L’action de Bombardier a chuté lourdement dès l’ouverture des marchés à la bourse de Toronto, suite à la publication de résultats financiers décevant pour le troisième trimestre. L’action subalterne de catégorie B a débuté la journée à 4,95 $ alors qu’elle avait terminé la séance à 5,28 $ la veille et elle a continué à perdre de la valeur tout au long de la journée pour terminer la séance à 4,91 $. C’est un recul de 37 cents ou 7 %.
Les résultats du troisième trimestre ont déçus les analystes à tous les niveaux. Les revenus ne se sont élevés qu’à 4,1 milliards de dollars américains au cours du trimestre, comparativement à 4,2 milliards au cours de la même période l’an dernier. Les analystes espéraient des revenus de 4,56 milliards $. Les revenus de Division Aéronautique ont chutés de 300 millions à 2,1 milliards. Ceux de la division Transport ont augmentés de 200 millions, mais ce ne fut pas suffisant pour rassurer les investisseurs d’autant plus que Pierre Beaudoin a admis que cette division rencontrait des problèmes d’exécution avec plusieurs contrats en cours. Le bénéfice net et le bénéfice net ajusté étaient eux aussi en recul. Quant au bénéfice net par action non ajusté, il était en recul de un cent à 8 cents par action alors que les analystes espéraient 10 cents par action.
Lors de la conférence téléphonique qui a suivi la publication des résultats, plusieurs analystes se sont inquiétés de la lenteur des progrès des vols d’essais du FTV1, le premier CSeries. L’avion a effectué son premier vol le 16 septembre et son quatrième vol hier en fin d’après-midi. La direction a expliqué que le délais de 27 jours entre le 3è et le 4è vol a permis de compléter les essais de vibration au sol et de procéder à une mise à jour des logiciels de l’avion. On a également appris que, lors de ces vols, l’équipage continue d’utiliser les commandes de vol électriques en mode normal sans intervention des ordinateurs de bord. L’essai de ceux-ci viendra plus tard. Le vol d’hier avait pour but de calibrer les instruments de l’appareil. Plusieurs analystes commencent à douter que les 2400 heures de vol nécessaires à la certification de l’avion puissent être effectuées en 12 mois comme l’espère encore la direction de Bombardier. Certains ont commencés à affirmer que l’entrée en service devra être repoussée vers le milieu de 2015, une source d’inquiétudes de plus pour les investisseurs.
Un autre sujet est venu troubler la séance d’information de Bombardier : les problèmes d’exécution de plusieurs contrats ferroviaires en Europe. Le problème n’est pas entièrement nouveau, mais ce qui l’est, c’est que les analystes nord-américains commencent à s’y intéresser alors que par le passé ils ont ignoré en grande partie ce qui se passait à la division transport. Lors de la dernière assemblée des actionnaires de Bombardier, le 9 mai dernier, l’ancien président de la division Transport, André Navari, a consacré une page entière de son discours à s’excuser de la chute des revenus de la division qui sont passés de 9,8 milliards de dollars américains en 2011 à 8,1 milliards en 2012. M. Navari a attribué cette chute à l’achèvement de certains contrats et à des difficultés rencontré dans l’exécution de plusieurs contrats importants en Allemagne et en France. Suite à cette mauvaise performance, Monsieur Navari a été envoyé à la retraite, bien qu’il demeurera conseiller du président pendant un an, avec primes de départ et félicitations du conseil d’administration. Malgré les apparences, il s’agit d’un congédiement déguisé, ce dont les analystes ne se sont jamais rendu compte.
Les résultats du troisième trimestre de cette année montrent que le problème n’est pas encore réglé. Pire encore, Pierre Beaudoin a dû admettre qu’il faudra plusieurs années de travail intensif pour en venir à bout et qu’il surveillait personnellement la situation de très près. Selon le président de Bombardier, il faudra améliorer simultanément l’ingénierie des produits, la gestion des projets et les relations avec la clientèle. Beaucoup de travail en vue pour le nouveau président de la division, Lutz Bertling, l’ancien président d’Eurocoptère, mais rien pour rassurer les investisseurs.
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Les résultats financiers de Bombardier
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3e trimestre 2013 |
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En millions $ américains sauf pour les données par action |
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2013 |
2012 |
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Revenus  Dont :  Bombardier Aéronautique  Bombardier Transport |
4,1 Â Â 2,0 Â 2,1 |
4,2 Â Â 2,3 Â 1,9 |
Bénéfice net ajusté |
165 |
173 |
Bénéfice net |
147 |
172 |
Bénéfice net ajusté par action Bénéfice net par action |
0,09 0,08 |
0,09 0,09 |
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·      Un bénéfice net légèrement inférieur aux attentes des analystes qui prévoyaient 10 cents par action.
·      Les revenus ont diminués de 2,4 % pour l’ensemble de la compagnie, mais de 13 % pour la division aéronautique.
·      La marge bénéficiaire a diminuée à 4,3% pour la division Aéronautique comparativement à 5,2 % l’an dernier. Dans le cas de la division Transport, elle est passée de 6,3% à 6%.
·      L’utilisation des flux de trésorerie est négative de 522 millions comparativement à une sortie d’argent de 187 millions au cours de la même période l’an dernier.
·      Toutefois Bombardier possède encore des sources de financement à court terme de 4 milliards de dollars américains.
·      La valeur du carnet de commande des deux divisions s’établissait à 65,5 milliards de dollars américains à la fin du trimestre, comparativement à 64,9 milliards à la fin du deuxième trimestre.
·      Bombardier aéronautique a livré 45 avions au cours du trimestre, comparativement à 57 au cours du même trimestre l’an dernier.
·      Les commandes nettes reçues au cours du trimestre se chiffrent à 26 avions comparativement à 83 l’an dernier.
·      Un dividende de 0,025 cents canadiens, attribuable aux actions de classe A et de classe B sera payé le 13 décembre prochain.
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Daniel Bordeleau
daniel.h.bordeleau@infoaeroquebec.net
Diplômé universitaire en histoire, journalisme et relations publiques, en 1993, Philippe Cauchi amorce une carrière de journalisme, analyste et consultant en aérospatiale. En 2013, il fonde avec Daniel Bordeleau, le site d’information aérospatial Info Aéro Québec.
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