MONTRÉAL – À  la veille de l’ouverture de l’AHS Forum 70 au Palais des Congrès de Montréal qui s’est déroulé du 20 au 22 mai 2014, Mike Hirschberg, directeur exécutif de l’AHS International nous a accordé une entrevue.
L’AHS: une longue histoire.
L’American Helicopter Society (AHS) a été fondée en 1943 est la plus ancienne et la plus importante société technique dédiée au vol vertical.
Après des réunions en janvier à la Sikorsky Aircraft à Hartford au Connecticut, la Society fut créée le 25 février suivant et incorporée dans l’État du Connecticut. Parmi ses membres fondateurs, se retrouvait Igor A. Sikorsky.
Son premier repas annuel allait se tenir à New York le 7 février 1944, à peine six mois avant son premier Forum annuel à Philadelphie, le 3 avril 1945.
Mise au jour au moment où le premier hélicoptère était mis en service aux États-Unis, l’AHS a eu pour but d’être un lieu d’échange d’information sur les technologies du vol vertical.  Dans ses règlements, la Society a pour but  ‘de faire avancer la théorie et la pratique de la science du vol vertical’.
Sa mission est depuis 1943 de fournir un forum international afin de répandre la connaissance sur le vol vertical alors que sa vision est de fournir le leadership aussi bien aux plans technique, scientifique, éducatif que législatif pour assurer l’avancement du vol vertical.
Chaque année, la Society organise ou commandite des conférences régionales et internationales pour l’avancement de la théorie et de la pratique du vol vertical sous toutes ses formes, non seulement grâce aux hélicoptères mais aussi des aéronefs à décollage et atterrissage vertical (VTOL).
L’AHS publie aussi deux revues de très haut niveau : ‘Vertiflite’ et ‘The Journal of the American Helicopter Society’. La Society se veut aussi le porte-parole du vol vertical auprès du public mais aussi des élus et des instances gouvernementales des États-Unis.
Un fois l’an, lors de son Forum, l’AHS remet $50000 sous formes de bourses d’études et soutient financièrement mais aussi techniquement des compétitions techniques pour étudiants mais des prix soulignant les réalisations dans les domaines techniques, scientifiques et même du sauvetage touchant au vol vertical.
Ayant changé de nom pour l’AHS International pour refléter son coté de plus en plus international, la Society compte plus de 6600 membres dans le monde dont environ 5000 aux États-Unis, principalement des ingénieurs et des scientifiques. Nombre d’entre eux possèdent une maitrise ou un PhD.
Depuis le 1er juin 2011, Mike Hirschberg est à la direction de l’AHS International, succédant à Rhett Flater. Il nous a accordé une interview de plus d’une heure pour nous parler de l’AHS, du Forum 70 et des tendances de l’industrie.
Chargé de l’exécution de la direction stratégique décidée par le conseil d’administration, Mike Hirschberg en tant que directeur exécutif représente la communauté technique du vol vertical et travaille à l’avancement de la recherche et de la technologie du vol vertical auprès du Congrès américain et de la Maison Blanche. Il est aussi le rédacteur en chef de toutes les publications de l’AHS International, soit Vertiflite, The Journal of the AHS et les AHS Annual Forum Proceedings. Au sein de l’AHS, il dirige une équipe de cinq professionnels salariés.
Mike Hirschberg: une carrière vouée au vol vertical.
Mike Hirschberg a œuvré de 2001 à 2011 chez Centra Technologies au titre d’ingénieur aérospatial principal en soutien pendant dix ans à la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) et à l’Office of Naval Research (ONR) sur des programmes d’avions et d’hélicoptères du futur. De 1994 à 2001, il travailla au développement des systèmes de propulsion verticale des X-32 et X-35 (le prototype du F-35) au Joint Strike Fighter (JSF) Program Office.
Rédacteur dès 1997 puis rédacteur en chef de 1999 à 2011, du magazine Vertiflite, Mike Hirschberg est un conférencier très apprécié et l’auteur de plus de cent publications techniques et de trois livres.
Monsieur Hirschberg détient un baccalauréat en génie aérospatial de l’University of Virginia et d’une maitrise en génie mécanique de la Catholic University of America et un MBA de la Virgina Polytechnic Institute & State University (Virginia Tech).
L’AHS au Canada.
