Nous avons appris cette semaine que la Cour fédérale du Canada a débouté la filiale canadienne de l’hélicoptériste européen Airbus Helicopters dans sa contestation de l’octroi d’un contrat de $172 millions par le gouvernement canadien à Bell Helicopter Textron Canada de Mirabel, filiale du géant américain Textron.
Attribué par Ottawa en mai 2014, ce contrat portait sur l’acquisition de 15 hélicoptères Bell 429 suite à un appel d’offre lancé en avril 2013 pour la fourniture de 16 à 20 hélicoptères légers à la Garde côtière canadienne. AgustaWestland et Airbus Helicopters avaient décidé de se retirer de la compétition.
Les Bell 429 seront construits à l’usine de Bell Helicopter à Mirabel, en banlieue nord de Montréal et livrés à partir du mois de mai 2015 soit un an après l’obtention du contrat au rythme d’une machine par mois. Ces biturbines légers remplaceront les 14 Messerschmitt-Bölkow-Blohm (devenu Eurocopter puis Airbus Helicopters) BO-105 et les trois Bell 206L Long Rangers acquis dans les années 1980. Dans le cadre de cette compétition pour des hélicoptères légers, Airbus Helicopter proposait les EC135 et EC145, AgustaWestland, les AW109SP Grand New et AW119Ke Koala et Bell Helicopter, le 429 Global Ranger.
Dans son recours en appel, l’hélicoptériste européen Airbus Helicopters soutenait que l’appel d’offres comportait des critères très spécifiques afin de favoriser les machines de Bell Helicopter. Néanmoins le juge Yvan Roy, de la Cour fédérale a statué que le processus suivi par le ministère des Travaux publics était irréprochable et qu’aucun favoritisme en faveur de Bell Helicopter n’avait pu être démontré.
Il est ironique qu’Airbus Helicopters ait pu contester le résultat d’un appel d’offres du gouvernement canadien alors que les gouvernements français, allemand et espagnol ne semblent pas trouver la nécessité d’émettre des appels d’offres quand il vient le moment d’équiper leurs forces armées, leurs corps de police, de gendarmerie ou douanes ou de gardes-frontière.
Pas un seul hélicoptère de constructeur américain n’équipe leurs différents corps militaires et policiers hormis les 110 Sikorsky CH-53G de la Luftwaffe commandés en 1968.
Cet état de fait est d’autant plus ironique qu’Airbus Helicopter a une longue présence en Amérique du nord avec ses prédécesseurs, Aérospatiale, MBB et Eurocopter y compris au sein des flottes militaires et parapubliques des gouvernement américain et canadien sans compter le nombre important de machines européennes volant au sein des corps policiers d’états et de villes américaines et de provinces et de cités canadiennes.
D’ailleurs, il y a quelques années, lors d’un AHS Forum, le président d’American Eurocopter demandait un accès complet au plus important marché d’hélicoptères au monde, celui du Pentagon soit 6200 voilures tournantes (contre 600 en France et 355 en Allemagne). Je lui ai alors demandé combien de machines Bell, Boeing, MD Helicopter ou Sikorsky volaient sous le drapeau français….
Commandés en 1979, 102 MH-65 Dolphin (version militarisée de l’Aérospatiale SA366 G1 Dauphin) équipent l’U.S. Coast Guard sans oublier les 411 UH-72A Lakota (version militarisée de l’Eurocopter EC145) de l’U.S. Army dont déjà 330 ont été livrés.
Ne parlons du biais favorable envers les produits Eurocopter / Airbus Helicopters chez Hydro-Québec.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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