OTTAWA –  Nombre de mots : 1887  – Temps de lecture : 7  minutes. Les mardi et mercredi 7 et 8 novembre 2017, le Sommet de l’aérospatiale canadienne organisé par l’Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC – Aerospace Industries Association of Canada) a réuni, au Shaw Center, à un jet de pierres de la Colline parlementaire, plus de mille représentants de l’industrie aérospatiale canadienne mais aussi étrangères, fonctionnaires, militaires et élus.
En plus des présentations, panels et repas conférence, le Sommet de l’aérospatiale canadienne offre aussi un salon commercial qui réunit environ 70 exposants et est doté d’une plateforme B2B auxquels ont participé des fabricants et des innovateurs du secteur de l’aérospatiale de toutes les régions du Canada et du monde entier.
Hélène V. Gagnon, vice-présidente, Affaires publiques et communications mondiales chez CAE, qui officia en tant que maître de cérémonie pendant les deux jours demanda au président du Conseil d’administration de l’AIAC sortant, David Gossen, président d’IMP Aerospace & Defence, de présenter son successeur, Cynthia Garneau, présidente de Bell Helicopter Textron Canada. Rappelons que madame Gagnon fut, en 2014, la première femme accédant à ce poste.
Reconnaissant être très honorée de pouvoir ainsi se mettre au service du Conseil d’administration de l’AIAC, madame Garneau reconnut tout de go que ‘Partout dans le monde, notre industrie fait l’objet d’une vive concurrence et elle évolue très rapidement’. Elle précisa qu’afin de conserver les avantages stratégiques du Canada aussi bien au pays qu’ailleurs dans le monde ‘il va nous falloir tirer tout le parti possible de nos collaborations dans le domaine de l’innovation pour alimenter notre croissance et attirer les différents talents dans tous nos secteurs d’activité’. La présidente de Bell Helicopter Textron Canada conclut en affirmant qu’elle avait hâte de commencer à travailler avec le Conseil d’administration et avec l’équipe de direction de l’AIAC ‘pour garantir la réussite du secteur canadien de l’aérospatiale au cours des années à venir’.
Pour le mandat 2017-2018, le Conseil d’administration de l’AIAC sera constitué des personnes suivantes:
Cynthia Garneau | Présidente du Conseil | Présidente, Bell Helicopter Textron Canada Ltd. |
Patrick Mann | Vice-président | Président, Patlon Aircraft & Industries |
Jim Quick | Président et chef de la direction | AIAC |
David Gossen | Président sortant | Président, IMP Aerospace & Defence |
Keith Donaldson | Trésorier et secrétaire honoraire | Vice-président, Ventes et développement des affaires, Apex Industries Inc. |
Brad Audette | Sans fonction déterminée | Director, Engine Programs, MTU Maintenance Ltd. |
Charles Bouchard | Sans fonction déterminée | Directeur général, Lockheed Martin Canada |
David Curtis | Sans fonction déterminée | Président et chef de la direction, Viking Air Ltd. |
Marc Parent | Sans fonction déterminée | Président et chef de la direction, CAE Inc |
Mike Pley | Sans fonction déterminée | Président, Pley Consulting Inc. |
Pierre Pyun | Sans fonction déterminée | Vice-président, Affaires gouvernementales, Bombardier |
John Saabas | Sans fonction déterminée | Président, Pratt & Whitney Canada Corp. |
Daniel Verreault | Sans fonction déterminée | Directeur pour le Canada, Exploitation des systèmes militaires, GE-Aviation |
Le premier conférencier du Sommet fut le Major Général Robert E. Wheeler, Senior Advisor, Avascent Global Advisors qui souligna les défis de la cyber sécurité. Après 32 ans au sein de l’US Air Force où il pilota des bombardiers stratégiques B-52 et de B-2, cet ingénieur de formation fut chargé de la modernisation de la sécurité cybernétique à l’Office of the Secretary of Defense au Pentagon à Washington.
Ensuite, s’est tenue une Super session CAE réunissant Andrew Arnovitz, Vice-président, Stratégie et relations avec les investisseurs, Joe Armstrong, vice-président et directeur général de CAE Canada, Marc St-Hilaire, vice-président, Technologie évoluée et innovation et Maryse Carmichael, Canada Region Communications and Government Relations Manager qui, il faut le reconnaître,fut un pitch en faveur du fournisseur de simulateurs et de services de formation.