L’AHS vise à ouvrir de nouveaux chapitres au Canada. Actuellement, le seul, le ‘Montréal – Ottawa Chapter’ est le plus important hors des États-Unis avec plus de 535 membres. Ce dernier fondé en 1988 avec l’établissement de Bell Helicopter Textron Canada à Mirabel au nord de Montréal en 1986, célébra son 25ième anniversaire l’an dernier comme le rappela monsieur Hirschberg. Montréal reste le centre de la conception et de la construction d’hélicoptères et de composantes au Canada par la présence de Bell Helicopter Textron Canada, Pratt & Whitney Canada et CAE sans oublier celles de nombreux sous-traitants
Quant à l’AHS Forum 70, Mike Hirschberg s’attendait à plus de mille participants, objectif qui fut atteint. 45% d’entre eux proviennent de l’extérieur des États-Unis et 25% du Canada. Le thème en est ‘Cooperation in the Vertical Flight Technology’ pour souligner la coopération entre, non seulement les filiales d’un même constructeurs mais aussi des compagnies entre elles et avec les équipementiers,  représentants des agences et ministères et du domaine de l’enseignement. Le directeur de l’AHS International souligna que même si il y aura toujours plus de collaboration entre les divers intervenants, il y aura aussi plus de compétition avec la venue de nouveaux joueurs. Les entreprises devront savoir quand coopérer ou s’allier à des compétiteurs et quand les affronter.
Coopération et compétition.
Sur le marché militaire, les entreprises auront plus tendance à s’allier pour développer la technologie et les produits de plus en plus complexes et chers tandis que sur le marché civil, la compétition sera plus de mise : ‘plus de coopération di coté militaire et plus de compétition du coté civil’. Ainsi Boeing et Airbus Helicopters (anciennement Eurocopter) parlent toujours du développement conjoint d’un super Chinook. Aux États-Unis, les hélicoptéristes nationaux coopèreront pour le développement des remplaçants des Blackhawks et des Apaches dans le cadre du programme Joint Multi Role (JVR) ainsi que pour celui du Future Vertical Lift (FVL) du Secrétariat de la défense des États-Unis. Le prochain ‘Marine One’ sera le fruit de la coopération de Sikorsky et de Lockheed Martin pour le développement de ce S-92 bien hors du commun tout comme l’est le Sikorsky SeaHawk, fruit lui aussi de la collaboration de ces deux mêmes entreprises.
La réduction des accidents: une priorité.
Quand au International Helicopter Safety Team (IHST), le but dès son le lancement en 2005 à Montréal par les membres du chapitre local, fut de réduire 80% le taux d’accident en dix ans. C’était alors reconnaître qu’il y avait beaucoup de progrès à accomplir dans le domaine. Les grands utilisateurs d’hélicoptères comme PHI ou CHC ont des taux d’accidents relativement faibles car ils ont su implanter des méthodes et des procédures précise Mike Hirschberg. Dans les pays ayant adopté les recommandations de l’IHST, une baisse de l’ordre de 30% des accidents est constatée. La dernière conférence International Helicopter Safety Symposium (IHSS) eut lieu lors de l’HAI Heli Expo 2014 en février dernier à Anaheim en Californie. Aux dires de monsieur Hirschberg, l’entraînement et une culture de la sécurité sont essentiels à la réalisation de l’atteinte d’une réduction de 80% des accidents d’hélicoptères. La technologie a aussi son rôle à jouer par l’intégration, par exemple, du ‘Helicopter Terrain Avoidance Warning System’ (HTAWS), de systèmes de vision synthétique (SVS) ainsi que des enregistreurs de vol ou ‘boites noires’ afin de savoir ce qui s’est passé. L’adoption de ceintures de sécurité à cinq points d’attache est un plus en matière de survie des occupants.
L’hélicoptère du futur.
Selon Mike Hirschberg, l’hélicoptère du futur sera de conception traditionnelle ce qui n’empêchera pas le recours au convertible ou ‘Tiltrotor’ qui a su montrer toute son efficacité dans le domaine militaire. Néanmoins, le premier convertible civil, l’AgustaWestland 609 originalement un produit de la coopération de Bell et Boeing, sera certifié sous peu et permettra le développement de plus gros modèles déjà dans les cartons de l’hélicoptériste italien. Le programme européen Clean Sky 2 destine des fonds au développement de convertibles.
Du coté des militaires, de l’avis de monsieur Hirschberg, le programme de démonstration technologique des forces armées américaines, Joint Multi Role (JMR) permettra au Pentagon de juger de la faisabilité ainsi bien aux plans technique que financier, d’hélicoptères rapides.
Karem Aircraft, Bell Helicopter, Sikorsky/Boeing et AVX ont proposé des concepts, tous différents allant du convertible au coaxial dont deux seront choisi en juin 2014 pour un vol inaugural en 2017.
Une nouvelle ère s’ouvrira alors selon le directeur de l’AHS car l’essentiel des hélicoptères en service au sein des forces armées américaines ont été conçu dans les années 1960 et 1970.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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