Bell Helicopter Textron Canada à Mirabel, la filiale du conglomérat américain Textron contrôlant Cessna, Bell Helicopter et TRU Simulation and Training qui a repris Mechtronix de Saint-Laurent en décembre dernier, va se départir de deux cents employés de plus d’ici la fin de l’année si l’on en croit une annonce entendue à un bulletin de nouvelles du 17 novembre 2014 à une station de radio montréalaise.
Déjà en août dernier, la direction de l’hélicoptériste de Mirabel avait rendu public la mise à pieds de 150 de ses employés.
Ainsi pour le personnel de l’usine québécoise de l’hélicoptériste texan, les mauvaises nouvelles s’accumulent mais n’oublions pas qu’en février 2009 500 employés avaient été mis à pieds mais seulement pour trois mois.
Il est vrai qu’aux installations de Bell Helicopter à Mirabel, les fluctuations de personnel ne sont pas nouvelles alors qu’au fil du temps, le nombre d’employés oscilla entre mille et deux milles employés. De même, la production d’hélicoptères y a varié d’un peu moins de cent machines à plus de deux cent cinquante.
Avec ses 2500 hélicoptères dont 40% construits par Bell Helicopter, le Canada représente le second plus important parc de voilures tournantes civiles après les États-Unis.
Par la volonté du gouvernement fédéral canadien de voir s’établir un constructeur d’hélicoptères au Canada, Bell Helicopter Textron Canada s’installa en 1984 à Mirabel au nord de Montréal avec l’intention de développer et de construire un tout nouvel hélicoptère civil à turbine, le Bell 400. La production d’hélicoptères s’amorça en 1986 mais rapidement suite à l’effondrement du marché civil et à la robustesse du marché militaire, les dirigeants de Bell Helicopter à Fort Worth décidèrent de concentrer toute la production des hélicoptères civils à Mirabel.
La direction de Bell Helicopter repoussa le remplacement du Model 412, erra avec le Model 427 mal adapté au transport sanitaire, vendit à son partenaire AgustaWestland, en novembre 2005, sa part dans le programme d’hélicoptère moyen AB139 dont plus de mille exemplaires ont été vendus depuis, abandonna en septembre 2010 la production du modèle d’entrée de gamme, le Bell 206B, prisé des écoles de pilotage, donnant de la sorte le marché au californien Robinson Helicopter et à son nouveau R-66.
Mais aussi, la direction à Fort Worth décida en 2012 de la production de son tout nouvel hélicoptère SuperMedium de 8,5 tonnes de 16 passagers,  le 525 Relentless, à ses installations d’Amarillo, au Texas, puis en 2013 de celle de son modèle d’entrée de gamme, le 505 Jet Ranger X, dans une toute nouvelle usine en construction en Louisiane. Le vol inaugural du 505 lancé au Salon du Bourget 2013 est survenu à Mirabel le 11 novembre dernier alors que celui du 525, dévoilé en février 2012 lors de l’HAI Heli-Expo, est attendu d’ici la fin de cette année.
Au fil des ans, Bell Helicopter qui semblait tabler sur le marché militaire et principalement sur son convertible Osprey développé et construit en collaboration avec Boeing et commandé à 360 exemplaires par l’US Marine Corps, à 51 par l’US Air Force pour les Special Forces et à 48 exemplaires par l’US Navy, vit sa part du secteur civil glisser à environ 15% du total en valeur.
Années après années, les enquêtes auprès des utilisateurs d’hélicoptères réalisées par les rédacteurs des magazines Professional Pilot et AIN ont souligné la fiabilité des machines Bell, leur faible coût d’opérations et la qualité du service après-vente, en plaçant en tête de classement le constructeur américain.
Malgré tout, la part du marché civil détenue par Bell Helicopter a chuté durant les vingt dernières années qui se retrouve maintenant derrière Airbus Helicopters (anciennement Eurocopter) et AgustaWestland. Les succès escomptés des tout nouveaux Bell 505 et Bell 525 ne se traduiront pas en une montée de production et ne provoqueront pas d’embauches à Mirabel puisqu’ils seront construits aux États-Unis.  Ainsi Bell Helicopter Textron Canada à Mirabel devra espérer une hausse des ventes du Model 206L, populaire au Canada ainsi qu’aux États-Unis dans le marché des monoturbines destinés au transport sanitaire ; du Model 407 entré en service en 1996 et livré à plus de 1200 exemplaires dont le dernier né, le 407GX prisé dans plusieurs marchés; du Model 429 dont les livraisons s’amorcèrent en 2009 et qui perce le marché européen, une première pour Bell, et du Model 412 qui remonte à 1981 mais dont la toute dernière déclinaison, le Model 412EPI, a été lancée l’an dernier.
Selon les prévisionnistes de Forecast International, de 2014 à 2023, 23856 hélicoptères seront vendus d’une valeur globale de 247 milliards de dollars américains incluant 17350 hélicoptères civils dont 13319 à turbine d’une valeur de 98 milliards de dollars.  Bell Helicopter ne s’accaparera que de 7,2% du marché, en cinquième position, loin du premier, Russian Helicopters avec 19,2%, suivi de Sikorsky avec 18,2%, d’Airbus Helicopters 14,7% et d’AgustaWestland 11,1%.
Par contre, à l’avantage de Bell Helicopter Textron Canada, la part du secteur civil dans le marché des voilures tournantes devrait augmenter. Alors que les livraisons annuelles d’hélicoptères militaires passeront de 28 milliards de dollars en 2014 à 22 milliards en 2023.  À l’opposé, celle des hélicoptères civils augmentera, se hissant de 8 à 9,8 milliards de 2014 à 2023. Seulement au Canada, l’âge moyen des hélicoptères s’établit de 20 ans et dans moins de dix ans la majorité d’entre eux aura atteint leur limite d’âge offrant à Bell Helicopter Textron Canada des occasions de vente importantes tandis qu’en Europe, une règlementation obligeant l’utilisation d’hélicoptères biturbines destinés au transport sanitaire pointe à l’horizon.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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