peine revenu de son aller-retour Mirabel –Toulouse Blagnac, Alain Bellemare, s’adressèrent aux membres de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain (CCMM). Ainsi plus de 500 membres ainsi que nombre de journalistes et d’équipes de télévision s’y précipitèrent.
À la table d’honneur, se trouvèrent entre autres, Philippe Couillard, premier ministre du Québec, Denis Coderre, maire de Montréal, Fred Comer, président, Bombardier, Avions commerciaux, Marc Parent, pdg de CAE, Suzanne Benoît, pdg d’Aéro Montréal, Dominique Anglade, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec, Christine Saint-Pierre, ministre des relations internationales et de la francophonie du Québec et Martin Coiteux, ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire et Ministre de la Sécurité publique du Québec.
Ainsi, à peine un peu plus de 72 heures après l’annonce de la reprise par l’avionneur européen Airbus du programme CSeries de Bombardier dans le cadre de la série Leaders internationaux Bell, les deux pdg ont participé à une séance de questions et de réponses modulée par Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM.
Parlant de l’entente Airbus – Bombardier, rendue publique le lundi précédent à 18h15, heure de Montréal, Alain Bellamre la qualifia de ‘A big deal for Bombardier, a big deal for Québec, a big deal for Canada…’, une entente stratégique qui, selon le pdg de Bombardier, ‘will unleash the value of the major investment that we made in this aircraft…we invested a lot of money’.
Pour lui, cette entente permettra de combiner ‘the strength of the best commercial aircraft manufacturer in the world (Airbus) with a very great product (the CSeries)’. Bombardier profitera ainsi de l’expertise de l’avionneur européen en matière de marketing, de chaîne d’approvisionnement et de soutien après-vente ‘qui va permettre la pérennité du programme à long terme et de préserver des jobs’
Tom Enders prit la parole alors que le maître de cérémonie, Michel Leblanc, lui dise qu’il faisait dorénavant partie de la famille.
L’allemand ne peut se retenir en compliments ‘We all all excited like our friends of Bombardier …Montreal is one of the main places for aviation in the world…it is one of the three or four top places’ rappelant à l’auditoire qu’Airbus employait 2000 personnes au Canada et entretenait déjà des relations avec des fournisseurs, des universités et Bombardier comme sous-traitant sur certains programmes civils de l’avionneur franco-germano-espagnol.
Tom Enders enchaîna en assurant que l’entente ‘gives our relationship a huge boost’ qualifiant le Canada de ‘the fifth home country of Airbus’
Mais pour lui ‘first of all we have to focus on the CSeries and we need to make it a roaring success’
Alain Bellemare précisa qu’Airbus amène sa marque un sceau d’approbation du programme, en quelques jours les forecasts de ventes ont augmenté de 50% grâce à la confiance, au réseau Airbus, à ses contacts avec toutes les compagnies aériennes au monde et cela permettra d’accélérer la vente d’avions, de garnir le carnet de commande’.
Il aborda la question des droits antidumping imposés par Washington suite à la plainte de Boeing. Pour monsieur Bellemare, la présente transaction va permettre l’accès au marché américain qui représentera environ 30% des ventes du CSeries par l’établissement d’une ligne de montage à Mobile, en Alabama, aux côtés de celles de la famille A320, entrées en service en avril 2016.
Pour le pdg de Bombardier, son entreprise va bénéficier des années d’expérience et de développement d’airbus de manière à créer de la valeur pour le programme CSeries anticipant que la valeur de ce dernier doublera rapidement.
Le président d’Airbus assura que cette entente apportera le succès à l’industrie aérospatiale canadienne, à Bombardier et à Airbus et sera ainsi une entente ‘Win-Win-Win’.
Pour lui avec un marché potentiel de 6000 appareils sur le créneau du 100 à 150 places, il ne put s’empêcher de déclarer ‘We know how to sell single aisle aircraft…no reason why not capture 50% of this market’ ce qui provoqua les vifs applaudissements de la salle.
Il conclut cette intervention en qualifiant Bombardier de ‘best business aircraft manufacturer in the world’.
Au yeux d’Alain Bellamare, cette entente amènera au Québec, un ‘super OEM’, Airbus qu’il qualifie de ‘meilleur fabricant d’avions commerciaux au monde’. Elle permettra de ‘Leverager le génie que nous avons au Québec et au Canada’.
Tom Enders reprit la parole pour rassurer l’auditoire et le Québec tout entier en rappelant que le siège social et le hall d’assemblage du CSeries à Mirabel seront maintenus.
Le pdg d’Airbus rappela que nombre d’entreprises canadiennes travaillent déjà pour Airbus à hauteur d’un milliard de dollars par année et que ‘we will work hard to give access to additional Canadian suppliers to Airbus’.
À titre de comparaison, l’avionneur américain Boeing achète pour plus de quatre milliards de dollars en biens et services, chaque année au Canada.
Déclarant que ‘The sky is not the limit’,monsieur Enders ne ferma pas la porte à l’assemblage d’un modèle Airbus au Québec mais ‘First let make the CSeries a success’
Selon lui, le Québec n’a nulle raison de s’inquiéter sur la question de l’avenir de la gamme CSeries car ‘No competition between airbus and CSeries.. they are complementary ‘. Sans équivoque, il avança que le CSeries est un ‘Great aircraft technically’ et que ‘the future of the CSeries is changing with this deal’.
Que pouvait-il dire de plus par cette déclaration ‘We are fascinated to have another great aircraft very competitive to add to our line of aircraft’
Alain Bellemare, au plaisir de son auditoire, rappela que le Québec pouvait être fier d’avoir réalisé un avion spectaculaire.
Mais aussi ‘Vraiment fier d’avoir un partenaire comme Airbus’.
Le pdg de Bombardier s’adressa alors à ceux qui regrettaient que par cette entente, le CSeries passait entre les mains d’Airbus en déclarant qu’’il faut mettre de côté la nostalgie’.
Tom Enders ne peut échapper à la question des poursuites demandées par Boeing auprès de l’US Department of Commerce contre le CSeries.
Pour lui, l’entente Airbus-Bombardier est ‘A blow to Boeing’ qu’il nomme the B Guy pour Bad Guy.
Monsieur Enders reconnut que les choses ne s’aplaniront pas de sitôt avec le géant américain ‘The B Guy will send everything throw into our figure…the coming months will be rough and tough’ mais ‘with the support of Canada, Europe and Alabama, we will prevail.
Le pdg d’Airbus conclut en précisant que par l’annonce de l’entente entre Airbus et Bombardier ‘We send a big rock in the aerospace pond…New alliances will be launched’… ‘It is better to be proactive and to launch the first stone’.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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