Eurocopter laisse la place à Airbus Helicopters et tourne une page difficile…
L’année 2013 a été compliquée pour l’hélicoptériste franco-allemand. Airbus Helicopters devrait à présent profiter du rebond…
Paris – France . « Une année difficile » : Guillaume Faury n’a pas mâché ses mots en ouverture de la conférence de presse présentant les résultats du Groupe qu’il préside depuis le 1er mai dernier. Première conférence de presse pour le nouveau président et première également pour la marque Airbus Helicopters qui remplacera désormais Eurocopter. Eurocopter, né du rapprochement de l’allemand MBB et de la branche hélicoptère du français Aerospatiale a vécu 20 ans. Il faudra donc parler dorénavant d’Airbus Helicopters, qui a pris naissance le 1er janvier et qui vivra autant que le permettra le capitalisme du 21ème siècle…
2013 a donc été une année difficile selon Guillaume Faury, ce dont les observateurs du monde de l’hélicoptère ne doutaient plus. Après deux amerrissages d’EC225 en mer du Nord en 2012, après l’immobilisation d’une large partie de la flotte en service au sein des opérateurs offshore, Eurocopter avait déployé l’an passé de très gros moyens humains et financiers pour identifier la cause racine des incidents et la traiter une bonne fois pour toute. Cette crise est aujourd’hui passée, les EC225 sont de retour en vol et les livraisons ont repris. Excellente nouvelle pour le fonds de roulement de la société !
Il n’en demeure pas moins qu’en milieu d’année 2013, Eurocopter était très en deçà de ses objectifs de ventes et de livraisons. « Sous le plan » pour employer une métaphore aéronautique. Le deuxième semestre, bien meilleur, a permis de sauver l’année. L’hélicoptériste franco allemand, qui revendique toujours la place de premier hélicoptériste mondial, a livré 497 appareils et reçu 422 commandes l’an passé. Airbus Helicopters revendique notamment une part de marché de 46% pour les hélicoptères civils et parapublics de plus de 1300 kg (une nuance qui exclut de facto Robinson du classement…). Selon les chiffres d’Airbus Helicopters, Bell est second sur ce segment avec 21% des ventes et AgustaWestland troisième avec 19%. Si les livraisons sont en hausse de 22 unités par rapport à 2012, les commandes sont en revanche en recul de 10% (elles s’étaient élevées à 469 en 2012). Le segment des hélicoptères léger connaît un recul plus prononcé, avec un peu plus de 200 Ecureuil et EC130 vendus. Anémique, l’EC120 ne s’est vendu qu’à une dizaine d’exemplaires l’an passé, sans doute pris en étau entre le R66 d’un côté et l’Ecureuil de l’autre. Hors de question pourtant d’abandonner la fabrication du monoturbine d’entrée de gamme : on envisage toujours chez Airbus Helicopters la possibilité de réaliser quelques jolis coups commerciaux auprès des écoles de pilotage étatiques ou de certains acteurs parapublics, tentés par cet appareil léger et très fiable.
Pour Airbus Helicopters, la véritable déception de 2013 vient des résultats de l’EC175, à peine cinq vendus sur les douze derniers mois. Une faiblesse que Guillaume Faury attribue au retard de la certification, du en grande partie aux soucis de développement de l’avionique de nouvelle génération Helionix. Mais ce retard appartient lui aussi désormais au passé, l’EC175 dans sa configuration « oil & gas » ayant décroché la certification de l’EASA la veille de la conférence de presse. La certification FAA est attendue « dans les mois à venir », Guillaume Faury révélant au passage qu’une équipe de l’agence américaine viendra prochainement à Marignane, où sont assemblés les EC175, pour évaluer l’appareil en vol. Une quinzaine d’appareils sont en cours de fabrication et les premiers seront remis aux trois clients de lancement, UT Air, Heli Union et NHV, au deuxième semestre. Rendez-vous est pris en 2014 pour savoir si les ambitions portées par l’EC175 seront exaucées. Une chose est certaine : Airbus Helicopters mettra les moyens qu’il faudra pour assurer l’industrialisation, la commercialisation et le support de l’EC175, avec l’obligation de mettre en ligne un
appareil mature et sans problème. L’année 2014 sera également celle de la certification du Dauphin N3e (pour «e » pour « évolution », avec des performances en hausse et des coûts d’opération en baisse…) et de l’EC145T2 (doté d’un fenestron et de l’avionique Helionix). Avec en toile de fond la poursuite des travaux sur la future gamme des « X », dont le X4, futur remplaçant du Dauphin, concentre également beaucoup de ressources d’ingéniérie de l’hélicoptériste.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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