Pourquoi pas un musée de l’aviation à Mirabel? par Daniel Bordeleau.
Le 12 mars dernier, le nouveau maire de Mirabel, M. Jean Bouchard, lançait un cri d’alarme : il faut empêcher la démolition de l’aérogare désaffectée de Mirabel. Le maire Bouchard souhaite convaincre Aéroport de Montréal (ADM) de renoncer à son projet de démolir l’aérogare fermée depuis la fin d’octobre 2004. Le président d’ADM, M. James Cherry, a en effet déclaré au réseau TVA que cette démolition lui semblait inévitable, tous les projets de reconversion de l’immeuble ayant échoué. Un des facteurs qui rendrait très coûteuse la reconversion de l’immeuble est le fait que les murs et le plafond sont isolés à l’amiante. Ajoutons toutefois que l’intervention du maire Bouchard dans ce dossier n’est pas surprenante puisque l’aérogare, même désaffectée, rapporte annuellement 800 000 $ en taxes à la ville de Mirabel.
Info Aéro Québec propose de convertir l’aérogare en musée de l’aviation et de l’espace. L’immeuble désaffecté deviendrait ainsi un atout essentiel pour Montréal, la troisième plus importante ville au monde pour l’industrie aérospatiale après Seatle et Toulouse. Et doit-on rappeler une fois de plus que la région de Montréal est la seule au monde où on peut développer toutes les composantes d’un avion, des moteurs à l’équipement électronique en passant par le fuselage, les ailes et le train d’atterrissage. Un musée de l’aviation et de l’espace constituerait un atout touristique majeur et un moyen de sensibiliser les jeunes aux professions du secteur de l’aérospatial.
Montréal compte déjà un embryon de musée avec le Centre Canadien du Patrimoine Aéronautique (CCPA) de Sainte-Anne-de-Bellevue, qui accomplit un travail remarquable avec énormément d’énergie, mais trop peu de moyens techniques et financiers. La mission du Centre est de mettre en valeur les aviateurs et les appareils qui ont marqué notre histoire aéronautique. Les membres du Centre protègent, restaurent et fabriquent des répliques des avions importants et notamment ceux qui ont été fabriqués ici. Le CCPA s’acquitte très bien de cette tâche. Il y a toutefois de la place dans la région de Montréal pour un authentique musée de l’aviation ayant une vocation éducative plus large et des moyens financiers plus importants. Ce musée pourrait appuyer le travail du CCPA et le mettre en valeur en lui fournissant notamment des aires d’exposition plus vastes.
Je m’intéresse à cette question depuis quelques années déjà . En 2011, j’ai déposé un mémoire en ce sens au Comité-conseil sur l’avenir du Parc olympique qui était présidé par madame Lise Bissonnette. Ce projet ambitieux n’a jamais été étudié sérieusement par le Comité-conseil, pas plus que les autres mémoires proposant des utilisations autres que sportives pour le Stade olympique. Les auteurs ont eu droit à une mention de deux lignes chacun en annexe du rapport. L’installation de ce musée aurait nécessité le démontage d’une partie des sièges et des gradins du stade, ce qui aurait permis de dégager un espace suffisant pour accueillir l’équivalent de 6 Airbus A380. En étudiant de plus près l’exemple du National Air and space museum de Washington, qui reçoit plus de 8 millions de visiteurs par année, j’en arrivais à la conclusion qu’un musée de l’aviation à Montréal pouvait devenir à la fois un outil de développement touristique important et un moyen de faire la promotion auprès des jeunes des carrières dans l’industrie aérospatiale.
L’aérogare de Mirabel est moins vaste que le Stade olympique, mais la même logique prévaut. L’immeuble avec sa salle des départs, haute de trois étages et vitrée sur trois côtés, est assez vaste pour accueillir des avions de taille moyenne. Le plafond est assez haut pour qu’on puisse y accrocher de plus petits avions comme au Naitonal Air and Space Museum de Washington. Les gros avions pourraient être stationnés à l’extérieur et être reliés à l’immeuble par des passerelles d’embarquement. Le projet de l’Agence métropolitaine de transport d’installer au sous-sol une gare pour le train de banlieue permettrait de compenser l’inconvénient que constitue l’éloignement du centre-ville. Le musée pourrait compter sur un vaste bassin de retraités du secteur aérospatial pour se constituer une équipe de bénévoles compétents, un élément essentiel au développement de tout musée. Ce projet est certainement relativement coûteux, mais il s’agit d’un équipement essentiel pour la région de Montréal et pour le Québec.
Daniel Bordeleau
daniel.h.bordeleau@infoaeroquebec.net
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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