Le vendredi 22 mai, l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA) recevait quelque 700 invités, d’anciens élèves et d’anciens employés surtout, à un grand barbecue pour fêter le 50e anniversaire de sa fondation. En raison du temps très frais, l’événement s’est tenu dans le hangar principal de l’école. Serge Brasset, son directeur, était fier de rappeler que l’ENA est la plus importante institution du genre… au monde.
De Dorval à Longueuil
L’ÉNA est née en 1964 sous le nom d’Institut aérotechnique du Québec, une filiale de l’Institut de technologie Laval. L’institution s’installe dans un hangar pour avions à l’aéroport de Dorval. La première promotion compte 24 finissants, tous des hommes.
Quatre ans plus tard, le ministère de l’Éducation décide d’intégrer les écoles de technologies au réseau collégial, et l’Institut aérotechnique se retrouve affilié au Cégep Édouard-Montpetit de Longueuil.
L’année 1972 a été celle des grands changements. L’école, qui accueillait alors 275 étudiants, emménage dans de nouveaux locaux construits spécialement pour son usage à l’aéroport de St-Hubert. C’est François Cloutier, le ministre de l’Éducation de l’époque, qui l’inaugure le 13 novembre. Le ministre se montre très optimiste quant à l’avenir de l’institution et il souligne que les nouveaux locaux sont conçus pour recevoir 800 étudiants. L’ÉNA profite de l’occasion pour adopter son nom actuel et pour restructurer ses programmes d’enseignement selon un modèle demeuré inchangé jusqu’à maintenant. L’école a toutefois été agrandie à plusieurs reprises depuis cette date.
Aujourd’hui, l’ÉNA possède pour quelque 85 millions de dollars d’équipement. En plus des salles de cours traditionnelles, l’école dispose d’une trentaine de laboratoires et d’ateliers spécialisés en plus de cinq hangars où sont entreposés les 35 appareils utilisés pour la portion pratique des formations. L’équipement spécialisé comprend notamment deux souffleries et des dizaines de moteurs, à piston, à turbine ou à réaction, que les étudiants apprennent à démonter et à remonter. On y utilise également des bancs d’essais virtuels uniques au monde, développés par les enseignants grâce à des contributions versées par la Fondation du cégep Édouard-Montpetit et par la Fondation J. Armand Bombardier.
Dès sa fondation, l’ÉNA a opté pour une formation à la fois théorique et pratique. Afin que les élèves puissent se faire la main, l’école s’est dotée d’un parc aérien de 25 avions et de 10 hélicoptères. Parmi les appareils disponibles, on remarque notamment deux Challenger, un Dornier, un Learjet, un Beech King Air et même un antique Lockheed Electra, sans compter une dizaine d’hélicoptères dont des Bell et des Airbus. L’école possède également un petit avion de type RV-6, certifié par Transport Canada et immatriculé C-GENA; il a été fabriqué pièces par pièces par les étudiants au cours des 15 dernières années.
La plus grande… au monde
Dans son discours de bienvenue aux invités, Serge Brasset a insisté sur le fait que l’ÉNA est la plus importante institution d’enseignement aérotechnique au monde. En entrevue, il nous a expliqué que le modèle québécois est unique. Le ministère de l’Éducation a décidé de centraliser toute la formation collégiale en aérotechnique dans un seul établissement : le Cégep Édouard-Montpetit, dont dépendent l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA) et le Centre technologique en aérospatiale (CTA).
Ailleurs dans le monde, on a réparti cette mission entre plusieurs institutions. En Ontario, par exemple, quatre écoles se partagent ce mandat. Aux États-Unis, le travail est réparti entre un grand nombre de «Community colleges». En France, c’est aux nombreux Instituts universitaires de technologies (IUT) qu’on a confié cette responsabilité.
L’approche québécoise de centralisation a permis de mettre en commun des moyens très importants et de maximiser la contribution des entreprises au développement de l’École. Précisons que plusieurs entreprises ont fourni une grande partie des aéronefs, des moteurs et de l’équipement nécessaire au bon fonctionnement des programmes de l’ÉNA.
La visite guidée, organisée à l’occasion du barbecue, a permis de constater la générosité des entreprises. Pratt&Withney a donné de nombreux moteurs à l’ENA, dont un moteur expérimental, utilisé récemment pour tester le système d’engrenages de la nouvelle famille de moteurs Pure Power. Ces moteurs équipent notamment les avions de la CSeries de Bombardier. Transat a pour sa part donné un moteur RB-211 et Bombardier, un Learjet expérimental ainsi que beaucoup d’équipement.
Le défi du recrutement
Selon Serge Brasset, le principal défi de l’école demeure le recrutement des nouveaux élèves. L’école accueille actuellement 900 étudiantes et étudiants. Par contre après les événements de septembre 2001, ce nombre est tombé à moins de 500. Chaque mauvaise nouvelle touchant le secteur de l’aviation, comme des annonces de mises à pied, peut décourager certains jeunes à la recherche d’une formation technique.
Dans ce contexte, les importantes mises à pied annoncées par Bombardier inquiètent. M. Brasset assure toutefois que, pour l’instant, il ne perçoit aucun ralentissement dans le nombre d’inscriptions. Il affirme que le taux de placement des diplômés demeure excellent, car de nombreuses entreprises, petites et moyennes, cherchent constamment du personnel.
Un autre défi de taille, c’est d’augmenter la proportion d’étudiantes à l’ÉNA. Actuellement elles constituent 7 % des inscriptions. S’ajoute à cette préoccupation la recherche de moyens permettant de contrer le décrochage scolaire qui prive le système collégial d’un grand nombre de garçons.
Serge Brasset prendra sa retraite le 3 juillet prochain, fier des 9 années passées à la tête de l’ÉNA et du Cégep Édouard-Montpetit. Il continuera toutefois de siéger à plusieurs conseils d’administration et il sera disponible, à l’occasion, pour conseiller son successeur. Le conseil d’administration du Cégep a choisi Sylvain Lambert, l’actuel directeur du Cégep de Granby, comme prochain directeur du Collège et de l’ÉNA.
Après des études en science politique à l’Université du Québec à Montréal et à l’Institut d’études politiques de Paris, Daniel Bordeleau a entamé une carrière de journaliste qui s’étale sur plus de 35 ans. Il a travaillé principalement pour la Société Radio-Canada où il est d
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