Enchaîna le panel des secrétaires parlementaires qui réunit :
Leona Alleslev, une diplômée du Collège militaire royal de Kingston et ancienne cadre chez Bombardier, députée Libérale fédérale d’Aurora – Oakridges – Richmond Hill) et membre du Sous-comité du programme et de la procédure du Comité permanent de la défense nationale, du Comité permanent de la défense nationale, et chef du comité Libéral en aérospatiale.
Jean R. Rioux, député Libéral fédéral de Saint-Jean et Secrétaire parlementaire du ministre de la Défense nationale
Steven MacKinnon, député Libéral fédéral de Gatineau et Secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement
Pamela Goldsmith-Jones, députée Libérale federal de West Vancouver – Sunshine Coast – Sea to Sky Country, Secrétaire parlementaire du ministre du Commerce international
Andrew Leslie, député d’Orléans et Secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères (Relations canado-américaines).
Monsieur Rioux rappela les objectifs de la nouvelle politique de défense du Canada intitulée ‘Protection, Sécurité, Engagement’ dévoilée en mai dernier par le Ministre de la défense nationale, Harjit S. Sajjan et la qualifia d’‘une belle politique…une très bonne politique’
Pour le Secrétaire parlementaire du ministre de la Défense nationale, cette politique contient de bonnes nouvelles pour l’industrie aérospatiale, le budget de la défense passant de 18 à 37 milliards de dollars d’ici 2027.  Il lança à l’auditoire ‘il y aura de l’argent pour vous’.
Sur la question du renouvellement de la flotte des avions de chasse McDonnell Douglas F-18 Hornet livrés entre 1082 et 1989, il déclara qu’’il est clair que notre gouvernement fera un concours transparent tenu à l’intérieur de notre mandat…un engagement ferme pour acheter 88 chasseurs’. Monsieur Rioux ajouta que les fonds vont être là , le budget de la défense pour les vingt prochaines années ayant été revu par cinq firmes conseils.
Quant à la flotte intermédiaire, il réitéra un besoin de 18 appareils. Le député de Saint-Jean rappela que le choix tiendra compte du coût, des échéanciers, des besoins et ‘surtout de faire affaire avec une entreprise qui n’est pas hostile à notre industrie aérospatiale canadienne’, une attaque à peine voilée en direction du géant aéronautique américain Boeing, constructeur du F-18E/F Super Hornet, considéré antérieurement par le gouvernement fédéral du premier ministre Libéral Justin Trudeau.
Monsieur Rioux conclut son intervention en rappelant la nécessité de cette flotte intermédiaire afin d’assurer la sécurité du territoire canadien, les engagements du Canada envers le NORAD pour la défense l’Amérique du nord ainsi que ceux sur la scène internationale principalement envers l’OTAN.
Lors de la présentation suivante, le Dr Éric Ducharme, General Manager, Advanced Technology Operations, GE Aviation, entretient l’auditoire sur la fabrication additive.
En après-midi du premier jour, Ken Peterman, President, Government Systems, ViaSat, souligna les avantages pour l’industrie aérospatiale canadienne du recours aux communications satellites (SatCom) de haute capacité.
Le panel portant sur la petite entreprise commanditée par Boeing réunit autour d’Ian Christrie, vice-président exécutif, AIAC, Dave Muir, de Gastops, John Mannariano de Mannarino Systems & Software, Patrick Thera de SED et Gabe Batstone de Contextere.
Suivirent les présentations de Torbjorn Sjogren, vice-président, International Government Systems, Boeing Global Services et de Michael Johansson, Executive Vice President and Deputy CEO, Saab AB.
Le Dîner annuel de l’aérospatial qui réunit plus de 400 personnes accueillit Carla Qualtrough, ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement. Fait à noter, les ambassadeurs de tous les pays impliqués dans le groupe Airbus, soit ceux de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne et du Royaume-Uni assistèrent à ce dîner.
Ce fut aussi l’occasion de présenter le Prix James C. Floyd pour l’excellence en aérospatiale à l’équipe de l’exploitation de Pratt & Whitney, dirigée par Benoit Beaudoin.
Le deuxième jour s’amorça avec une présentation par Manfred Hader, associé principal du cabinet allemand Roland Berger GmbH portant sur les turbulences à l’horizon – perspectives et stratégies de l’industrie pour soutenir la compétitivité dans l’industrie aérospatiale.
