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Comme nous l’écrivions dans l’article du 28 novembre 2013 paru sur ce site, la direction de Porter Airlines attendait pour dans les touts prochains jours la décision du conseil exécutif de la ville de Toronto portant sur l’autorisation de l’atterrissage du CSeries à l’aéroport Billy Bishop de Toronto.
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Le 10 avril 2013, Porter Airlines annonça la commande conditionnelle de jusqu’à 30 biréactés Bombardier CSeries CS100 de 107 places, soit 12 commandes fermes et 18 options ainsi que de six Q400 additionnels. Cette commande est sujette à l’autorisation de pouvoir exploiter les appareils à partir de l’aéroport Billy Bishop car, en vertu de l’entente tripartite de 1983 d’une durée de 50 ans entre le gouvernement fédéral, la ville de Toronto et l’Administration portuaire de Toronto, l’accès aux réactés y est interdit.   Ainsi Porter Airlines vise à faire amender cet accord une première fois pour autoriser l’utilisation des jets et une seconde fois, pour l’extension de la piste principale.
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Ainsi le conseil municipal de Toronto a reporté au mois de mars 2015 un vote important qui devait avoir lieu le 16 décembre prochain. La Ville de Toronto se donne encore un peu de temps afin d’étudier le prolongement de la piste, d’évaluer les problèmes de bruit, de déterminer les infrastructures nécessaires à l’arrivée d’avions à réaction à l’aéroport Billy Bishop et de statuer sur la demande du transporteur.
Les responsables de la Ville ne souhaitent pas donner leur feu vert prématurément aux demandes de Porter Airlines mais insistent sur la tenue d’un débat sur le futur de l’aéroport Billy Bishop qui actuellement accueille 2,3 millions de passagers par an.
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L’étude de six mois a déjà déterminé en se basant sur les données préliminaires issues des tests en vol que le CSeries répondra certainement aux contraintes de bruit de l’aéroport Billy Bishop. Des inconnus persistent tout de même quant à la faisabilité du rallongement de la piste et aux conséquences de la hausse de fréquentation sur les riverains et sur l’environnement.
À l’arrivée de Porter Airlines en 2006, l’aéroport Billy Bishop, nommé alors Toronto Island Airport, qui n’était qu’un petit aéroport d’aviation légère est devenu le neuvième plus fréquenté au Canada alors que le nombre de passagers a été multiplié par 82 à la faveur de l’achalandage des professionnels de la finance en raison de sa proximité avec le centre-ville de Toronto et de ses vols à destination des États-Unis.
Ce report, qui est loin de décourager Porter Airlines, permettra aux membres du comité exécutif de la ville, la tenue de nouvelles discussions avec l’Autorité portuaire de Toronto et une étude encore plus profonde du rapport des consultants. Ce dernier concluait que le CSeries, grâce à ses réacteurs Pratt & Whitney Pure Power de toute nouvelle génération, rencontrera très certainement les critères de bruit inclus dans l’Entente tripartite et qu’au chapitre des émissions, le CS100 qui émettra 20% moins de CO2 et 50% moins de NOx sera un gain appréciable pour l’environnement.
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Sur la question de l’extension de deux cents mètres à ses deux extrémités de la piste principale de l’aéroport Billy Bishop, la 08-26 de 1200 mètres, aucune nuisance n’est relevée. Une analyse de la ville de Toronto rendue public le 27 juin dernier évalue à $80 millions le coût du prolongement de la piste. Elle rejette les évaluations avancées par les opposants qui chiffrent à $500 millions le coût des travaux d’infrastructures. Ses auteurs évaluent à au plus à $50 millions les investissements requis à l’amélioration des accès à l’aéroport en tenant compte des plus folles augmentations du trafic à l’aéroport Billy Bishop. Ils recommandent toutefois, des limites raisonnables à la croissance de son trafic de manière à maintenir l’harmonie entre les exploitants de l’aéroport et les riverains.
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L’arrivée du CSeries dans la flotte de Porter Airlines lui permettra de passer à un niveau supérieur en offrant du cœur de Toronto des vols transcontinentaux. À partir de Billy Bishop, Porter Airlines grâce à ses CSeries desservira au Canada : Winnipeg, Edmonton, Calgary et Vancouver dans l’ouest et St-Jean, Terre-Neuve dans l’est ; aux États-Unis : Las Vegas, San Francisco, Los Angeles, Tampa, Fort Myers, Orlando, West Palm Beach, Miami et aux Antilles : Nassau en Jamaïque.
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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