Un ministre que les entreprises aérospatiales vont aimer par Daniel Bordeleau.
Le cabinet choisi par le premier ministre Couillard a été très bien accueilli par les chefs d’entreprises. Sans surprises, c’est Jacques Daoust, ancien président d’investissement Québec, qui a obtenu le portefeuille le plus important pour les entreprises, celui regroupant le Développement économique, l’Innovation et les Exportations.
Monsieur Couillard a décidé de revenir à l’ancienne structure du MDEIE (Ministère du développement économique, de l’innovation et des exportations), telle qu’elle existait sous le précédent régime libéral, une décision qui ne peut que réjouir les entreprises qui semblaient satisfaites de cette formule. La fusion des ministères des Finances et du Développement économique, décidée par madame Marois, permettait peut-être de réaliser certaines économies administratives, mais elle avait créé un certain inconfort chez les chefs d’entreprises. Ceux-ci appréciaient le fait d’être représenté par le plus puissant ministre du cabinet, Nicolas Marceau, mais ils ne pouvaient plus compter sur un ministre qui les représentait spécifiquement comme par le passé au conseil des ministres. Monsieur Marceau risquait en effet de se trouver face à une forme insolite de conflit d’intérêt. Le rôle d’un ministre du développement économique est, dans une large mesure, de défendre les intérêts des entreprises auprès du premier ministre et auprès du ministre des finances qui doit répartir les ressources disponibles entre les différents ministères et décider de la provenance des revenus du gouvernement. Dans la nouvelle structure, le même ministre devait donc fournir des services aux entreprises en tant que ministre du Développement économique mais il devait aussi aller chercher plus d’argent auprès de ces mêmes entreprises en tant que ministre des Finances. Monsieur Marceau a très bien géré cette contradiction et il n’a jamais fait l’objet de critiques importantes sur cet aspect de son travail. Néanmoins, les dirigeants d’entreprise seront heureux de retrouver une voix plus indépendante au conseil des ministres. Surtout que, dans le cas présent, cette voix leur est particulièrement sympathique.
Jacques Daoust a d’abord été banquier, à la Banque Nationale et à la Banque Laurentienne avant d’être nommé président et chef de la direction d’Investissement Québec en 2006. Pour l’industrie aérospatiale, la nouvelle est particulièrement bonne puisque Jacques Daoust connaît bien ce secteur d’activité. Durant les années passées à la tête d’Investissement Québec, il s’est fait un devoir de participer très activement aux salons de l’aviation qui se sont tenus au Bourget et à Farnborough. Cette participation ne s’est pas limitée à faire la tournée des cocktails; il passait de longues heures au kiosque du Québec et d’Aéro Montréal à rencontrer les dirigeants des entreprises québécoises présents et ceux des entreprises étrangères susceptibles de venir s’établir au Québec. Il se faisait remarquer également par son excellente connaissance des programmes offerts par Investissement Québec.
Au cours des années qui viennent, Jacques Daoust devrait se donner comme but de mettre à jour la Stratégie de développement de l’industrie aéronautique québécoise, lancée en 2006 par Raymond Bachand qui était alors responsable du MDEIE. Cette stratégie a été largement mise en œuvre depuis et il est maintenant nécessaire de la revoir pour y inclure, entre autres, l’aspect spatial qui tenait peu de place dans la stratégie de 2006. De plus l’industrie québécoise doit se préparer adéquatement à l’arrivée de la prochaine vague de nouvelles technologies dans le secteur aérospatial. Avec l’arrivée des moteurs de type turbofan à soufflante non-carénée (open rotor), les avions vont changer de formes. De plus, comme nous l’expliquions dans un article récent, les technologies électriques prendront de plus en plus de place dans les nouveaux avions; de nouveaux moteurs hybrides sont à l’étude et Airbus nous a montré récemment, avec son « E-fan », qu’un avion tout électrique était même possible. Pour demeurer dans le peloton de tête, l’industrie aérospatiale québécoise devra investir des sommes considérables en recherche et développement et elle aura besoin de l’aide d’un ministre qui la comprend et la soutient, ce que Jacques Daoust pourrait devenir.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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