Un panel exécutif s’en suivit orchestré par monsieur Hader réunissant Jonathan Lee Obst, directeur général Canada, Rockwell Collins, Charles Bouchard, directeur général, Lockheed Martin Canada, Cynthia Garneau, présidente Bell Hélicopter Textron Canada et David Curtis, président et chef de la direction de Viking Air.
Ensuite monsieur Colin Robertson, Senior Advisor chez Denton LLP éclaira l’assistance sur les relations Canada – États-Unis et sur l’ALÉNA. Cet avocat et ancien diplomate canadien décrit l’état des négociations entre les trois membres de l’ALÉNA et les conséquences sur l’industrie aérospatiale canadienne.
La dernière présentation fut donnée par Dick Hoke, chef de la direction, Airbus Defence & Space. À ce poste depuis le 1er avril 2016, cet ingénieur de formation commença par rappeler qu’Airbus était au Canada depuis plus de trente ans et achetait chaque année auprès de plus de 570 fournisseurs canadiens pour un peu plus d’un milliard de dollars de biens et services. Il ne put s’empêcher de souligner qu’il était très fier de l’accord passé entre Airbus et Bombardier en octobre dernier : ‘It give us a new momentum with the Canadian Aerospace industry’.
De là , selon monsieur Hoke, la décision de faire du Canada ‘the Airbus fifth country’ rappelant qu’’Airbus is a very unique company bringing together four countries France, Germany, Spain and the United Kingdom’.
L’octroi à Airbus Defense & Security et son biturbopropulsé C295 en décembre 2016 du contrat des Forces armées canadiennes portant sur le Projet de remplacement d’aéronefs de recherche et de sauvetage à voilure fixe (ARSVF) ou Fixed-Wing Search and Rescue Aircraft Replacement Project (FWSAR) est très important pour Airbus selon monsieur Hoke puisqu’il porte sur 16 appareils pour un montant de plus de 2,4 milliards de dollars canadiens.  Ce montant pourrait atteindre les 4,7 milliards de dollars d’ici 2043 en incluant les services d’entretien et de soutien.
Mais naturellement comme le souligna monsieur Hocke, Airbus ne veut pas s’arrêter là reprenant les propos livrés à Info Aéro Québec par Simon Jacques, président d’Airbus Defense & Space lors du salon CANSEC de mai 2016 à Ottawa. L’avionneur européen veut offrir aux Forces armées canadiennes dans le cadre du remplacement des Airbus CC-150 Polaris, l’Airbus A330 MRTT dont 28 des 56 exemplaires commandés ont été livrés. Ce dernier a été sélectionné par les forces aériennes britanniques, australiennes, françaises, saoudiennes, émiratis, singapouriennes, allemandes et norvégiennes.
Le chef de la direction d’Airbus Defense & Space déclara que cette dernière proposera le chasseur biréacté anglo-germano-espagnol Eurofighter dont l’entrée en service remonte à août 2003 au gouvernement canadien dans le cadre du remplacement des McDonnell Douglas CF-18 Hornet de l’Aviation royale canadienne.
Monsieur Hoke souligna la volonté d’Airbus d’attirer plus d’entreprises canadiennes dans le réseau de fournisseurs de l’avionneur européen spécialement: ‘We are already a significant partner of the Canadian aerospace industry and we definitely believe that on top of it based on the new corporation with Bombardier we can become a more important partner’. Il visa aussi l’industrie spatiale canadienne en déclarant que ‘We definitely think that we can have a vital role in developing the space industry in Canada’.
Enthousiaste et s’appuyant sur la collaboration décidée entre Airbus et Bombardier, David Hoke conclut que ‘We would like to partner with more companies and we want to play a more important role in the Canadian aerospace company’.
Le Sommet se clôtura avec le Lunch du leadership de l’aérospatiale canadienne commandité par Lockheed Martin et dont le conférencier fut Navdeep Bains, ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique. En fait, le Ministre se limita à une présence d’une vingtaine de minutes qui consista en une séance de questions et de réponses avec le président de l’AIAC, monsieur Jim Quick.  Le ministre Bains eut néanmoins à cœur de rappeler, une fois encore, l’importance de l’innovation comme moteur de l’industrie aérospatiale.
L’édition 2018 du Sommet canadien de l’aérospatiale se tiendra les 13 et 14 novembre 2018 au Centre Shaw à Ottawa.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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