Bombardier a à la fois annoncé ce matin que le CS100 n’entrerait pas en service avant la deuxième moitié de 2015 et qu’une compagnie aérienne lui avait octroyé une commande pouvant atteindre 26 CSeries. La bonne nouvelle n’a toutefois pas réussi à atténuer l’impact négatif du report qui a entraîné une chute de près de 8 % du cours de l’action de catégorie B de Bombardier. L’action B a terminé la séance à 4,17 $, en baisse de 35 cents ou 7,74 %. Le volume de transactions sur le titre de Bombardier a été très élevé puisque 35,6 millions d’actions ont changé de main aujourd’hui à la Bourse de Toronto.
Initialement le CS100 devait entrer en service à la fin de 2013, mais Bombardier a dû reporter le premier vol jusqu’au 16 septembre dernier, ce qui aurait alors pu permettre une entrée en service à la fin de 2014. Peu d’observateurs croyant le délai raisonnable, ce quatrième report était attendu. Toutefois, sa longueur semble avoir pris de nombreux investisseurs par surprise, le report pouvant atteindre jusqu’à un an. Le communiqué de la compagnie affirme simplement que « la phase des essais en vol exigera plus de temps qu’il n’avait été prévu au départ pour veiller à ce que, entre autres, les systèmes de l’avion présentent la maturité nécessaire à la réussite de l’entrée en service. L’entrée en service de l’avionCS100 est maintenant prévue pour la seconde moitié de 2015 et sera suivie par l’entrée en service de l’avion CS300 environ six mois après. »
Ceux qui cherchent un peu de réconfort peuvent le trouver dans cette citation du président de Bombardier Avions Commerciaux, Mike Arcamone : « Nous prenons le temps nécessaire pour assurer une entrée en service impeccable. Nous sommes très heureux qu’aucun changement de conception majeur ne se soit avéré nécessaire, ce qui nous rend confiants en notre capacité d’atteindre nos objectifs de performance ». En d’autres mots, Monsieur Arcamone promet que le CSeries ne deviendra pas un autre Boeing 787 qui continue d’accumuler les problèmes de mises au point.
Néanmoins, ces délais retardent le moment où Bombardier pourra commencer à engranger les revenus des ventes de cet avion. L’analyste Peter Arment de Sterne, Agee & Leach de New York, cité par l’agence de nouvelle Bloomberg, affirme que Bombardier gruge ses marges de crédit au rythme de 200 millions de dollars par trimestre. À ce rythme, l’investissement nécessaire au lancement du CSeries pourrait grimper d’un milliard de dollars. Pour l’instant le montant de cet investissement demeure officiellement fixé à 3,4 milliards de dollars américains, mais Bombardier préparerait une mise à jour de ce budget.
Ceci dit Bombardier s’était montrée très ambitieuse avec le programme d’essais du CSeries. Comme le montre le tableau ci-dessous, les nouveaux avions demandent beaucoup de temps pour leur mise au point. L’Airbus A350 s’annonce comme une exception. En effet, il pourrait devenir le champion des durées d’essais puisqu’il pourrait les compléter en 16 mois. Quatar Airways pourrait ainsi prendre livraison du premier A350 régulier avant la fin de l’année, tout de même deux ans plus tard que ne l’avait annoncé le calendrier initial en 2006. Le CSeries quant à lui va rejoindre l’Airbus A380 et le Boeing 787 en termes de durée des vols d’essais.
Durée des vols d’essais |
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Airbus A380
Premier vol Entrée en service Durée des vols d’essais |
 avril 2005 octobre 2007 30 mois |
Boeing B787
Premier vol Entrée en service Vols d’essais Retard additionnel pour régler les problèmes de batteries Total |
décembre 2009 septembre 2011 21 mois  4 mois 25 mois |
Airbus A350
Durée probable des vols d’essais |
16 mois |
Bombardier CS100
Durée probable des vols d’essais  |
22 Ã 27 mois
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Dans un second communiqué, Bombardier aéronautique a également annoncé la vente de 26 avions d’une valeur théorique de deux milliards de dollars américains à la nouvelle compagnie aérienne Al Qahtani Aviation de Dammam en Arabie Saoudite. Cette nouvelle compagnie aérienne, créée à la suite de la dérèglementation du transport aérien en Arabie Saoudite, a confirmé l’achat ferme de 16 avions CS300 et a pris des options sur 10 autres appareils. La compagnie doit lancer ses opérations au début de 2016, quelques mois avant la livraison des premiers CS300. Le carnet de commandes de Bombardier compte maintenant à 198 commandes fermes et 247 engagements conditionnels.
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Daniel Bordeleau
daniel.h.bordeleau@infoaeroquebec.net
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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